Les "traders" – marchands – de matières premières opèrent le plus souvent dans l’obscurité. La plupart des entreprises sont très fermées. Il est impossible de savoir comment elles amassent des fortunes. Leur emprise sur les marchés des matières premières est pourtant écrasante. Et voilà que le plus grand des marchands, Glencore, ouvre en partie son capital
Capital
Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
à des investisseurs extérieurs. Une opportunité pour faire la lumière sur ces inconnus ultrapuissants.
Cette analyse a été à la base de multiples interventions et d’échanges, notamment au sein du Réseau belge des Ressources naturelles.
Glencore a annoncé le 14 avril 2011 son intention de vendre une partie de l’entreprise (15 à 20%) sous forme d’actions. Cela devrait rapporter entre 9 et 11 milliards de dollars. Glencore sera alors coté en Bourse
Bourse
Lieu institutionnel (originellement un café) où se réalisent des échanges de biens, de titres ou d’actifs standardisés. La Bourse de commerce traite les marchandises. La Bourse des valeurs s’occupe des titres d’entreprises (actions, obligations...).
(en anglais : Commodity Market pour la Bourse commerciale, Stock Exchange pour la Bourse des valeurs)
à Londres et Hong Kong. Cette introduction en Bourse sera la plus grande de cette année, disent les quotidiens, et elle fait donc couler beaucoup d’encre. Pourquoi y faire attention ? Parce que Glencore, tout en étant une boîte fermée et entre les mains de ses 485 "partenaires", cette entreprise est le plus grand marchand de matières premières au monde. Son introduction en Bourse (IPO) pourrait marquer le début d’une nouvelle série d’acquisitions ou de fusions dans ce secteur, et donc une nouvelle consolidation. On peut s’attendre à pas mal d’autres bouleversements.
Le club des traders
Mais qu’est-ce qu’un marchand ? C’est un intermédiaire qui achète et revend des biens. Par exemple : un marchand d’art, d’antiquités, de sucre, de café, d’or, d’uranium, de pétrole… Le monde en a-t-il besoin ? Pas forcément. Des consommateurs qui ont besoin de quelque chose s’adresseront eux-mêmes à des producteurs, au marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
par exemple, et, vice versa, les producteurs s’organisent pour acheminer leurs produits au marché ou aux consommateurs. C’est ainsi que des ventes à la criée (ex. de poisson à la bourse de Zeebruges) ou des centres de négoce se sont créés, ou bien des dizaines de bourses d’échanges (ex. Chicago pour le bétail ou le blé, Londres pour les métaux de base, Kuala Lumpur pour l’étain…). Mais entre producteurs et consommateurs, des entrepreneurs visant le profit se sont interposés, ce sont les fameux marchands. En anglais : les traders. Ils ont parfois une très longue histoire. Par exemple : ED&F Man, propriétaire de Volcafé, a été créé en 1783.
Dans un ouvrage sur Phillip Brothers, un grand trader
Trader
Opérateur de marché, engagé par une banque ou une société financière, qui soit négocie pour le compte de clients l’achat ou la vente de titres ou d’actifs financiers sur des marchés financiers, soit spécule, c’est-à-dire anticipe les fluctuations du marché, pour le compte de leur employeur.
(en anglais : trader)
américain des années 40-70, on peut lire que ce métier était dominé par la communauté juive, parce qu’exclue des autres secteurs et parce que très soudée par des liens de confiance. Cet élément de confiance a toujours servi à justifier les opérations secrètes et mystérieuses des maisons de négoce. Les plus grands marchands sont toujours des boîtes noires et "privées", très fermées et contrôlées par des familles ou des groupes de partenaires. Voici une liste des traders les plus importants :
Sources : Recherche recherche ; Glencore sparks ownership debate, Financial Times 12 avril 2011 ; Louis Dreyfus considers options for reinvention, Financial Times 24 septembre 2010.
