Spéculant devenu activiste, milliardaire devenu bienfaiteur ? Quand George Soros déplace un cavalier ou une tour, personne (sauf lui) ne connaît le dessous de ses motivations. Il est probable que son activisme aide ses placements financiers, mais il est difficile d’en trouver la preuve. Mais voilà qu’une actualité de la Guinée nous aide à éclaircir ce jeu d’échecs. Début 2011, Soros (Américain, né en 1930 à Budapest) visite la Guinée. Il est accompagné des conseillers de son Open Society Institute (OSI, qui patronne une famille d’organisations privées contrôlée par Soros). La Guinée est riche en bauxite, en fer et en argent. Ces dernières années, ce pays de l’Ouest de l’Afrique a traversé des crises politiques. Mais la situation semble se stabiliser avec le président Alpha Condé. Soros et Condé s’entendent bien. Soros promet qu’il viendra avec des investissements. Les hommes de Soros vont surtout aider à rédiger un nouveau Code Minier pour la Guinée. Le Code régit les investissements dans le secteur.
Entracte : en 2012, le scandale Palladino (autour d’un milliardaire sud-africain) secoue Conakry, la capitale de la Guinée. Soros craint pour sa réputation. Il demande au parlementaire britannique Eric Joyce d’investiguer l’affaire. Joyce a déjà servi de levier pour relayer des accusations contre les autorités congolaises.)
Les "sorosiens" ne quittent pourtant pas la Guinée. Au contraire, ils s’installent au ministère des Mines. Un certain Thomas Lassourd (ancien de la Coopération technique belge) y occupe un bureau. Lassourd est le coordonnateur du Revenue Watch Institute (de George Soros) en Guinée. Il dit qu’il "conseille le gouvernement sur les régimes fiscaux du secteur minier, sur des réformes législatives et un processus transparent de révision de contrats miniers conclus sous des régimes précédents". Il développe aussi "des outils de formatage pour des mines de fer et de bauxite et d’infrastructure intégrée" (source : son profil LinkedIn). Selon une source française, Lassourd devrait "modeler tous les contrats miniers avant qu’ils ne soient examinés par le conseil des ministres".
Tout va bien pour Soros en Guinée. Le président Alpha Condé reçoit par contrecoup un accueil proéminent du G8 G8 Groupement des huit pays considérés comme les plus industrialisés (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon et Russie). Réunis pour la première fois en 1975 à l’initiative du président français Valéry Giscard d’Estaing, les chefs des États qui composaient à l’époque le G7 se retrouvent une fois par an vers la fin juin. Depuis 1995, ces réunions s’ouvrent régulièrement à la participation du président de la Fédération de Russie. C’est un groupe informel, dont les décisions éventuelles n’ont aucune valeur juridique.
(En anglais : G8)
, le groupe des anciennes puissances occidentales, à leur sommet de juin 2013. Il assiste au pré-sommet, avec entre autres des représentants du Revenue Watch Institute. Les G8 s’y associe à 15 pays dotés d’une industrie minière à travers des "partenariats" bilatéraux. Les États Unis s’associent à... la Guinée. Revenue Watch devra nous dire un jour si George Soros y est pour quelque chose.

Source principale :
Alpha Condé, an all powerfull miner président, Insiders Mining (publié par Africa Mining Intelligence), 15 novembre 2012