Derrière la fusion Fusion Opération consistant à mettre ensemble deux firmes de sorte qu’elles n’en forment plus qu’une.
(en anglais : merger)
entre les deux poids lourds du secteur brassicole se profile un enjeu de taille : l’accès au continent africain, l’une des zones les plus prometteuses en termes de croissance Croissance Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production.
(en anglais : growth)
pour les années à venir. Si SAB Miller est déjà largement implanté sur le continent, AB Inbev n’y dispose d’aucune présence directe. Tour d’horizon du marché Marché Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
de la bière en Afrique et de ses principaux acteurs.

Crédits photo : "Brasserie du Groupe Castel en Côte d’Ivoire", 18 mai 2014, Clara Sanchiz via Flickr,Creative Commons Attribution

Naissance d’un géant de la bière : la fusion AB Inbev-SAB Miller, sous réserve de son acceptation par les autorités de la concurrence des nombreux pays où les deux brasseurs sont implantés, sera la 3e plus importante fusion-acquisition de l’histoire derrière celle de Vodafone et Mannesman (télécom) et celle d’AOL et Time Warner (média) au début des années 2000. La future Future Contrat à terme (un, trois, six mois...) fixant aujourd’hui le prix d’un produit sous-jacent (titre, monnaie, matières premières, indice...) et devant être livré à la date de l’échéance. C’est un produit dérivé.
(en anglais : future)
entité brassera près du tiers des bières produites dans le monde.

 Cure de minceur

Des restructurations sont à attendre, et ce dans tous les départements de l’entreprise : R&D, brasserie, distribution. AB Inbev et SAB Miller, une fois la fusion réalisée, tablent sur des économies annuelles de l’ordre de 1,4 milliard de dollars (1,32 milliard d’euros environ). SAB Miller avait déjà annoncé précédemment son objectif d’économiser 1 milliard de dollars d’ici 2020 [1]. Pour rappel, dans les mois qui suivirent la fusion entre Anheuser-Busch et Inbev en 2008, 1.400 emplois avaient été supprimés après des réorganisations internes [2].

Outre les gains que la restructuration pourrait engendrer et la force de négociation que la nouvelle entité va acquérir lors d’achats d’ingrédients (auprès des fournisseurs de malt et d’orge par exemple), l’implantation dans des zones à forte croissance est bien évidemment en ligne de mire.

Figure 1 - Implantation des deux groupes dans le monde (Source : http://www.globalbrewer.com)

AB Inbev et SAB Miller opèrent pour l’essentiel dans des zones géographiquement complémentaires (voir carte), sauf aux États-Unis et en Amérique du Sud où il pourrait y avoir des doublons et des positions dominantes. Les autorités de la concurrence demanderont vraisemblablement la cession de certaines marques. SAB Miller a déjà annoncé la vente de la marque Miller Coors aux États-Unis [3] pour plus de 11 milliards d’euros. De même, en Grande-Bretagne, SAB Miller pourrait céder les marques Grolsch et Peroni ainsi que des participations en Turquie et en Chine. La vente de ces actifs permettrait à l’entreprise d’empocher 6,5 milliards de dollars [4].

SAB Miller est bien ancré dans les pays en développement. L’Amérique du Nord et l’Europe ne représentent en effet « que » 35 % de son chiffre d’affaires Chiffre d’affaires Montant total des ventes d’une firme sur les opérations concernant principalement les activités centrales de celle-ci (donc hors vente immobilière et financière pour des entreprises qui n’opèrent pas traditionnellement sur ces marchés).
(en anglais : revenues ou net sales)
et moins du quart de ses profits – une situation peu commune dans le secteur -, le reste des gains étant réalisé dans les pays en développement et émergents.

