Les relations entre le secteur privé et le développement des pays du tiers-monde font partie, dans le monde des ONG et de la solidarité internationale, des sujets d’interrogations "émergents". Amour parfait ? Couple maudit ? Esquisse de situation...
A ma gauche, l’économie de marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
. A ma droite, le développement. Un thème tel que celui-là, qui réunit et oppose deux notions qu’on peut a priori juger antinomiques et de surcroît vides de sens – une vaste littérature existe à ce sujet – n’est réellement enrichissant qu’en présence d’un auditoire. Enrichissant au sens intellectuel d’une connaissance plus fine des choses, s’entend. Rien à voir avec les "reality shows" et autres "quiz" télévisés qui transforment tout en paillettes aussi attrayantes qu’abrutissantes.
L’auditoire est utile sinon nécessaire parce que : l’économie de marché, il y a quelqu’un qui sait ce que c’est, il y a un courageux, une volontaire enthousiaste pour lever la main et oser une définition ? Certains auront en mémoire que des esprits rompus aux subtilités du langage politique ont tenté, pour feu le projet de constitution européenne, de le marquer au fer rouge d’une allégeance à l’économie de marché.
Avec les résultats qu’on sait. Rejet populaire, jugé peu désopilant par ces mêmes esprits. L’homme de la rue, manifestement, n’avait pas tellement apprécié la référence et, sans doute, s’était fait une idée intuitive, et négative, de qu’il faut entendre par économie de marché.
L’affaire n’est pas simple et, comme souvent en économie, c’est auprès des économistes qu’on s’adresse pour avoir la solution. Le conseil n’est pas mauvais. Quand on pose la question à un économiste de réputation mondiale comme Galbraith, il répond : fumisterie.
L’économie de marché est une fumisterie, une feuille de vigne pour éviter d’utiliser le terme, tout à fait clair, analysable mais tabou, de système capitaliste. Cela explique pour partie le rejet du projet de constitution, car les gens ne sont pas idiots : pas très chauds pour une Europe constitutionnellement capitaliste.
On peut tenter la même expérience avec la notion de développement. C’est aujourd’hui un discours, voire une étiquette qu’on colle sur tous les malheurs qui affligent les pays du tiers-monde. Malheurs forcément corrigeables : on se situe dans un discours qui "positive".
L’étiquette prend des couleurs différentes selon les besoins de chacun, car la notion est assez vague pour contenter tout le monde. Il est par voie de conséquence utile de savoir qu’elle plonge ses racines dans la période coloniale : il fallait alors "civiliser" les territoires conquis, lesquels territoires, de "sous-civilisés", accéderont peu à peu, décolonisation oblige, au statut de régions "sous-développées" et, insérées dans ce schéma idéologique nouveau, seront invitées à se joindre, par rattrapage économique, à la Grande Marche vers le progrès socioéconomique universel.
Ce n’est qu’une affaire de temps. Il leur suffit de se "développer" et – patience ! – un jour ou l’autre, ils seront aussi riches que nous. C’est un peu simpliste et, là aussi, il existe une vaste littérature pour suggérer que cela ne marche pas comme cela.
Etat civil d’un couple controversé
L’accouplement des notions d’économie de marché et de développement est donc tout sauf simple et évident. En même temps, il renvoie à une interrogation concrète, terre-à-terre et donc plus maniable, qu’on pourrait reformuler ainsi : est-ce que les entreprises privées ont un impact positif sur les pays du tiers-monde où elles ont des activités ? Faut-il les critiquer comme de vils exploiteurs avides uniquement de profits ou au contraire les applaudir comme des agents de croissance
Croissance
Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production.
(en anglais : growth)
? Ou les deux ? car on peut aussi faire le choix d’une analyse nuancée.
Là, on peut commencer par une petite histoire. Voici peu s’est achevée la saga [1] du rachat par la société DP World, propriété de l’Etat du Dubaï, du prestigieux transporteur britannique P&0. Dubaï est un Etat membre des Emirats Arabes Unis dont la prospérité récente repose sur ses gisements pétroliers, qui ne sont ni renouvelables, ni infinis, comme on le sait. Dubaï n’en a plus que pour dix ans.
Diversification oblige, la décision d’acquérir P&O, pour la coquette somme de 6,8 milliards de dollars, fait donc de Dubaï un élève modèle de l’économie de marché, tant du point de vue d’une saine gestion capitaliste qu’en termes de politique de développement. Oui, mais. Aux Etats-Unis, on n’a pas apprécié. L’empire P&O comprend en effet six installations portuaires américaines et l’idée que des Arabes – terroristes en puissance, bien sûr – puissent en prendre le contrôle a provoqué une levée de boucliers, avec débats enflammés et manœuvres de blocage au Congrès.
