L’insertion socioprofessionnelle (ISP) est née comme une réponse militante et conjoncturelle à une explosion du chômage que l’on pensait temporaire dans les années 1970. Depuis lors, les situations « d’exclusion » n’ont cessé de se multiplier. Et l’ISP s’est professionnalisée, en oscillant entre impuissance et instrumentalisation. Face à ce constat, une autre insertion est-elle possible ?

À l’occasion des trente ans du secteur de l’ISP en Belgique francophone, l’un de ses pionniers s’interrogeait sur un glissement de terminologie qu’il jugeait interpellant : « Dans les années 1980 et au début des années 1990, on parlait souvent de nos actions comme des moyens de combattre l’exclusion. Notre devoir de bons militants était de changer la société ; et ce changement serait initié par un combat. » [1] Or, poursuivait-il : « Assez vite, ce combat contre l’exclusion est passé de mode. » Désormais, il s’agit « d’insérer tout court − dans la société, telle qu’elle est. Ne sommes-nous pas le secteur de l’insertion ? » Pourtant, toujours selon lui, « beaucoup de travailleurs de nos centres souhaitent rouvrir le débat sur le type de société dans laquelle on insère les gens. » Et de conclure, optimiste, « après tout, un retour au combat n’est pas exclu ! »

Mais un combat pour quoi exactement ?

À bien y regarder, on peut distinguer deux types de revendications qui visent à dépasser les limites et les contradictions actuelles de l’ISP. D’un côté, celles qui visent à en améliorer le fonctionnement. De l’autre, celles qui visent à remettre en cause les logiques mêmes d’exclusion des personnes sans emploi.

 Pour un « accompagnement de qualité » ?

En ce qui concerne le fonctionnement de l’ISP, plusieurs « balises pour un accompagnement socioprofessionnel de qualité » peuvent être identifiées, pour reprendre les termes d’une étude parue en 2013 [2]. Une des plus fondamentales renvoie à la relation qui s’établit entre l’accompagné et l’accompagnant. Pour respecter les objectifs d’émancipation individuelle et collective qui sont au fondement de l’ISP [3], cette relation ne peut en effet, comme c’est le cas aujourd’hui, s’appuyer sur la contrainte et le contrôle.

Au contraire, comme le souligne Luca Ciccia, « la relation entre la personne accompagnée et le professionnel de l’accompagnement doit être une relation de confiance, permettant une réelle contractualisation du cadre du travail mené ensemble, de ses objectifs, sans contraintes ni obligations autres que celles décidées librement par l’adulte accompagné. Les objectifs de l’accompagnement doivent être ceux librement choisis par les deux adultes en relation, le professionnel de l’accompagnement et l’adulte ayant fait le choix de l’accompagnement. » [4]

Cela implique, a minima, comme le revendique l’Interfédé en Wallonie [5], de « dissocier l’accompagnement des demandeurs d’emploi et le contrôle de la disponibilité, en évitant la transmission d’informations préjudiciables d’un service Service Fourniture d’un bien immatériel, avantage ou satisfaction d’un besoin, fourni par un prestataire (entreprise ou l’État) au public. Il s’oppose au terme de bien, qui désigne un produit matériel échangeable.
(en anglais : service)
à l’autre du Forem, afin de permettre l’installation d’une relation de confiance entre le stagiaire et le CISP. » [6] Mais plus largement, cela implique surtout l’abandon pur et simple des dispositifs actuels « d’activation » qui rendent la formation obligatoire pour de nombreux chômeurs sous peine d’exclusion.

On pourrait même considérer que l’ISP est dénaturée dès le moment où le choix pour les chômeurs de retrouver un emploi (ou de ne pas accepter n’importe lequel) n’en est pas vraiment un. Comment considérer, en effet, que la démarche et les objectifs d’un accompagnement soient « librement choisis » lorsque retrouver un emploi est une obligation Obligation Emprunt à long terme émis par une entreprise ou des pouvoirs publics ; il donne droit à un revenu fixe appelé intérêt.
(en anglais : bond ou debenture).
, sinon directe, du moins largement contrainte, par exemple via la dégressivité des allocations de chômage ? De ce point de vue, un accompagnement réellement libre ne peut intervenir que dans un contexte où l’on peut librement choisir son travail (et pas uniquement son emploi), nous y reviendrons.