Dans le jargon mystificateur de la presse financière, Glencore deviendra bientôt en partie « public ». C’est leur façon de dire qu’il vendra des actions à des investisseurs. Glencore ne deviendra pas public dans au sens propre du mot, il ne devient pas la propriété du (secteur) public. Et même pas en partie. Le patron de Glencore, Ivan Glasenberg, vient de déclarer que pour Glencore, ce sera le "Business As Usual", même avec un actionnariat "public" de 20% [1]. Le secret au sujet des affaires de Glencore ne sera donc pas levé.
Vu la taille de l’entreprise, des secrets, ils n’en manquent pas.
L’empire Glencore
Dans une brochure de Glencore du 14 avril, le trader met en avant une demi-douzaine de filiales. Nous y reviendrons lorsque nous parlerons de Mopani en Zambie et de Katanga Mining en République démocratique du Congo. Sur son site Internet, on trouve des détails sur quelques dizaines de filiales ou de participations, dans les secteurs des métaux et des minerais, des produits énergétiques et de l’agriculture. Mais l’empire de Glencore est beaucoup plus vaste. Ici, nous avons devant nous un véritable pieuvre qui a la main dans d’innombrables entreprises et qui contrôle des secteurs entiers d’importance vitale pour l’ensemble de l’humanité.
Parlant de Glencore, la presse financière se montre à la fois admirative et irritée par son côté secret. Mais elle n’en révèle pas beaucoup de détails. Nous nous sommes donc tournés vers la banque de données du Raw Materials Group de Stockholm, qui est spécialisé dans le secteur minier. Selon cette banque de données, actualisée jusqu’au milieu de l’année 2010, Glencore International AG détenait des intérêts
Intérêts
Revenus d’une obligation ou d’un crédit. Ils peuvent être fixes ou variables, mais toujours déterminés à l’avance.
(en anglais : interest)
directs et indirects dans 796 autres entreprises, du secteur minier et, on le répète, en excluant l’agriculture et l’énergie.
Voici un tableau récapitulatif du tableau des participations de Glencore fait par le RMG. Des explications sur la manière de lire le tableau se trouvent en dessous de celui-ci.
Pour en faciliter la lecture, nous avons regroupé les 796 participations en 4 groupes.
- Le groupe 1 reprend les participations allant de 100% jusqu’à 35%.
- Le groupe 2 examine la participation de Glencore dans l’entreprise minière Xstrata, qui est de 34,7%.
- Le groupe 3 reprend les participations allant de 33% jusqu’à 14%.
- Le groupe 4 examine la participation de 10,4% de Glencore dans United Company Rusal.
Groupe 1 ‐ Participations majoritaires
Participations | % | Dans l’entreprise | Filiales | Secteurs | Détails |
---|---|---|---|---|---|
7‐17 | 100% | Divers | 5 filiales | Mines de cuivre, de plomb, de zinc, raffinerie d’aluminium (+ mines fermées) | Australie, Italie, Etats‐Unis, Afrique du Sud |
18‐36 | 100% | Sinchi Wayra | 7 filiales à 100% 2 filiales à 50% | Mines de plomb, zinc, étain, fours d’étain | Bolivie, Panama, Argentine |
37‐39 | 97% | Los Quenuales | 2 filiales à 100% | Polymétaux, zinc | Peru |
40‐44 | 85% | Perubar | Avec 4 filiales à 100% | Mines fermées | Peru |
45‐66 | 76% | Kazzinc | Avec 19 filiales à 100% 1 filiale à 95%, 1 filiale à 48,3% | Mines de cuivre, zinc, plomb… | Kazakhtstan (Russie) |