Cèdera, cèdera pas ? Dubaï a cédé par une promesse de cession des activités américaines dont le Congrès aura la primeur. Morale de l’histoire : l’économie de marché a une certaine propension, lorsqu’elle se hasarde hors des livres de théorie, à se casser la figure. Contre des rapports de forces.
Interdit d’interdire !
L’économie de marché a tendance à se casser la figure et elle n’a rien de naturel, il est bon d’y insister. La liberté du marché qui sous-tend toute la construction idéologique de l’économie de marché n’a absolument rien de libre. C’est une liberté imposée.
Les récents développements politiques qui ont vu – autour des dossiers Suez (France), Endesa (Espagne) ou Unicredit (Pologne) – des projets protectionnistes nationaux de "patriotisme économique" s’attirer les foudres de la Commission européenne, garante de la libre concurrence, en offre une belle illustration. Les réactions virulentes de la Commission européenne devant toute atteinte à son credo libre-échangiste, comme si le projet européen lui était intrinsèquement lié et s’anéantirait faute d’y adhérer, a conduit d’aucuns à nommer ces excités de la libre mondialisation des "intégristes du marché".
L’image est forte, pas fausse. Les plus ardents défenseurs de l’économie de marché ne sont pas sans évoquer, en effet, les "enragés" de Mai 68 qui professait l’idée qu’il est interdit d’interdire. Peu de choses les distinguent sur ce point, en effet, du porte-flambeau du marché libre qu’est l’Organisation mondiale du commerce
Organisation mondiale du Commerce
Ou OMC : Institution créée le 1er janvier 1995 pour favoriser le libre-échange et y ériger les règles fondamentales, en se substituant au GATT. Par rapport au GATT, elle élargit les accords de liberté à des domaines non traités à ce niveau jusqu’alors comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle, les investissements liés au commerce… En outre, elle établit un tribunal, l’organe des règlements des différends, permettant à un pays qui se sent lésé par les pratiques commerciales d’un autre de déposer plainte contre celui-ci, puis de prendre des sanctions de représailles si son cas est reconnu valable. Il y a actuellement 157 membres (en comptant l’Union européenne) et 26 États observateurs susceptibles d’entrer dans l’association dans les prochaines années.
(En anglais : World Trade Organization, WTO)
: sa Bible est un corpus de 40.000 pages de règlements bureaucratiques qui ont tous le même objet : il est interdit d’interdire la liberté du marché.
C’est, pour mémoire, discours néolibéral aidant, une tendance mondiale. Durant les années nonante, 95% des mesures réglementaires prises par les pays du tiers-monde vont dans le sens d’une libéralisation Libéralisation Action qui consiste à ouvrir un marché à la concurrence d’autres acteurs (étrangers ou autres) autrefois interdits d’accès à ce secteur. des échanges, non leur restriction [2].
De là à dire que les entreprises privées – ou les activités économiques en général, ce qui revient au même en cette époque du "tout-au-privé" – constitueraient dans le tiers-monde un élément perturbateur nocif, est un pas qu’on ne franchira pas. Mais il faut relativiser. Relativisons.
Background
Première donnée : parmi les trois grands flux
Flux
Notion économique qui consiste à comptabiliser tout ce qui entre et ce qui sort durant une période donnée (un an par exemple) pour une catégorie économique. Pour une personne, c’est par exemple ses revenus moins ses dépenses et éventuellement ce qu’il a vendu comme avoir et ce qu’il a acquis. Le flux s’oppose au stock.
(en anglais : flow)
financiers qui vont du nord au sud, l’aide publique au développement
Aide publique au développement
ou ADP : Total des prêts préférentiels (à des taux inférieurs à ceux du marché) et des dons budgétisés par les pouvoirs publics des États dits développés en faveur de pays du Tiers-monde. Théoriquement, ces flux financiers devraient être orientés vers la mise en place de projets concrets et durables, comme des infrastructures essentielles, des actions de lutte contre la faim, en faveur de la santé, de l’éducation, etc. Mais souvent il s’agit d’un moyen détourné pour les anciennes métropoles coloniales de conserver les liens commerciaux avec leurs dépendances, en les obligeant à s’approvisionner auprès des firmes métropolitaines. Selon les Nations unies, l’APD devrait représenter au moins 0,7% du PIB de chaque nation industrialisée. Mais seuls les pays scandinaves respectent cette norme.