 Plus de moyens, de temps et d’autonomie

D’autres revendications existent qui concernent cette fois les moyens dont disposent les structures et les travailleurs de l’ISP pour proposer un accompagnement de qualité. On parle évidemment de moyens financiers, dans un contexte où les secteurs de l’ISP en Wallonie et à Bruxelles sont structurellement sous-financés [7]. C’est ainsi que la FEBISP, par exemple, revendique à Bruxelles « le financement des actions structurelles à 100% des OISP par un même pouvoir subsidiant », à savoir la Commission communautaire française (COCOF), ou encore la possibilité de valoriser le travail administratif en plus du travail d’encadrement pédagogique à proprement parler [8].

Mais on parle aussi, et peut-être surtout, de moyens en termes de temps. « Le temps est la pierre d’achoppement principale mise en évidence par les travailleurs sociaux », selon Luca Ciccia. « Le nombre de "dossiers", et d’heures par "dossier" est ainsi au cœur des conflits entre partenaires associatifs et administrations publiques. » Or, toujours selon lui, « l’accompagnement doit impérativement disposer de tout le temps nécessaire à la poursuite de l’objectif défini avec l’adulte : l’insertion sociale et professionnelle. C’est donc la relation et le contrat formel ou implicite qui définit le temps de l’accompagnement, non l’institution. Il doit allier individuel et collectif, et doit pouvoir mettre également en œuvre un travail de type communautaire, autant comme moyen, que comme fin de l’accompagnement. » [9]

Plus largement, cette revendication s’inscrit aussi dans une exigence d’autonomie pour pouvoir coller au mieux aux besoins, aux parcours et aux démarches des chômeurs qui souhaitent être accompagnés, tout en défendant la spécificité et la diversité du secteur de l’ISP [10]. Cela passe, par exemple, par le refus des évaluations quantitatives dont la (re)mise à l’emploi est le seul ou du moins le principal critère. Cela passe également par la défense d’une liberté méthodologique qui doit permettre d’expérimenter, y compris et à commencer en impliquant activement les chômeurs qui le désirent.

 Insérer dans quoi ?

Toutes ces revendications sectorielles butent toutefois sur deux limites fondamentales qui dépassent le cadre étroit du fonctionnement de l’ISP. Tout d’abord, le fait que les politiques socioéconomiques poursuivies depuis 40 ans créent toujours plus « d’exclus » qui doivent faire face à des problématiques toujours plus complexes. Quel sens y-a-t-il à plaider pour un accompagnement de qualité si, pour chaque personne éventuellement réinsérée, on en compte trois ou quatre nouvellement exclues ? Ce constat amène notamment Luca Ciccia à considérer que la première balise pour un accompagnement de qualité consiste à promouvoir des politiques de plein-emploi et des politiques sociales qui mettent en œuvre des droits aussi fondamentaux que le droit au logement, le droit à l’éducation ou encore le droit à la santé [11].

Toutefois, et c’est la deuxième limite d’un accompagnement de qualité, ces politiques ne disent rien de ce dans quoi on doit (ré)insérer les « exclus », à savoir le marché de l’emploi. Tout au plus, elles visent à s’assurer qu’il existe quantitativement suffisamment d’opportunités de (ré)insertion et que les « exclus » soient dans les meilleures conditions pour les saisir. Pourtant, à bien y regarder, nombre d’emplois aujourd’hui sont si précaires qu’on peut difficilement y voir un vecteur d’insertion un tant soit peu durable, et d’autres (ou les mêmes) sont si aliénants qu’on peut encore moins les voir comme un facteur d’émancipation. Sans parler de leur utilité sociale douteuse, quand ils ne détruisent pas tout simplement l’environnement et/ou les travailleurs [12].

