Introduction
Le pétrole et subsidiairement les questions d’énergie n’ont cessé de faire la Une des journaux depuis l’an dernier. Chacun l’a pu constater. Il y a eu affolement autour du prix du pétrole, sur les places boursières, dans les banques centrales et milieux gouvernementaux et cela nous concerne tous, directement et indirectement, que ce soit à la pompe d’essence ou par les répercussions sur les moyens de production et, donc, de consommation : le baril de brut a grimpé à 40 euros en janvier 2005 [1] et, selon les prévisions, atteindra 56 euros dans deux ans [2]. Cela n’a pas été une mauvaise nouvelle pour tout le monde, les sociétés pétrolières ont fait des profits plantureux et on a vu l’une d’elle, Exxon Mobil (USA) prendre le peloton de tête des sociétés les plus riches du monde, avec une capitalisation globale de 380 milliards de dollars, devant General Electric, Microsoft, Citigroup, BP et Wal-Mart [3].
Mais le pétrole a aussi fait parler de lui sur les théâtres de la guerre et des menaces environnementales. Guerre : l’Irak encore et toujours, mais aussi, plus subtilement, dans divers affrontements politiques, notamment en Ukraine, on y reviendra. Environnement : on vient de "célébrer" l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et, par là, d’attirer l’attention sur les mises en garde, de plus en plus alarmistes, des spécialistes sur les conséquences, ici et maintenant, du réchauffement du climat : fonte des calottes polaires, réchauffement des océans, au point que le conseiller scientifique du gouvernement britannique a, voici peu, estimé que la priorité donnée à la lutte contre le terrorisme ignore le vrai ennemi de l’humanité et témoigne d’un aveuglement politique consternant [4].
Le pétrole, lorsqu’on suit de plus près sa "chronique" dans les journaux, est également régulièrement évoqué dans ses relations avec les problèmes que connaît le Tiers-monde. Là, c’est souvent en termes de "malédiction"... Trouver du pétrole, être l’heureux détenteur de cette ressource naturelle qu’on a baptisé "or noir" est, pour les peuples et les nations du Sud une malédiction. Paradoxal ? En apparence, seulement.
Avant de poursuivre cette analyse du pétrole-malédiction, fixons d’abord les ordres de grandeur, qui montrent que la première particularité du pétrole est d’être une "richesse
Richesse
Mot confus qui peut désigner aussi bien le patrimoine (stock) que le Produit intérieur brut (PIB), la valeur ajoutée ou l’accumulation de marchandises produites (flux).
(en anglais : wealth)
" des pays du Sud.
Tableau 1 – Répartition des réserves connues de pétrole (2004)
Source : Figaro, 31 mars 2004
L’or noir est concentré dans les pays du Sud mais, rappelons-le d’emblée, ce ne sont pas des sociétés du Sud qui l’exploitent. Jetons un coup d’œil sur les géants de l’industrie pétrolière et leur "résidence principale".
Tableau 2 – Les géants du pétrole (2003)
Société pétrolière | Pays | Production (millions de barils/jour) |
---|---|---|
BP-TNK | Grande-Bretagne | 2,6 |
Exxon Mobil | USA | 2,5 |
RD Shell | Grande-Bretagne/Pays Bas | 2,4 |
Yukos Sibneft | Russie | 2,2 |
Chevron Texaco | USA | 1,9 |
TotalFinaElf | France | 1,6 |
Source : Figaro, 23 avril 2003
Mais, passons aux malédictions...
Première malédiction : une richesse qui appauvrit
Les travaux du Gresea l’ont déjà mis en lumière. Trois leçons ressortent de l’étude "Le pétrole en Afrique – La violence fait aux peuples" (Bruno Carton/Gresea) réalisée en 2000. Primo, l’exploitation du pétrole transforme des pays africains en États rentiers. Entendre par là que seule cette activité économique, dont ces pays deviennent totalement dépendants, devient source de richesses et... Secundo, que ces pays n’investissent dès lors plus dans tous les autres secteurs économiques, existants ou potentiels, de la nation : le pétrole aurait pu constituer l’aubaine miraculeuse pour acquérir et développer mille et un nouveaux moyens de production permettant au pays de disposer d’une économie saine et diversifiée, il conduit en réalité à une "économie de rente", où les recettes pétrolières entrent avec une fallacieuse régularité dans les caisses de l’État. Ce n’est pas tout. Tertio, la rente du pétrole n’enrichit pas, elle appauvrit et endette les "bienheureux possesseurs" de l’or noir, car il entraîne une série sans cesse croissante de coûts, notamment d’entretien des infrastructures d’extraction.
