Le monde à l’envers ? Empêtré dans le marasme économique de l’eurozone, le Portugal a effectué en novembre 2011 une visite officielle dans son ancienne colonie angolaise pour... quémander une aide financière, plus précisément en l’invitant à investir dans son programme de privatisation (il pèse 7 milliards d’euros). C’est un joli retournement de situation. Le Portugal en récession
Récession
Crise économique, c’est-à-dire baisse du produit intérieur brut durant plusieurs mois au moins.
(en anglais : recession ou crisis)
et l’Angola qui affiche une croissance
Croissance
Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production.
(en anglais : growth)
de 12%. Il n’est pas dit, cependant, que le marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
soit bénéfique pour tous. L’État angolais tire 60% de ses revenus du pétrole mais dépend de sociétés étrangères pour son extraction. La multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
française Total, par exemple, qui vient de mettre en place au large des côtes la plus grosse unité de production de pétrole flottante au monde pour exploiter quatre gisements sous-marins dont la taille dépasse six fois celle de Paris. L’Angola, estime Total, sera le plus gros contributeur de la croissance du groupe durant les cinq années à venir. Le "deal", en effet, est avantageux. Pour commencer, Total se fera rembourser les frais de développement engagés en les multipliant par un et demi. Et puis, Total et ses partenaires toucheront jusqu’à 80% des profits avant impôt en début de production. Cette part devrait certes descendre à 10% en fin de parcours – quand il ne restera presque plus rien, quand tout sera amorti ? Cela n’émeut guère une ONG telle que Global Witness qui insiste, elle, avec l’appui du FMI
FMI
Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
, pour que l’Angola soit plus "transparente" sur ses revenus pétroliers. Air connu.
Sources : Financial Times du 18 novembre 2011 et Les Échos du 24 novembre 2011.