67‐74 | 73,1% | Mopani Copper Mines | Avec 7 filiales à 100% | (Mines et usines de cuivre et de cobalt) | Zambie |
75‐87 | 70% | Shanduka Coal | Avec 8 filiales à 100%, 4 filiales à 40% | (mines de charbon) | Afrique du Sud |
88‐91 | 53% | Altaypolymetal JSC | Avec 3 filiales à 100% | (Mines de cuivre, plomb, zinc) | Russie |
92‐104 | 50,5% | Minara | Avec 2 filiales à 100%, 2 à 75%, 1 à 65%, 6 à 60% ou moins, 1 à 15% | (Mines de nickel, magnésium, platine, cobalt) | Australie |
105 | 49% | Urad Huoqi | Zinc | Chine | |
106 | 40% | Abednego | Nickel | Australie | |
107 | 40% | Murrin Murrin | Avec 2 filiales à 100% et 2 à 60% ou moins | Mines de nickel, cobalt, zinc | Australie |
112-114 | 40% | Pasar | Avec 2 filiales à 69% | Cuivre | Philippines |
Groupe 2 - Participations dans ou via Xstrata
Participations | % | Dans l’entreprise | Filiales | Détails | |
---|---|---|---|---|---|
115 | 34,7% | Xstrata | |||
116 | Xstrata | 100% de Associated Mining | Afrique du Sud | ||
117 | Xstrata | 100% de Duiker | Afrique du Sud | ||
118-120 | Xstrata | 100% de Vanadium Technologies | Afrique du Sud | ||
121-150 | Xstrata | 100% de Xtrata Alloys | Afrique du Sud | ||
151-159 | Xstrata | 100% de Xtrata Canada | Canada | ||
160-291 | Xstrata | 100% de Xtrata Coal Australia | Australie, Colombie, Afrique du Sud | ||
292-351 | Xstrata | 100% de Xtrata Copper Australia | Australie | ||
352-388 | Xstrata | 100% de Xtrata Nickel Division Canada | |||
389-393 | Xstrata | 100% de Xtrata Queensland, Australia | |||
394-573 | Xstrata | 100% de Xtrata South-Africa | |||
395-573 | Xstrata | 100% de Xtrata South-Africa | 24,9% de Lonmin | ||
574-606 | Xstrata | 100% de Xtrata Zinc, Espagne |
Groupe 3 - Participations ’minoritaires’
Participations | % | Dans l’entreprise | Filiales | Secteurs | Détails |
---|---|---|---|---|---|
607-611 | 33% | Recylex, France | Avec 4 filiales à 100% | Plomb & zinc | France, Allemagne |
612-617 | 29% | Centry Aluminium, USA | 4 filiales à 100%, 1 à 49,7% | Aluminium | Island, USA |
618-620 | 15,7% | Zambezi Resources, Australie | 2 filiales à 100% | Cuivre | Zambie |
621-629 | 14% | Havilah Resources, Australie | 3 fil à 100%, 2 à 70%, 1 à 63%, 2 à 48,2% | Or, cuivre, uranium | Australie |
Groupe 4 - Participations dans ou via Rusal
Participations | % | Dans l’entreprise | Filiales | Secteurs | Détails |
---|---|---|---|---|---|
630 | 10,4% | United Company Rusal | |||
631-683 | United Company Rusal | Avec 53 filiales à 100% | |||
684-802 | United Company Rusal | Avec 118 filiales (participations de 98,4 à 20%) |
Comment lire ce tableau ? De gauche à droite. Prenons le groupe 4, par exemple : Glencore détient 10,4% dans Rusal qui, à son tour, est propriétaire à part entière (100%) de 53 entreprises et détient des participations variant de 98,4% à 20% dans 118 autres entreprises (dont e.a. Norilsk).
Rappelons-le : nous faisons ici que le résumé d’un tableau fait par le RMG de Stockholm, sans toucher à ses données, qui peuvent avoir changé depuis sa date de publication. En Bolivie par exemple, l’entreprise Vinto a été reprise par l’État il y a deux ans, mais elle figure toujours dans le tableau du RMG. (D’après une communication du gouvernement bolivien datant de la mi-avril 2011, le même sort pourrait d’ailleurs être réservé à trois mines exploitées par Glencore en Bolivie via sa filiale Sinchi Wayra).