Avant d’en donner des exemples et de réactualiser cet aspect de l’économie pétrolière, voyons quelques chiffres. Ils parlent d’eux-mêmes.
Tableau 3 – Dépendance et indépendance de la rente pétrolière
Part dans les exportations | Part dans le PIB
PIB
Produit intérieur brut : richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial). (en anglais : Gross Domestic Product ou GDP) | |
---|---|---|
Lybie | 98% | 80% |
Algérie | 95% | 30% |
Egypte | 40% | 4% |
Russie | 40% | 15% |
Afrique subsaharienne | 70% |
Source : Politique africaine, mars 2003, Figaro, 2/12/03, Guardian Weekly 25/3/03
Le tableau appelle peu de commentaires. Dépendance écrasante de l’Afrique. A l’inverse, d’autres pays, même lorsque le pétrole assure la part du lion dans la balance commerciale
Balance commerciale
C’est le solde entre les exportations de marchandises qui constituent une rentrée d’argent (de devises étrangères) et les importations qui représentent une sortie d’argent. C’est pourquoi on parle d’excédent ou de déficit commercial si les exportations rapportent davantage ou non que les importations.
(en anglais : balance of trade).
(exportations), ont d’autres moyens pour asseoir durablement la production des richesses nationales (produit intérieur brut
Produit intérieur brut
Ou PIB : Richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
).
Mais voyons cela de plus près.
Riche, l’Arabie Saoudite ? Son revenu annuel par habitant (5.600 euros) n’est guère supérieur à celui d’un pays balte et, surtout, ne représente plus que le tiers de ce qu’il était il y a vingt ans [5].
L’Angola, "nouveau riche" du club pétrolier africain, n’en demeure pas moins parmi les pays les plus pauvres dans le classement dit du "développement humain" du Programme des Nations Unies pour le Développement
Programme des Nations Unies pour le Développement
Ou PNUD : Organisation de l’ONU spécialisée dans le développement. Elle se distingue des autres organisations des Nations unies par la publication annuelle d’un rapport mondial sur le développement se basant sur des indicateurs humains.
(En anglais : United Nations Development Programme, UNDP)
(PNUD
PNUD
Programme des Nations Unies pour le Développement : Organisation de l’ONU spécialisée dans le développement. Elle se distingue des autres organisations des Nations unies par la publication annuelle d’un rapport mondial sur le développement se basant sur des indicateurs humains.
(En anglais : United Nations Development Programme, UNDP)
). Son industrie pétrolière consiste en installations off-shore, déconnectées du tissu économique national, elle emploie essentiellement une main d’œuvre étrangère et elle ne conduit guère à des investissements dans l’économie du pays [6]
Le Soudan, déchiré par une guerre aux relents génocidaires, n’en serait probablement pas arrivé là – sous les regards très intéressés des multinationales du pétrole – sans la division entre une zone nord, chef-lieu du pouvoir et, notamment, celui d’exploiter les ressources pétrolières, et une zone sud, où ces dernières se trouvent concentrées [7]...
Terminons par le cas exemplatif de l’oléoduc Tchad-Cameroun, sur lequel nous aurons l’occasion de revenir. Inauguré en 2003, c’est un des investissements les plus importants en Afrique subsaharienne (2,9 milliards d’euros) pour lequel la Banque mondiale
Banque mondiale
Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
a joué un rôle essentiel et... en interne, plutôt controversé. Son service d’études, en effet, a émis des avis en totale contradiction avec son service "opérations", en appelant carrément à un arrêt des financements des industries extractives dans les pays où les gouvernements sont incapables d’en tirer profit ou de gérer de tels investissements. Dans une remarque assassine, ainsi, le service d’études fait observer que les économies dépendantes du pétrole tendent à être des pays "pauvres, autoritaires, corrompus et déstabilisés par des guerres civiles" [8]. No comment.