(En anglais : official development assistance, ODA)
, avec environ 80 milliards de dollars, a beau être médiatisée, elle n’est qu’un nain à côté des deux autres. Elle est écrasée par l’investissement
Investissement
Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
direct étranger (apport du secteur privé) et... les transferts de fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
des migrants, à ex aequo avec quelque 170 milliards de dollars [3]. La grosse multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
et le petit ouvrier immigré contribuent chacun autant.
Donnée deuxième : les flux du secteur privé ont néanmoins ceci de déroutant que, lorsqu’on les regarde sous la loupe de la balance des paiements
Balance des paiements
Relevé des entrées et des sorties d’argent d’un pays durant une période déterminée (généralement un an). La balance des paiements se compose de la balance courante (balance commerciale, des services et des intérêts, dividendes, loyers, etc.) et de la balance en capital. Le solde est ce qui entre ou qui sort comme réserves dans les caisses de la banque centrale. Lorsque celles-ci sont vides, le pays est virtuellement en faillite ; il doit dévaluer (souvent fortement) sa propre monnaie.
(en anglais : balance of payments).
, ceux qui font le trajet du sud vers le nord sont plus importants que ceux qui suivent le chemin inverse. Comme l’a noté Jean-Pierre Robin, "depuis l’an 2000 les pays en voie de développement financent année après année les économies les plus avancées. Autrement dit, l’ensemble constitué par les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne
Union Européenne
Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
. (...) L’épargne des pauvres vient secourir les riches." [4] Les investissements directs étrangers dans le tiers-monde en 2003 : 150 milliards de dollars. Le crédit apporté par ce même tiers-monde aux pays riches : 276 milliards.
Donnée troisième : croissance mondiale, quelle croissance mondiale ? Le rapport de l’Organisation international du travail, "Une mondialisation juste : créer des opportunités pour tous" (2004), livre à ce sujet un tableau [5] très clair : depuis 1961, la moyenne arithmétique par décennie de la croissance du PIB
PIB
Produit intérieur brut : richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
mondial par habitant ne cesse de baisser, passant d’une variation annuelle moyenne d’environ 3,5% en 1960 à 2% en 1970 et 1% à partir de 1991. De 1991 à 2003, c’est un électrocardiogramme plat.
Les activités des sociétés transnationales dans le tiers-monde ont ce cadre-là. Un cadre ambigu. Elles créent de l’emploi là où elles s’activent mais, globalement, les richesses créées ont tendance à enrichir les pays du Nord au détriment de ceux du Sud et, rapportées à la population mondiale, leur croissance est en décrue depuis les années soixante.
Leçons chinoises
Les sociétés transnationales, pour mémoire, sont omniprésentes dans le tissu économique mondial et, en particulier, dans les pays à bas salaires du tiers-monde. Son "Top 40" emploie actuellement 55% de son personnel à l’étranger, d’où il tire 59% de ses revenus [6]. Ces multinationales ne comptent pas moins de 8.050 filiales au Brésil, 14.469 en Pologne, 25.708 au Mexique et... 424.196 en Chine [7]. La Chine constitue un bon exemple. A double titre.
D’abord parce que ce pays, destination numéro un des investissements du secteur privé à l’étranger, invite à s’interroger. Un facteur de développement, les sociétés transnationales qui s’y implantent ? Une analyse fine des retombées pour l’économie chinoise suscite le doute. Comme le fait remarquer David Barbara, "60% des exportations chinoises sont contrôlées par des entreprises financées par l’étranger" et ce sont elles, non la Chine, qui "engrangent la majeure partie des profits de ce commerce" : elles sont "la main invisible derrière les usines qui déversent les marchandises bon marché Made in Chine" [8] sur nos marchés.
Et, ensuite, parce que la Chine, par sa taille et – à l’instar de l’ex-Union soviétique – par son histoire faite d’encerclements hostiles, est un des rares pays du tiers-monde à disposer du rapport de forces lui permettant de ne pas voir sa politique dictée de l’extérieur, lire : par les métropoles occidentales. Un modèle pour le tiers-monde, si on veut.
A la consternation de certains milieux acquis à l’idée que l’économie de marché doit être l’horizon indépassable du bonheur universel, la Chine a récemment fait savoir qu’elle s’opposera désormais aux "acquisitions malignes" de l’étranger, celles-ci risquant de mettre en péril "la sécurité économique nationale et la souveraineté" de la Chine sans que "les masses n’en tirent aucun avantage" [9]. Pour le dire autrement, la Chine n’est pas contre l’économie de marché – ou, ce qui revient au même, on l’a vu, elle n’est pas contre le capitalisme
Capitalisme
Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)
– mais pas à n’importe quel prix, pas à n’importe quelles conditions.