SAB Miller possède une réelle histoire avec le continent africain. Tout d’abord en Afrique du Sud, son pays d’origine (SAB signifiant South African Breweries) où le brasseur contrôle 90% du marché, ce qui représente 18% de ses profits [5]. SAB Miller est également très présent en Tanzanie, au Mozambique et en Ouganda. Le groupe est implanté depuis 2008 au Nigéria, la plus grande économie du continent avec l’Afrique du Sud : 100 millions de dollars ont été investis ces dernières années dans une brasserie pour concurrencer le leader du pays, la Star Lager distribuée par Heineken.

SAB Miller, qui possède près de 40 marques en Afrique y réalise près de 30% de ses bénéfices et de son chiffre d’affaires, un chiffre d’affaires en hausse de 33% en 4 ans (contre seulement 12 et 9% pour Heineken et Diageo).

L’Amérique latine compte pour un tiers des profits de SAB Miller. Le brasseur est numéro 2 en Inde avec 25% des ventes derrière Heineken. La croissance des activités de SAB est de 5% par an en Amérique latine, elle atteint les 11% en Afrique, où le groupe possède 28 brasseries et emploie 25.000 personnes.

 Le deal de SAB avec Coca-Cola en Afrique du Sud

Un argument supplémentaire d’ABInbev pour son mariage avec SAB Miller était l’accord de ce dernier avec Coca-Cola. Cette entente conclue fin 2014 porte sur la création d’une co-entreprise d’embouteillage de boissons non alcoolisées entre SAB Miller (57%), GFI (Gutch Family Investment, l’actionnaire Actionnaire Détenteur d’une action ou d’une part de capital au minimum. En fait, c’est un titre de propriété. L’actionnaire qui possède une majorité ou une quantité suffisante de parts de capital est en fait le véritable propriétaire de l’entreprise qui les émet.
(en anglais : shareholder)
majoritaire de Coca-Cola Sabco en Afrique du Sud qui détiendra 31,7%) et Coca-Cola (11,3%). Coca-Cola Beverage Africa sera la principale société d’embouteillement du géant des sodas en Afrique. Elle sera présente dans 12 pays africains.

L’accord inclut également l’acquisition par Coca-Cola de la marque de boissons gazeuses Appletiser précédemment détenue par SAB Miller et l’achat ou l’utilisation sous licence de 19 marques de boissons non alcoolisées en Afrique et Amérique latine. SAB Miller souhaite s’investir sur le marché des boissons non alcoolisées, moins rentables, mais dont le marché croit plus vite que celui de la bière. Outre la modification du périmètre d’activité de ces entreprises, il est également intéressant de noter la coopération régulière entre sociétés transnationales – le marché africain des boissons en est un exemple typique -, bien loin de la concurrence acharnée souvent dépeinte par les entreprises elles-mêmes et les analystes économiques.
Source : Jeune Afrique du 27 novembre 2014

Ces éléments n’auront pas échappé à Carlos Brito, le dirigeant brésilien d’ABInbev qui expliquait il y a peu : « L’héritage sud-africain de SAB Miller et son implication sur le continent ont été des moteurs de sa réussite. Nous voulons continuer dans cette voie » [6]. Il faut dire qu’AB Inbev, premier brasseur au monde, brille par son absence sur le continent africain. Un continent sur lequel l’implantation n’est pas des plus aisées pour des acteurs extérieurs. Une des raisons à cela peut être trouvée dans la structure des réseaux de distribution et de vente qui sont complètement atomisés en Afrique, avec des chaînes d’approvisionnement longues, et un recours fréquent à l’informel. Il est donc préférable d’être déjà implanté sur place et de mettre en œuvre des partenariats avec des acteurs existants.

Des 4 leaders mondiaux de la bière (AB Inbev, SAB Miller, Carlberg et Heineken) qui représentent près de la moitié des bières brassées dans le monde, AB Inbev était le seul à ne pas produire le moindre litre en Afrique. Interbrew, l’ « ancêtre » d’ABInbev avait déjà eu un pied sur le continent auparavant : au Katanga (RDC) avec Brassimba, au Sénégal avec Sibras ou en Centrafrique avec Mocaf, trois entreprises revendues par la suite au groupe Castel.