Dans son étude, Luca Ciccia aborde en partie ce problème en appelant à ce que « la contrainte publique s’applique autant sinon plus sur le marché que sur les individus », notamment pour « rendre les demandes des entreprises en adéquation avec les compétences et acquis des individus » plutôt que l’inverse, comme c’est systématiquement le cas aujourd’hui [13]. Mais d’autres vont plus loin, en cherchant à libérer plus radicalement les individus de l’injonction à s’insérer pour et par le marché du travail. Pour ce faire, certains s’appuient sur des dispositifs de garantie d’emploi, tandis que d’autres s’appuient sur des dispositifs de garantie de revenu.

 Territoires zéro chômeur

Le principe d’une garantie publique d’emploi est un concept relativement ancien dont les modalités exactes peuvent fortement varier. En Inde, par exemple, depuis 2005, la Loi nationale de Garantie de l’Emploi rural Mahatma Gandhi « fournit une garantie légale de 100 journées de travail pour chaque année fiscale aux membres adultes de tout ménage rural souhaitant réaliser un travail non qualifié dans le secteur des travaux publics contre un salaire minimum légal de 100 roupies par jour » [14]. Plus récemment, aux États-Unis, Bernie Sanders a remis au gout du jour une proposition de garantie publique d’emploi déjà envisagée au moment du New Deal (1933), puis dans les années 1960 [15]. Il s’agirait pour le gouvernement fédéral américain de jouer le rôle d’employeur en dernier ressort en garantissant à tous les travailleurs la possibilité d’obtenir un emploi public, à la fois pour lutter contre le chômage et pour niveler vers le haut les conditions de travail dans l’ensemble de l’économie.

De façon analogue, en France, depuis 2016, le projet des « territoires zéro chômeur de longue durée » [16] (TZCLD) est expérimenté dans plusieurs localités à travers le pays. Celui-ci s’adresse à toutes les personnes privées d’emploi depuis au moins un an et résidant depuis au moins 6 mois dans la localité concernée. Sur une base volontaire, ces personnes peuvent rejoindre une « entreprise à but d’emploi » (EBE) qui les embauche en CDI et les paye au SMIC. Le contenu du travail est déterminé par un « Comité de pilotage local de l’emploi » (CLE) à la fois en fonction des besoins non rencontrés des territoires donnés et des compétences, des savoir-faire et des envies des travailleurs concernés. Ceux-ci peuvent en outre décider librement de leur temps de travail et le caractère formateur de l’emploi doit être garanti. L’implication des travailleurs dans l’animation des entreprises est également encouragée.

En Belgique, la Région bruxelloise et la Région wallonne ont toutes deux annoncé vouloir s’inspirer de cette expérience dans leur dernière déclaration de politique régionale, et on en trouve également mention dans l’accord de gouvernement de la « Vivaldi » au fédéral [17]. En attendant, deux expériences ont déjà été lancées dans les régions de Charleroi et du Luxembourg, mais elles ont été mises en suspens en raison de la crise sanitaire. Pour les partisans de l’expérimentation, à l’image d’Andrée Debrulle, ex-permanente de la CSC aujourd’hui vice-présidente du Comité européen de coordination (CEC), son principal mérite est d’instaurer une « révolution culturelle » dans notre approche du chômage et du marché du travail : « La logique qui veut que le chômeur ou la chômeuse soit responsable d’être sans emploi, et qui lui reproche son (in)aptitude, ses (mauvais) choix de formation, son (in)disponibilité et son (in)employabilité face à un marché du travail qui ne voit en lui/elle qu’un cout ou pire qu’une variable d’ajustement est ainsi abandonnée. L’emploi est vu ici comme un bien de première nécessité et considéré dans une approche de complémentarité avec une communauté territoriale. » [18]

Sans nier cet intérêt, d’autres sont toutefois plus critiques de l’initiative et surtout de ses modalités concrètes, à l’image d’Yves Martens du CSCE [19]. Parmi les problèmes qu’il identifie : la sélection des candidats qui risque de s’opérer au détriment des personnes les plus éloignées de l’emploi, à la fois pour des raisons financières et d’opérationnalisation ; le flou qui entoure les activités éligibles et le risque que les besoins des territoires priment dans ce domaine sur l’émancipation des travailleurs ; les conditions de travail au rabais, notamment en termes de rémunération ; le déséquilibre entre les exigences d’efficacité et de rentabilité et le respect du bien-être et de la participation des travailleurs…

