Dans le Tiers-monde, le vélo demeure la Ferrari du peuple. Au Viêt-nam, il n’a pas un peu contribué à la défaite de l’armée américaine. En Afrique, il sert au transport des enfants, des sacs de grains, des cageots de légumes, du bois de combustion et à l’approvisionnement des marchés locaux. Il existe par voie de conséquent une "demande". C’est le raisonnement de SRAM, l’équipementier numéro des USA basé à Chicago, qui vient d’enregistrer, en décembre 2011, sa société sous le nom de Buffalo Bicycles dans la République de Maurice, avec des filiales en Zambie, au Kenya et au Zimbabwe, où SRAM opère déjà, ainsi qu’en Afrique du Sud. C’est un pari. Le vélo "africain" est essentiellement asiatique, importé d’Inde et de Chine, et d’une qualité assez médiocre. Il résiste mal aux nids de poule des pistes et chemins de terre. L’objectif de SRAM, qui usine ses composants en Corée du Sud mais compte assembler ses vélos robustes en Afrique, voire même à l’avenir les y produire, est d’arriver, malgré leur coût plus élevé (134 à 150 dollars selon les pays), à en vendre 12.000 par an d’ici à trois ans et, ainsi, atteindre l’équilibre financier. On peut, en forçant un peu la notion, parler d’une aide au développement. Des vélos pour l’Afrique. Il est loisible en même temps de s’interroger : comment se fait-il que l’Afrique n’a toujours pas son industrie propre du vélo ? Il faut peut-être donner du temps au temps...
Source : Financial Times, 5 janvier 2012.
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