Le marché chinois n’est, pas plus qu’un autre, libre. Il est dirigé par l’Etat. Tous les pays du tiers-monde ne peuvent pas en dire autant. Là règne, imposée de l’extérieur, la liberté des marchés étrangers.
La migraine des maîtres du monde
L’économie de marché profite-t-elle, pour reprendre la formule des autorités chinoises, aux "masses" ? (Les masses : là et ici, au tiers-monde et pour les travailleurs d’ici.) Depuis les énervements populaires de Seattle, en 1999, les sociétés transnationales n’ont plus très bonne presse. Ces "nouveaux maîtres du monde", comme les appelle Jean Ziegler, bénéficient aujourd’hui d’une répétition des conditions très avantageuses de la révolution industrielle : alors comme maintenant, ils puisent dans le réservoir d’une masse corvéable qu’on paie peu et qu’on peut très mal traiter, cette masse a juste changé de cieux, avant, c’était notre prolétariat, maintenant, ce sont les "sous-développés" du tiers-monde.
D’où, répétition aussi, des superprofits, d’une accumulation
Accumulation
Processus consistant à réinvestir les profits réalisés dans l’année dans l’agrandissement des capacités de production, de sorte à engendrer des bénéfices plus importants à l’avenir.
(en anglais : accumulation)
capitalistique phénoménale. Les bénéfices des 36 multinationales européennes dont les chiffres étaient connus à la fin du mois de février 2006 s’élèvent, en 2005, à quelque 170 milliards d’euros, soit autant que le revenu national cumulé de 78 pays pauvres [10]. Dans le même temps, on apprend que Volkswagen, fort d’un bénéfice 2005 de 3,1 milliards, s’apprête à supprimer 20.000 emplois [11], et que le brasseur Inbev, un milliard de bénéfices 2005, veut en supprimer 360, rien qu’en Belgique...
Rien de cela n’est de nature à leur faire une bonne presse. Economie de marché et développement, dans le tiers-monde, ici, n’importe où : pas vraiment le couple idéal. Cela dit, il ne faudrait pas se tromper de cible. Lorsque Inbev, Volkswagen, General Motors ou Electrolux restructurent et licencient afin d’être compétitifs sur le marché mondial, on peut les croire sur parole. La plupart du temps, elles n’ont pas le choix, c’est restructurer ou périr, concurrence oblige. Et, bien que ce discours ne soit pas sans mérites didactiques, injecter un peu d’éthique ou de "responsabilité sociale" dans le processus, comme beaucoup d’ONG le voudraient, ne changera pas grand-chose à la donne.
La donne, c’est un système. Qui montre des signes de fissuration. Voici peu, un responsable de l’Organisation internationale du travail
Organisation internationale du Travail
Ou OIT : Institution internationale, créée par le Traité de Versailles en 1919 et associée à l’ONU depuis 1946, dans le but de promouvoir l’amélioration des conditions de travail dans le monde. Les États qui la composent y sont représentés par des délégués gouvernementaux, mais également - et sur un pied d’égalité - par des représentants des travailleurs et des employeurs. Elle regroupe actuellement 183 États membres et fonctionne à partir d’un secrétariat appelé Bureau international du travail (BIT). Elle a établi des règles minimales de travail décent comprenant : élimination du travail forcé, suppression du labeur des enfants (en dessous de 12 ans), liberté des pratiques syndicales, non-discrimination à l’embauche et dans le travail… Mais elle dispose de peu de moyens pour faire respecter ce qu’elle décide.
(En anglais : International Labour Organization, ILO)
lançait un cri d’alarme. Le chômage mondial, en effet, ne cesse de croître, et depuis dix ans la croissance économique, lorsqu’elle pointe du nez, reste à la traîne de la croissance démographique : si cette évolution se poursuit, dit-il, "nous allons devoir faire face à de sérieux problèmes de sécurité" [12]. C’est un gentil euphémisme pour troubles sociaux, émeutes, grèves sauvages, sabotages désespérés et anarchiques. Anarchiques, donc, épidermiques, chaotiques, sans but ni direction, c’est probablement, à l’avenir, le plus gros risque que fait peser, primo, ouvrez les guillemets,, "le développement" et, secundo, les ouvrir à nouveau : "de l’économie de marché".
Pour citer cet article :
Erik Rydberg, "Economie de marché et développement", Gresea, mars 2006. Texte disponible à l’adresse :
http://www.gresea.be/spip.php?article1677