Bon nombre de ces critiques sont reconnues par les partisans mêmes du projet qui mettent en avant son caractère expérimental et donc la possibilité d’en tenir compte dans des ajustements futurs. Toutefois, il en reste une qui renvoie au principe même de l’initiative, et qui concerne d’ailleurs plus largement la plupart des propositions de garantie d’emploi, à savoir le maintien d’une logique de fonctionnement par défaut de l’économie autour de l’initiative et de l’emploi privés. C’est particulièrement le cas de l’initiative française TZCLD qui ne vise « que » les chômeurs de longue durée et qui, surtout, ne peut faire concurrence à des activités déjà existantes. Ce faisant, on crée donc une niche pour les « exclus » en marge de l’économie « normale », mais sans s’interroger sur le fonctionnement et la légitimité mêmes de celle-ci. Or, les défis environnementaux, en particulier, imposent des ajustements tels qu’une logique de planification Planification Politique économique suivie à travers la définition de plans réguliers, se succédant les uns aux autres. Elle peut être suivie par des firmes privées (comme de grandes multinationales) ou par les pouvoirs publics. Elle peut être centralisée ou décentralisée.
(en anglais : planning)
de l’ensemble de l’économie à partir d’une démarche d’identification collective des besoins, et du partage du travail et des ressources semble désormais inéluctable [20].

 Le serpent de mer du « revenu universel »

En parallèle, on assiste également, ces dernières années, au retour en force des propositions de « revenu universel » [21]. Ici encore, l’idée est loin d’être neuve, puisqu’on peut en faire remonter l’origine au moins jusqu’à la Révolution française. Elle revient toutefois de plus en plus régulièrement dans le débat public depuis les années 1980 dans la foulée de l’explosion du chômage et des craintes qui se font jour à l’époque sur l’impossibilité d’un retour prochain au plein-emploi. Plus récemment, les inquiétudes croissantes liées aux défis environnementaux, à la nécessité de sortir du productivisme ou encore aux menaces d’une automatisation massive du travail sous le coup de la « révolution numérique » ont à nouveau ramené le sujet à l’avant-plan, aboutissant même, dans la deuxième moitié des années 2010, à l’annonce de plusieurs projets pilotes en Finlande, en Écosse ou encore aux Pays-Bas.

En Belgique, l’idée est portée historiquement par des personnalités « progressistes » comme Philippe Van Parijs ou Philippe Defeyt, mais aussi, plus récemment, par l’homme d’affaires Roland Duchâtelet ou l’actuel président du Mouvement réformateur (MR), Georges-Louis Bouchez. C’est dire si la mesure peut s’inscrire dans des perspectives et des projets politiques radicalement différents, pour ne pas dire antagonistes [22]. Pour les uns, il s’agit en effet de se libérer (au moins partiellement) des contraintes du marché du travail pour valoriser d’autres types d’activités tout en luttant contre le caractère disciplinaire et stigmatisant de la protection sociale (à travers les contrôles et les injonctions à « s’activer » notamment). Pour les autres, il s’agit plutôt de rationaliser celle-ci en créant un « solde de tout compte » qui autoriserait une libéralisation maximale de l’économie. C’est ainsi que les libéraux, par exemple, proposent en général des montants plus élevés qu’ils financeraient par un démantèlement complet des dispositifs actuels de protection sociale, tandis que les « progressistes » tendent à privilégier des montants plus faibles, mais avec maintien de l’essentiel de ces dispositifs et le financement par de nouveaux impôts [23].