Deuxième malédiction : la spirale de l’autodestruction suicidaire
Le pétrole est une ressource non renouvelable. C’est bien connu. Cela veut dire, pour le dire brutalement, qu’un jour il n’y en aura plus. Cela risque d’arriver plus tôt qu’on ne le pense. La demande globale de pétrole est aujourd’hui d’environ 80 millions de barils par jour. Un simple calcul, à partir du premier tableau (réserves connues : 1.050 milliards de barils), indique qu’elles seront épuisées en 35 ans.
D’autres sont plus pessimistes. Avec raison, probablement, puisque la demande ne cesse de croître : la Chine est aujourd’hui responsable d’un tiers de la croissance de la demande [9] et ce "nivellement par le haut" ne paraît pas devoir ralentir : la demande de pétrole a augmenté en Chine de 197% entre 1980 et 2003 et son parc d’automobile (13/1.000 habitants aujourd’hui, contre 800-1.000/1.000 aux USA) ne cessera de s’étendre [10]. Les pessimistes, en d’autres termes, situe le "pic" pétrolier non pas en 2035 mais beaucoup, beaucoup plus tôt [11]. Le "pic", pour mémoire, renvoie au jargon pétrolier et désigne le moment où la production de pétrole commencera, inéluctablement, à suivre une courbe descendante – avec hausse des prix, accroissement des conflits et des guerres, etc.
Si on prend un peu de recul, cela veut dire quoi ? Que le pétrole est une ressource naturelle aux applications multiples (fabrication de plastiques, etc.) dont certaines restent peut-être à découvrir, qu’il sert à satisfaire une série de besoins essentiels (hôpitaux, école) mais aussi, et beaucoup plus à des activités superficielles et économiquement irrationnelles : c’est une ressource naturelle dont on sait qu’elle est rare et... on la brûle.
On la brûle dans l’aviation civile qui bénéficie depuis 1944 (Convention de Chicago) d’un statut tout à fait privilégié, le pétrole étant, au contraire de toutes les autres utilisations de ce combustible, détaxé. On la brûle de manière suicidaire par un aménagement du territoire (zonings industriels et commerciaux décentrés) et par une économie du court terme (déstockage et fournitures "just in time") qui multiplient à l’infini les transports par route. Et, surtout, on brûle au Nord une ressource naturelle extraite dans le Sud, dont ce dernier ne bénéficiera jamais, car il n’y en pas assez – dans le modèle de développement actuel – pour tout le monde. Le Sud n’en aura pas pour, si tel est son choix, adopter notre mode de vie ; il n’en aura pas non plus si, un jour, il choisit de privilégier d’autres applications, plus rationnelles, du pétrole. Car il n’y en aura plus. En ce sens, le pillage du Tiers-monde n’a jamais connu de ralentissement.
Troisième malédiction : ce n’est pas pour les gueux
On vient de voir que le pétrole est pompé (par le Nord) dans les pays du Sud sans qu’ils n’en bénéficient en rien, sinon une rente maudite qui sert surtout à alimenter la corruption, le service de la dette (due au Nord) et les guerres intestines.
Il y a plus scandaleux. Aucune miette de la manne énergétique pour les peuples directement concernés par l’exploitation du pétrole. Voir le cas de l’oléoduc Tchad-Cameroun.
La concession passée avec l’industrie pétrolière américaine prévoit une série de compensations pour les villageois qui, ici, doivent être déplacés et, là, perdent leurs moyens de subsistance traditionnels. Ce sont des fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
en faveur de l’environnement, des peuples indigènes et du développement qui ont deux caractéristiques. Primo, ils n’existent que sur papier. Et, secundo, ils ne prévoient rien en termes d’accès à l’énergie pour ces populations [12]. Elles ont vu un gros tuyau traverser leur pays mais : rien pour eux.