La "Zambie connection"
Que va faire Glencore des nouveaux capitaux rassemblés via l’introduction en Bourse ? Quelques 2,2 milliards de dollars seront utilisés pour acquérir la totalité de Kazzinc, dont 50,7% sont déjà dans les mains de Glencore ; 10 milliards de dollars serviront à alléger la dette de Glencore et 5 milliards à investir dans des exploitations existantes de Kazzinc, Mopani en Zambie, Prodeco en Colombie et d’autres activités en Afrique de l’Ouest.
En Zambie, Glencore est le propriétaire principal de l’entreprise Mopani Copper Mine (MCM) , avec 73,1%. Les co-propriétaires sont l’État zambien via la ZCCM (10%) et l’entreprise canadienne First Quantum (16,9%). MCM gère deux sites avec des mines et des usines de transformation, à Mufulira et à Nkana.
Selon les chiffres de Glencore, la production de Mopani va évoluer comme suit :
2008 | 2009 | 2010 | 2015 | |
Cuivre (tonnes) | 165.418 | 184.672 | 197.436 | 242.163 |
Cobalt (tonnes) | 1.458 | 1.271 | 1.092 | 2.185 |
Ces chiffres sont-ils fiables ? On peut en douter. A Mopani, Glencore a en effet jonglé avec pas mal de chiffres dans un seul but : augmenter le profit du groupe qui est basé en Suisse. C’est ce qu’a révélé un audit
Audit
Examen des états et des comptes financiers d’une firme, de sorte à évaluer si les chiffres publiés correspondent à la réalité. L’opération est menée par une société privée indépendante appelée firme d’audit qui agrée légalement les comptes déposés. Quatre firmes dominent ce marché : Deloitte, Ernst & Young, KPMG et PricewaterhouseCoopers.
(en anglais : audit ou auditing)
commandé en décembre 2008 par les autorités de la Zambie et publié par les Amis de la Terre et autres organisations non-gouvernementales zambiennes et occidentales. Cet audit concernait plusieurs entreprises minières, mais les conclusions pour Mopani étaient les suivantes :
- 1. Il y a des incohérences sérieuses dans les volumes de productions déclarés par Mopani.
- 2. Mopani s’est servi de pratiques dites de prix de transfer pour échapper à la taxation de la Zambie, parce que l’entreprise a vendu du cuivre et du cobalt à des prix qui étaient largement inférieurs à ceux de la London Metals Exchange, et elle a vendu ces matériaux à l’entreprise affiliée Glencore qui jouit d’un régime fiscal très favorable à Zug en Suisse où elle est basée.
- 3. Mopani/Glencore se sont lancés dans une évasion fiscale. Plusieurs facteurs pointent dans cette direction : une augmentation inexplicable des coûts opérationnels (ex. en 2007 les coûts sont de 381,21 millions de dollars supérieurs à ceux de 2005), la vente à bas prix, la comptabilisation de pertes à long terme etc. En raison de ces facteurs, la Zambie a perdu des millions de revenus.
Ces pratiques sont facilitées par l’architecture de participations et de sous-participations construite par Glencore avec l’entreprise minière canadienne First Quantum. En voici le schéma :
Source : Structure of Mopani Copper Mine, Pilot audit report, Amis de la Terre, février 2011.
On voit dans ce schéma que la Banque européenne d’investissement
Investissement
Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
a accordé un prêt de 48 millions de dollars à Mopani Copper Mine. Ce fait peut valoir une certaine respectabilité à ces acteurs. Les Amis de la Terre ont fait remarquer que la BEI a la réduction de la pauvreté comme objectif. Dans ce cas elle a appuyé une entreprise dont les activités n’ont probablement eu que peu d’impact sur l’économie de la Zambie, pour ne pas dire qu’elle a même appauvri ce pays.
Les auteurs de l’audit se sont en plus plaints du fait que Mopani/Glencore ont à tout moment saboté leur enquête.
La stratégie du cobalt
Absente ci-dessus dans le tableau des filiales de Glencore International est l’entreprise Katanga Mining au Congo. Ceci est assez surprenant. Via Katanga Mining, Glencore occupe en effet une place pour le moins stratégique dans un secteur d’une importance critique pour les industries mondiales, le secteur du cobalt. Le cobalt est indispensable pour la fabrication de batteries (27% des applications), des alliages et aimants (26%), de métaux durs (14%) et des catalysateurs (9%). Mais ce métal dur n’est exploité que dans quelques pays seulement. Le Congo prend la tête de la liste.