 Spécificités du secteur brassicole africain

Le marché africain est devenu la cible privilégiée pour de nombreuses activités, la brasserie ne fait pas exception. L’Afrique subsaharienne a en effet connu des taux de croissance moyens de l’ordre de 5,7% entre 2000 et 2010, supérieurs à 4% depuis 2010 et les prévisions tablent sur un produit intérieur brut Produit intérieur brut Ou PIB : Richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
(PIB PIB Produit intérieur brut : richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
) en progression de 4,6 et 5% en 2016 et 2017.

Au niveau mondial, la consommation de bière est en augmentation (+ 10% entre 2008 et 2013 [7]). Cela s’explique par la croissance du nombre de consommateurs, mais également par le fait que la consommation moyenne par personne soit aussi en hausse.

Les niveaux de consommation de bière en Afrique sont pour le moment très faibles – de l’ordre de 9 à 10 litres par an et par habitant contre une moyenne mondiale de 45 litres et de 100 litres pour des pays comme l’Angleterre. Mais le marché africain de la bière est celui qui promet la plus forte croissance pour les années à venir : 5% par an prévu entre 2013 et 2017 et la perspective de l’émergence d’une classe moyenne qui se comptera en dizaines, voire en centaines de millions de personnes dans les années à venir avec des habitudes de consommation tendant à se calquer sur celles observées dans les pays riches.

Le Nigéria, le Kenya, le Ghana, le Mozambique et l’Ouganda sont les pays les plus prometteurs du continent. La République sud-africaine est de loin le premier marché pour les brasseurs en Afrique avec une consommation annuelle par habitant proche des 57 litres. L’Afrique du Nord se porte plutôt sur les bières sans alcool. Dans le même temps, les parts de marché des principaux brasseurs s’érodent en Europe et en Amérique du Nord, principalement du fait de l’apparition de nombreux brasseurs indépendants et de nouvelles bières artisanales.

 Quelle incidence sur les matières premières ?

La fusion ABInbev-SABMiller va donner un pouvoir d’achat important à la nouvelle entité. Revenons rapidement sur les conditions nécessaires à la production de la boisson gazeuse et sur les acteurs concernés.

La bière est le plus souvent fabriquée à partir de levure, de malt, de houblon et d’eau. Le malt est généralement obtenu à partir d’orge, mais peut l’être à partir d’autres céréales : la céréale germée est alors cuite pour dégager son arome.

Pour les brasseurs, la stratégie d’implantation dans des marchés en développement ne peut se réaliser qu’en assurant l’accès à l’eau et à l’énergie pour faire tourner les brasseries avec des volumes suffisants pour entrainer des économies d’échelles. La seconde contrainte est l’accès aux matières premières.

Dans les régions où la bière est produite industriellement, la culture d’orge, de laquelle est ensuite tiré le malt, est généralement mise en œuvre. Mais l’orge ne pousse que sous des climats particuliers, le plus souvent dans l’hémisphère nord.

Là où l’orge ne peut être cultivée industriellement, les brasseurs ont deux options : importer de l’orge de brasserie ou du malt. L’autre option Option Contrat où un acquéreur possède le droit d’acheter (option dite « call ») ou de vendre (option dite « put ») un produit sous-jacent (titre, monnaie, matières premières, indice...) à un prix fixe à une date donnée, moyennant l’octroi une commission au vendeur. C’est un produit dérivé.
(en anglais : option).
qui consisterait à importer de la bière coûte généralement plus cher que la production locale (il faut déplacer de grande quantité d’eau et cela n’est pas rentable). Les brasseries sont donc le plus souvent implantées à proximité des lieux de consommation et les bières ne font l’objet que de peu de commerce international par rapport à la production totale, ceci est beaucoup moins vrai pour l’orge ou le malt.

Le succès des bières artisanales en Europe et en Amérique du Nord, à plus forte teneur en céréales et en malt, a fait grimper le coût des matières premières ces dernières années. La puissance d’achat du nouveau groupe SAB-Inbev représentera donc un avantage non négligeable pour s’approvisionner au meilleur prix.