Dans le cas de l’oléoduc Bakou-Ceyhan, en Asie centrale, c’est encore plus flagrant. Ce gigantesque projet de 1.760 kilomètres mené par un consortium
Consortium
Collaboration temporaire entre plusieurs entreprises à un projet ou programme dans le but d’obtenir un résultat.
(en anglais : consortium)
dirigé par la British Petroeleum et qui relie la Mer Caspienne en Azerbaïdjan au port turc de Ceyhan sur la Méditerranée repose notamment sur un accord intergouvernemental passé en 1999 entre les trois États concernés, Azerbaïdjan, Géorgie et Turquie.
Or là, c’est tout à fait explicite. Citons le passage en entier : "Par le présent accord, chaque État déclare et certifie que le projet de pipeline ne comprendra aucun service
Service
Fourniture d’un bien immatériel, avantage ou satisfaction d’un besoin, fourni par un prestataire (entreprise ou l’État) au public. Il s’oppose au terme de bien, qui désigne un produit matériel échangeable.
(en anglais : service)
destiné au public dans son ensemble sur son territoire, qui aurait pour but de satisfaire les besoins courants de la population. Sur son territoire, le projet n’est pas conçu ni ne requiert de fonctionner au service ou dans les intérêts du public. [13]" On ne saurait être plus clair. Gueux, s’abstenir. Le pétrole, pas pour eux.
Quatrième malédiction : l’enjeu géopolitique
L’importance stratégique du pétrole rend toutes les autres considérations – sociales, environnementales, etc. – pour ainsi dire dérisoires. Quelques chiffres indiquent d’un coup d’œil le nœud du problème. Les États-Unis possèdent de 5% des réserves connues, ils consomment 25% de la consommation mondiale totale. 15% de leur approvisionnement viennent du Venezuela et 17% d’Afrique ; l’économie et le mode de vie américains sont en d’autres termes dépendant de la "bonne volonté" d’autres pays, car ils "tournent" à 55% sur du pétrole importé et cette dépendance ne pourra que s’aggraver, d’aucuns [14] prédisant que, en 2020, la part des importations grimpera à 70%. Cela explique bien des choses.
Lorsque l’Iran décide, en 1951, de nationaliser son pétrole, son gouvernement sera aussitôt renversé par les grandes puissances occidentales.
Lorsque l’OPEP a l’outrecuidance, en 1973, de "punir" les États-Unis et les Pays-Bas pour leur soutien à Israël en réduisant ses livraisons de pétrole, la riposte – diplomatique, médiatique, idéologique – sera fantastique et, littéralement, écrasante [15]. L’OPEP, en tant qu’organisation autonome des pays producteurs du Sud, ne s’en relèvera pas. C’est la dernière grande tentative du Sud, à ce jour, pour refuser les diktats des économies du Nord.
Mais rapprochons-nous des théâtres d’affrontements géopolitiques actuels.
Le Kosovo ? La région avait été déclarée zone d’intérêt stratégique par les États-Unis (en raison du projet d’oléoduc transbalkanique) bien avant l’intervention militaire de l’Otan [16].
L’Ukraine ? L’ancien conseiller pour la sécurité de Clinton, Brezezinski n’a-t-il pas affirmé que "L’extension de l’orbite euro-atlantique rend impérative l’inclusion des nouveaux États indépendants ex-soviétiques, et en particulier l’Ukraine." et les États-Unis ne dépenseront-ils pas 65 millions de dollars pour appuyer la "révolution orange" pro-occidentale, toutes choses conduisant à affaiblir la Russie et, en particulier, sur ses anciennes routes du pétrole et du gaz ? [17]
L’Afghanistan ? Le pays n’est-il pas décrit dans un rapport du Département de l’énergie des États-Unis comme une "une route de transit pour le pétrole" et l’actuel président Karzaï n’a-t-il pas, dans une vie antérieure, représenté une société pétrolière américaine (Unocal) ? [18]
Sao Tomé ? Ce petit État africain (150.000 habitants) n’a-t-il pas vu se multiplier, à l’annonce de gisements pétroliers sur son territoire, des "agents civils et militaires des Etats-Unis" [19], n’est-il pas révélateur que les États-Unis projettent "l’implantation d’une base militaire" sur l’île parce que, comme l’écrit Pascal Lorot, ancien directeur de Total, dans son article "La guerre du pétrole a commencé" [20], l’Afrique assure actuellement 15% des importations en pétrole des États-Unis ?
