Le 14 novembre 2006, après plusieurs mois de négociations houleuses, la commissaire européenne à la concurrence donnait sa bénédiction à la fusion
Fusion
Opération consistant à mettre ensemble deux firmes de sorte qu’elles n’en forment plus qu’une.
(en anglais : merger)
entre le groupe Suez et le géant gazier Gaz de France (GDF). Au centre des débats, la position quasi monopolistique du futur ensemble en France et en Belgique, principalement sur le marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
du gaz belge où Suez et GDF constituaient les deux principaux concurrents. Afin de rassurer les autorités européennes, Suez accepte alors de céder sa part (57,5%) dans Distrigaz (filiale belge de Suez qui vendait 80% du gaz consommé en Belgique) à l’Italien ENI et s’engage à abandonner progressivement sa participation majoritaire (51%) dans Fluxys, la société autonome de transport du gaz belge. Cependant, l’accord de cession de Distrigaz à ENI stipule également la récupération progressive des contrats de fourniture des centrales nucléaires belges par la nouvelle entité au détriment de Distrigaz. Or, si en 2009, la consommation totale de gaz en Belgique a cru, c’est uniquement dû à "l’augmentation considérable de la consommation destinée à la production électrique" (Rapport annuel de la Creg, 2009). Résultat : le groupe GDF Suez voit ses capacités de vente de gaz à la société de transport Fluxys passées de quelque 10% à près de 65% et sa part des ventes de gaz au particulier passée de 33% en 2009 à près de 50% dans un futur proche. Pendant que Distrigaz se voit vidée de sa substance, GDF Suez va retrouver une position dominante sur le marché du gaz en Belgique, trois ans seulement après sa création. N’en déplaise à la Commission européenne, les entreprises n’aiment pas la concurrence…
Sources : Financial Times, article mis en ligne le 10 mars 2006, La Libre Belgique du 14 novembre 2006, L’Echo du 22 septembre 2010 et le rapport annuel 2009 de la Creg disponible à l’adresse : http://www.creg.info/pdf/Ra/2009/rep2009fr.pdf