Les pays producteurs d’orge et de malt sont l’Union européenne Union Européenne Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
(avec la France comme principal producteur), l’Australie, la Russie, l’Ukraine et le Canada. L’Argentine monte en force dans ce secteur et devient de plus en plus compétitive, notamment vis-à-vis de l’Union européenne.

Pour les brasseurs, il est souvent plus avantageux d’importer de l’orge que du malt, afin que la plus grande part de la chaine de valeur se trouve au sein du pays.

Les échanges de malt entre les pays restent élevés ces dernières années, mais ceux-ci évoluent. L’Amérique latine n’importe presque plus de malt d’autres régions du monde, l’Argentine produisant pour le Mercosur Mercosur Traité de libre-échange et d’intégration économique entre l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Avec la signature de l’Accord d’Asuncion (Paraguay) du 26 mars 1991, ces quatre pays se sont engagés à intégrer leurs marchés dans le cadre du marché commun du cône sud (de l’espagnol : Mercado Común del Sur ou Mercosur). Le Venezuela y a adhéré en 2012. La Bolivie, le Chili, la Colombie l’Équateur et le Pérou en sont associés également.
(En anglais : Mercosur)
. La demande asiatique est en hausse également, surtout au Viêt Nam. En Afrique, la production de bière utilise régulièrement des céréales locales – sorgho ou manioc – en plus de l’orge qui est importée.

Avec la croissance de la consommation ces dernières années, les exportations de malt d’Europe vers l’Afrique ont augmenté notamment vers le Nigéria et l’Afrique du Sud, mais pas seulement. Les pays producteurs d’orge et de malt ainsi que les grands groupes négociant les matières premières, comme Cargill qui réalise déjà près du tiers de ses ventes en Afrique, Bunge ou Louis Dreyfus, bénéficieront également de ce développement de la bière africaine et de l’extension du marché.

La concurrence peut paraître rude sur le segment de la bière en Afrique. Les principaux brasseurs y sont déjà implantés.

Heineken, 3e brasseur mondial, tire 15% de ses recettes et 21% de ses profits du continent africain, sur lequel il est implanté dans 23 pays. Heineken (leader au Nigeria, Rwanda et Congo-Brazzaville) est par exemple associé à CFAO [8] en Côte d’Ivoire (51% pour Heineken, 49% pour CFAO dans Brassivore). Les deux entreprises sont déjà partenaires depuis 20 ans dans les Brasseries du Congo. Le groupe néerlandais souhaite poursuivre les acquisitions pour se renforcer en Afrique après la prise de contrôle récente de 5 brasseries nigérianes et 3 éthiopiennes. Heineken comptait 45 brasseries sur le continent en 2013 [9], avec le Nigéria et la République du Congo comme places fortes.

Carlsberg, le 4e brasseur mondial, est également implanté en Afrique, souvent par le biais de contrats de franchise comme au Kenya avec Centum, ou en Côte d’Ivoire avec Solibra.

Un autre acteur de poids sur le continent est l’anglais Diageo, issu de la fusion entre Guinness et Grand Metropolitain à la fin des années 1990. Diageo est particulièrement implanté en Afrique de l’Est avec East African Breweries Ltd (EABL). EABL est le premier brasseur de la région. Diageo, qui exploite des marques à la renommée internationale comme Guinness, Smirnoff ou Johnnie Walker possède une participation majoritaire dans EABL, à hauteur de 50,3%. Diageo présente aussi la particularité de se positionner à la fois sur les spiritueux et sur la bière, ce dernier segment représentant 20% des profits du groupe.

Diageo s’annonce déjà prêt pour d’éventuelles reprises d’activité de SAB Miller après la fusion avec ABInbev dans le cas où des positions seraient jugées dominantes et entraineraient des cessions. L’objectif affiché du groupe est de faire passer ses ventes africaines de 13 à 20% du chiffre d’affaires dans les années à venir.