Comme y insiste Lorot, on assiste aujourd’hui à un jeu géostratégique à haut risque où l’on voit les États-Unis, via l’Afghanistan et l’Iraq, parachever l’encerclement de la Chine, "leur grand rival de demain" – et il en va de même de l’autre nation à vocation d’hyperpuissance, la Russie, que le oléoducs d’Asie centrale visent à contourner, marginaliser et fragiliser. Ni la Chine, ni la Russie se laisseront faire : c’est écrit dans les astres, c’est inscrit, de manière beaucoup plus évidente, dans les cartes d’états-majors...
Un mot encore de l’Iraq. On a assez dit déjà que le pétrole était un des moteurs de cette guerre. Il y a plus. L’Iraq, en réalité, était un des premiers pays à avoir eu le culot, en 1999, de ne plus vendre son pétrole en dollars, mais en euros. Acte impardonnable, naturellement. Ainsi que le souligne Faisal Islam [21], la liaison pétrole-dollar "est une des fondements de l’économie mondiale qui, inévitablement, trouve à se traduire dans la géopolitique. Le recyclage de pétrodollars
Pétrodollars
Dollars accumulés par les pays de l’OPEP, surtout ceux du Moyen-Orient, suite aux fortes augmentations du prix de pétrole en 1973 et 1979. Ces sommes ont permis aux banques (souvent internationales) qui les ont reçues en dépôt, d’octroyer des prêts aux pays en développement. Par ce fait, elles ont largement contribué à l’augmentation de la dette extérieure de ces pays.
(En anglais : petrodollars)
, les revenus des prix élevés du pétrole ont aidé les États-Unis à gérer ses déficits gigantesques. (...) Dans les faits, les règles normales de l’économie ne s’appliquent pas aux États-Unis en raison du rôle international joué par le dollar. Ce sont les quelque 3 mille milliards de dollars actuellement en circulation dans le monde qui aident les États-Unis à maintenir des déficits commerciaux virtuellement permanents. Les deux tiers du commerce mondial se font en dollars. Les deux tiers des réserves en devises des banques centrales sont également en dollars."
La position dominante et impériale des États-Unis ne s’explique pas autrement. L’Irak n’a pas joué le jeu et on en a vu le résultat. La Russie vient de choisir la même voie, en vendant en Europe ses ressources énergétiques en euros : là, on n’a pas encore le résultat. Pour paraphraser Lorot, la guerre du pétrole ne fait que commencer...
Peut-on, sur ces questions, en tant que citoyen, aller de l’avant et esquisser des stratégies économiques alternatives ? Sans doute. Et d’abord par une pression démocratique mettant en cause tout ce qui rend l’économie intolérable : si les ouvriers de Splintex s’épuisent dans une grève historique, c’est parce que le secteur de la sous-traitance
Sous-traitance
Segment amont de la filière de la production qui livre systématiquement à une même compagnie donneuse d’ordre et soumise à cette dernière en matière de détermination des prix, de la quantité et de la qualité fournie, ainsi que des délais de livraison.
(en anglais : subcontracting)
automobile est soumise à une telle concurrence sur les coûts de fabrication et des livraisons "just in time" (y compris par les consommateurs, qui veulent acheter au moins cher et, par là, accroître le chômage) que tout le monde, à la fin, se retrouve du côté des perdants. Et ensuite par une pression démocratique afin que les États d’Europe (qui en ont la force politique et économique : le client est roi...) exigent de payer leur facture de pétrole en euros. Deux exemples parmi d’autres...