La Hongrie n’a pas très bonne presse chez nous. Lorsqu’elle fait parler d’elle dans les actualités, c’est en général parce que son gouvernement pose des actes qui ne cadrent pas très bien avec les "valeurs" de l’Union européenne
Union Européenne
Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
. Y compris en matière de politique économique
Politique économique
Stratégie menée par les pouvoirs publics en matière économique. Cela peut incorporer une action au niveau de l’industrie, des secteurs, de la monnaie, de la fiscalité, de l’environnement. Elle peut être poursuivie par l’intermédiaire d’un plan strict ou souple ou par des recommandations ou des incitations.
(en anglais : economic policy).
. Là, cela devient intéressant. Voici peu, rappelle le quotidien financier parisien Les Échos, le gouvernement hongrois a "porté les taxes sur les banques à un niveau sans équivalent en Europe et nationalisé les actifs des fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
de retraite." La Hongrie ne renfloue pas les banques, elle les taxe lourdement, et les "zinzins" comme on appelle familièrement les fonds de pensions, elle les nationalise. Est-ce traiter par dessus la jambe les valeurs européennes ? Il faut croire. Car le journal raconte que la "politique peu orthodoxe" du gouvernement hongrois lui a valu des "remontrances de Bruxelles et des investisseurs". Voilà qui vaut son pesant d’or. Il n’est pas fréquent que, de manière aussi franche, on signale l’identité de vue entre les "investisseurs" et la Commission européenne. Les mêmes valeurs, mettons. Mais, il y a mieux. Car si la Hongrie refait les titres de presse en ce mois de mars 2013, c’est parce que son gouvernement vient de nommer un nouveau patron à sa banque centrale
Banque centrale
Organe bancaire, qui peut être public, privé ou mixte et qui organise trois missions essentiellement : il gère la politique monétaire d’un pays (parfois seul, parfois sous l’autorité du ministère des Finances) ; il administre les réserves d’or et de devises du pays ; et il est le prêteur en dernier ressort pour les banques commerciales. Pour les États-Unis, la banque centrale est la Federal Reserve (ou FED) ; pour la zone euro, c’est la Banque centrale européenne (ou BCE).
(en anglais : central bank ou reserve bank ou encore monetary authority).
, un "proche" du Premier ministre, qui plus est, un "partisan de la relance". Cela donne, dans le même journal, ce titre : "Le gouvernement hongrois défie à nouveau Bruxelles". Bigre ! Mais cela ne doit guère surprendre. Si cette nomination s’est faite "au grand dam de Bruxelles", c’est, poursuit le journal, "puisqu’elle remettait ainsi en cause l’indépendance de la banque centrale". Encore des valeurs européennes foulées au pied. Là, cependant, la Hongrie n’est pas seule sur le banc des accusés. Comme rappelle Les Échos, les banques centrales "sont de plus en soumises à la pression des gouvernements [on prend note du pluriel] pour relancer la croissance
Croissance
Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production.
(en anglais : growth)
par des politiques monétaires « accommodantes »" et, à entendre Tom Mayer, économiste à la Deutsche Bank, cité en conclusion de l’article, c’est logique. Selon lui, en effet, "Le modèle d’une banque centrale poursuivant l’objectif unique de stabilité des prix est mort avec la crise financière." Si c’est çui-là qui le dit...
Source : Les Échos, 6 mars 2013.