 Un secteur en restructuration

Le secteur brassicole a connu plusieurs mouvements de restructuration ces dernières années. Par des rachats successifs et l’absorption de concurrents, les quatre leaders de la bière sont parvenus à contrôler la plus grande partie de la production mondiale, créant un oligopole. Et la situation se présente de la même manière en Afrique. Les principaux protagonistes rachetant et s’échangeant les brasseries et filiales au gré de leurs stratégies respectives.

Diageo a pris le contrôle de 20% des parts de Guinness Ghana Breweries à Heineken et a augmenté sa part dans Guinness Nigeria pour atteindre les 70%. Heineken a par ailleurs pris le contrôle de deux actifs de Diageo en Jamaïque et en Malaisie [10].

Les deux groupes ont également mis fin à leurs joint-ventures en Afrique du Sud et en Namibie en juillet 2015, après 11 ans de partenariat [11]. Diageo cède ses parts dans DHN Drinks, dans la brasserie Sedibeng de Gauteng, et ses 15% de Namibia Breweries Limited (NBL) pour faire cavalier seul en Afrique du Sud.

Carlsberg a récemment annoncé sa volonté de se séparer de 2000 emplois en Russie [12] afin de préserver ses marges qui s’érodent en Russie et en Europe.

Il n’est pas exclu que d’autres mouvements de restructuration interviennent dans le secteur après la fusion SAB Miller - AB Inbev. Les concurrents de ce mastodonte vont en effet devoir cravacher pour s’aligner sur les économies d’échelles dont bénéficiera le nouveau géant de la bière et tenter de renforcer leurs positions là où SAB et AB Inbev ne sont pas déjà implantés et en position de force.

Une autre manière de se frayer une place sur des marchés pour lesquels l’entrée est difficile est de s’associer avec des acteurs déjà présents. Cela peut être le cas lorsque le coût de l’investissement Investissement Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
à réaliser (brasserie, réseau distribution…) pour s’implanter est supérieur aux gains attendus. Comme Heineken l’a fait avec CFAO, Diageo avec East African Breweries, SAB Miller s’est associé à un acteur déjà présent depuis plusieurs décennies sur le terrain, le groupe Castel. Revenons sur l’histoire de ce groupe.

 Castel : roi des boissons en Afrique francophone

Le groupe Castel est un groupe familial créé en 1949. Pierre Castel est à sa tête. Il est un acteur de poids dans tous les maillons de la filière vin : embouteillement, production (achat de domaines viticoles), distribution (réseaux Nicolas). Castel est un des principaux exportateurs de vin dans le monde. Mais sur le continent africain, bien que le groupe familial possède des vignes au Maroc, en Tunisie et en Ethiopie, ce sont les bières et les boissons gazeuses qui ont fait la fortune de Castel.

Le groupe est allié depuis 2001 à SAB Miller qui possède 20% du capital Capital Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
de Castel, tandis que Castel détient une participation de 38% dans les activités africaines de SAB Miller. Mais sa forte présence en Afrique francophone ne date pas des années 2000.

Castel met le pied en Afrique dans les années 1960 au Congo. Il va au fil des années se faire une place sur le continent en rachetant de nombreuses brasseries nationales. Mais c’est sans conteste sa rencontre avec Albert Bernard (Omar) Bongo en 1967 qui va réellement lancer son épopée africaine. Peu après, il fait la connaissance du président Léon Mba qui lui confie la construction d’une brasserie au Gabon et lui permet d’acquérir une position dominante dans le pays.

En 1990, c’est le rachat des Brasseries et Glacières Internationales (BGI), ex-Brasseries et Glacières de l’Indochine, qui propulse définitivement Castel parmi les leaders des boissons en Afrique. Avec BGI, il devient le 2e brasseur africain (marques Flag et Castel Beer), la taille de l’entreprise se voit alors multipliée par six. BGI possède notamment les brasseries du Maroc et les brasseries du Cameroun (près du tiers de la production de BGI).