Au-delà de cette confusion sur les objectifs et les modalités du revenu universel – qui constitue déjà un important danger en soi –, les propositions progressistes n’apparaissent pas nécessairement comme la meilleure solution aux problèmes qu’elles prétendent résoudre, en particulier en matière d’insertion. Prenons, par exemple, la proposition de Philippe Defeyt de verser à tous les citoyens adultes en Belgique un montant inconditionnel de 600 euros par mois cumulables avec d’autres allocations. S’il s’agit d’aider les plus pauvres, pourquoi ne pas privilégier le relèvement des minimas sociaux actuels et leur déconditionnalisation, tout en renforçant en parallèle l’offre de services publics gratuits [24] permettant de couvrir la plupart des besoins fondamentaux ? [25] De même, s’il s’agit d’aider à libérer du temps pour favoriser des activités hors travail ainsi qu’un meilleur partage de l’emploi, pourquoi ne pas s’appuyer alors sur la revendication historique du mouvement ouvrier de réduction collective du temps d’emploi ? [26]
Ces propositions ne peuvent prétendre à un potentiel réellement subversif qu’à la condition minimale d’octroyer des montants suffisant pour se passer totalement du marché du travail ou d’autres sources de revenus pour mener une vie digne. En effet, elles permettent alors d’éviter que ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas participer au jeu économique « normal » ne soient privés des moyens de vivre dignement. Néanmoins, le droit qu’on en retire se limite alors à un droit de non-participation économique, du moins si l’on se refuse à limiter celle-ci à la seule possibilité de pouvoir consommer.

Or, une réelle « insertion » passe par la prise en charge collective et solidaire de la satisfaction des besoins fondamentaux de tous les membres d’une collectivité, mais aussi et surtout, par la possibilité effectivement donnée à ces mêmes membres de participer pleinement à la détermination de ce que l’on veut produire, pourquoi, comment, avec quelle (re)distribution, etc. Pour le dire dans les termes du sociologue français Bernard Friot [27], il s’agit de revendiquer pour tous un statut de « majeur » économique – qu’il traduit notamment par l’octroi d’un salaire à vie inconditionnel – présupposant la participation de facto de chacun et chacune à la production des biens et services nécessaires à la collectivité, en complément d’une majorité politique qui se traduit déjà elle, par l’octroi du droit de vote et du droit d‘éligibilité. Alors seulement on pourra réellement envisager un accompagnement socioprofessionnel « libre et entre adultes », d’égal à égal.


Cet article a paru dans le Gresea Échos n°106, "L’insertion socio-professionnelle - Des prémisses militantes au dévoiement politique", juin 2021.


Pour citer cet article : Cédric Leterme, "Insérer autrement ?", in Gresea Échos n°106, juin 2021.


Photo : : Collectif Krasnyi-Karim Brikci Nigassa-mars 2016

Notes

[1. Wendorf, D. « Attention ça glisse ! : “Combattre l’exclusion” devient “réinsérer” puis “insérer” », L’Essor, n°36, mai 2006.

[2. Luca Ciccia, « L’accompagnement socioprofessionnel des chômeurs est-il soluble dans la chasse aux chômeurs ? Balises pour un accompagnement de qualité des chômeurs bruxellois après les réformes du Gouvernement Di Rupo 1er », CSCE ASBL, 2013, disponible en ligne via : http://www.asbl-csce.be/documents/CSCE2013B.pdf.

[3. Historiquement, comme nous l’avons vu dans le premier article de ce numéro, mais aussi d’un point de vue légal. Le décret wallon « relatif aux centres d’insertion socioprofessionnelle », par exemple, stipule explicitement que les objectifs de l’ISP doivent inclure « l’émancipation sociale et le développement personnel » des bénéficiaires, tandis que le décret bruxellois « relatif à l’agrément de certains organismes d’insertion socioprofessionnelle » intègre « l’éducation permanente » parmi les actions qui caractérisent une démarche d’insertion socioprofessionnelle.

[4. Ciccia, L. « L’accompagnement socioprofessionnel… », op. cit., p. 34.

[5. L’Interfédé réunit les cinq fédérations d’acteurs de l’ISP actives en Wallonie, qu’elle représente notamment auprès des instances politiques et institutionnelles wallonnes.

[6. L’Interfédé CISP, « Mémorandum 2019 du secteur des CISP », Namur, 2018.