Ce pays possède 51,5% des réserves mondiales et a fourni 40,8% de la production mondiale en 2008. Et puisque 70,3% des livraisons de cobalt à l’Union européenne
Union Européenne
Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
provenaient du Congo (en 2007), le cobalt congolais est vital pour l’UE
UE
Ou Union Européenne : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
. Or, Katanga Mining est un est des plus grands producteurs de cobalt du Congo.
Production de cuivre de cobalt (en tonnes) de l’entreprise DCP (Katanga Mining) :
2008 | 2009 | 2010 | 2015 | |
Cuivre | 22122 | 41964 | 52179 | 308194 |
Cobalt | 749 | 2534 | 3437 | 8000 |
Source : Annex V to the Report of the Ad-hoc Working Group on defining critical raw materials, European Commission, DG Enterprise and Industry, juin 2010
Allo, Bruxelles ?
Une autre entreprise qui ne figure pas dans le tableau des participations est le producteur belge de zinc et de plomb Nyrstar. Nyrstar a été créé en 2007 par le groupe Umicore en fusionnant ses activités du zinc avec celles de l’entreprise australienne Zinifex. Umicor détient toujours 5,45% des actions de Nyrstar.
Cette entreprise possède des mines au Pérou, Mexique et aux Etats-Unis (Tenessee), et des fourneaux à Balen/Overpelt (Belgique), Budel, (Pays-Bas), à Auby (France), aux Etats-Unis, en Chine et en Australie. Elle se positionne parmi les dix premiers producteurs de zinc, avec une production d’un peu plus de 1 million de tonnes en 2010.
Début 2011 Nyrstar a fait appel aux marchés financiers pour obtenir des nouveaux capitaux. Dans le prospectus publié à cette occasion, on peut lire que Nyrstar vend presque la totalité de ses métaux à Glencore. Cette information date de décembre 2008 lorsque Nyrstar a conclu un contrat avec Glencore. Par ce contrat Glencore s’est vu confier la commercialisation d’une "portion significative" de la production de zinc et de plomb de Nyrstar. Deux mois plus tard, Glencore entre par l’arrière-porte dans le capital
Capital
Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
de Nyrstar. C’était la période de sévère récession
Récession
Crise économique, c’est-à-dire baisse du produit intérieur brut durant plusieurs mois au moins.
(en anglais : recession ou crisis)
où le crédit bancaire était devenu très rare. Une entreprise qui se trouvait en difficulté financière était Oz Minerals. Oz avait une participation de 7,79% dans Nyrstar et voulait la céder pour pouvoir payer des dettes. C’est donc Glencore qui reprend cette participation en payant à Oz Minerals la somme dérisoire de 21,6 millions de dollars .
Du coup Glencore devient l’actionnaire
Actionnaire
Détenteur d’une action ou d’une part de capital au minimum. En fait, c’est un titre de propriété. L’actionnaire qui possède une majorité ou une quantité suffisante de parts de capital est en fait le véritable propriétaire de l’entreprise qui les émet.
(en anglais : shareholder)
principal de Nyrstar, devant même les financiers de BlackRock (qui détiennent actuellement 7,73% du capital
Capital
de Nyrstar). Depuis lors, Nyrstar s’est lancé dans l’achat de nouvelles mines. Glencore n’a pas regretté son entrée dans Nyrstar. Depuis mars 2009 aussi bien le cours de l’action
Action
Part de capital d’une entreprise. Le revenu en est le dividende. Pour les sociétés cotées en Bourse, l’action a également un cours qui dépend de l’offre et de la demande de cette action à ce moment-là et qui peut être différent de la valeur nominale au moment où l’action a été émise.
(en anglais : share ou equity)
Nyrstar que le prix du zinc ont nettement augmenté.