[7. Cf. l’article sur l’origine et l’histoire de l’ISP dans ce numéro.

[8. FeBISP, « Mémorandum – Des citoyens formés pour des emplois de qualités », Bruxelles, 2019.

[9. Ciccia, L. « L’accompagnement socioprofessionnel… », op. cit., p. 36.

[10. cf. l’article sur l’origine et l’histoire de l’ISP dans ce numéro.

[11. Ciccia, L. « L’accompagnement socioprofessionnel… », op. cit., p. 32.

[12. À ce sujet, lire notamment : Brygo, J. et Cyran, O., (2016), Boulots de merde ! Du cireur au trader, enquête sur l’utilité et la nuisance sociales des métiers, Paris, La Découverte.

[13. Ciccia, L. « L’accompagnement socioprofessionnel… », op. cit., p. 33.

[14. Roselli, C., Inde : Loi nationale de Garantie de l’Emploi rural Mahatma Gandhi, UCLG-CISDP, 2011.

[15. À ce sujet, lire l’ouvrage La garantie d’emploi - L’arme sociale du Green New Deal (Paris, La Découverte, 2021) de l’économiste Pavlina Tcherneva, qui a conseillé Bernie Sanders sur ce sujet.

[16. Voir le site internet de l’initiative : https://www.tzcld.fr/.

[17. Debrulle, A. « Territoires zéro chômeur longue durée : révolution culturelle ou fausse bonne idée ? », Démocratie, n°3, mars 2021.

[18. Ibid.

[19. Martens, Y. « " Territoires zéro chômeur de longue durée" : outil intéressant ou poudre aux yeux ? », Politique, 15 octobre 2019.

[20. Sur ces questions, lire : Keucheyan, R. (2019). Les besoins artificiels - Comment sortir du consumérisme, Paris, La Découverte, ou encore Durand, C. et Keucheyan, R. « L’heure de la planification écologique », Le Monde diplomatique, mai 2020.

[21. Sur cette notion, son histoire, et les enjeux qu’elle soulève : Dufresne, A. et Leterme, C., Le revenu universel, mauvaise réponse à de vraies questions ?, Namur/Bruxelles, MWB-FGTB/GRESEA, 2018.

[22. Un constat que confirme également l’analyse des discours qui entourent les différentes propositions de revenu universel, cf. Leterme, C. « Le revenu inconditionnel dans et par les discours : analyse lexicométrique et essai de typologie », Mots. Les langages du politique, n°117, vol. 2, 2018.

[23. Voir par exemple la comparaison entre les propositions de Philippe Defeyt et Georges-Louis Bouchez : Dupont, N. « Le futur possible d’une allocation universelle en Belgique à l’horizon 2035, construction d’un design méthodologique original pour une prospective exploratoire », Mémoire, Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de communication, Université catholique de Louvain, 2018.

[24. Sur le potentiel révolutionnaire de la gratuité, voir le n°102 du GRESEA Échos, « La gratuité : révolutionnaire ? », coordonné par Romain Gelin.

[25. D’autant que le revenu universel porte trop souvent en lui un projet de société fondé sur la sacralisation de l’acteur rationnel, tenu pour seul responsable de ses choix, nécessairement éclairés, en termes de consommation ou de travail par exemple. Ce faisant, il ne prend que trop rarement en compte les inégalités des individus face à ces choix. Qu’arrivera-t-il quand, à l’heure d’emmener les enfants chez le dentiste, dont les tarifs auront nécessairement explosé, le revenu universel aura été dépensé au supermarché du coin ? Dans l’environnement consumériste actuel, certains besoins fondamentaux ne peuvent être réellement satisfaits que s’ils sont prémunis du choix individuel pour être définis et pris en charge collectivement.

[26. Cf. Riposte.CTE, Pour une réduction collective du temps d’emploi, Cuesmes, Éditions du Cerisier, 2017.

[27. Voir notamment le « Manifeste pour un statut politique du producteur » du Réseau salariat, une association d’éducation populaire constituée autour de ces thèses.