Les rachats se poursuivent : en 1994 c’est au tour de la Société de limonaderie et brasseries d’Afrique (SOLIBRA) d’être absorbée puis en 2003, les brasseries du Maroc sont acquises, tout comme les Brasseries Star à Madagascar en 2011, et la Nouvelle Brasserie de Madagascar en mai 2014. Le groupe possède désormais une soixantaine de brasseries [13] (surtout en Afrique francophone) et détient des positions dominantes dans de nombreux pays.

Castel (avec sa filiale SFBT) produit par exemple 93% des bières consommées en Tunisie. En Côte d’Ivoire, les Brasseries Ivoiriennes (LBI) qui avaient conquis 10% de part de marché en moins de 2 ans ont été acquises par Castel [14], qui totalise désormais 95% des ventes. Les 5% restant proviennent des importations de Heineken. En Angola, Castel brasse la bière « Cuca », en partenariat avec une entreprise appartenant au parti au pouvoir. Une véritable institution dans le pays puisque la marque y rafle 80 à 90% de la consommation de bière.

Du côté du personnel, les relations ne sont pas toujours au beau fixe, en témoigne l’action Action Part de capital d’une entreprise. Le revenu en est le dividende. Pour les sociétés cotées en Bourse, l’action a également un cours qui dépend de l’offre et de la demande de cette action à ce moment-là et qui peut être différent de la valeur nominale au moment où l’action a été émise.
(en anglais : share ou equity)
de grève dans les brasseries burkinabés en avril 2015 [15], qui faisait suite à des mouvements de contestation en Centrafrique [16] et en Côte d’Ivoire [17].

Le groupe Castel possède la particularité de produire ses propres bières sur lesquelles il réalise des marges importantes tout en vendant sous licence un certain nombre de produits à la renommée internationale. Plusieurs grands groupes internationaux ont opté pour cette méthode afin de s’implanter sur le continent. Par l’entremise de BGI, Castel gère « la fabrication et la gestion de marques telles que Schweppes, Orangina, Coca-Cola, Guinness et Tuborg. Heineken, Carlsberg, SAB Miller, Unibra (Skol), Diageo, Call Michols (Vimto), Inbev, Warsteiner  » [18]. Le groupe Castel est aussi le principal embouteilleur d’Afrique francophone pour les marques des sociétés Coca-Cola et Orangina Schweppes International. La concession de licence évite aux multinationales des boissons de débourser une partie des sommes nécessaires pour l’investissement et la mise en place de réseaux de distribution, un segment bien mieux maîtrisé par Castel.

Le groupe se présente dès lors comme le « numéro deux des boissons et de la bière en Afrique ». Castel entretient des amitiés avouées avec de nombreux dirigeants africains. Lorsqu’un journaliste lui demande si les liens tissés en Afrique ont pu lui être utiles, Castel répond : « je les connais tous, ça aide » [19]. En 2004, dans un portrait du Nouvel Observateur [20], Pierre Castel, à propos des dirigeants africains, expliquait : « Si l’on me fait une petite crasse, je les appelle pour qu’ils règlent le problème » n’hésitant pas à demander directement l’intervention d’un chef d’État en cas d’apparition de concurrents et garantissant ainsi son quasi-monopole dans les pays où il est implanté [21].

Castel, qui s’est installé à Genève depuis l’arrivée de François Mitterrand à la présidence française en 1981 et la mise en place d’un impôt sur les grandes fortunes, est également présent dans le secteur du sucre [22] et dans les huiles végétales [23] sur le continent africain. L’Afrique représente 90% des activités du groupe. Pierre Castel, qui ne répond que très rarement à la presse est à la tête d’une des familles les plus riches d’Europe. La rentabilité de ses activités, notamment africaines, a permis au groupe de ne pas emprunter ni de recourir aux marchés financiers. Le mystère que Pierre Castel se plait à entretenir au sujet de ses activités touche aussi à la comptabilité de son entreprise : société multinationale Multinationale Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
– non cotée [24] - implantée dans 130 pays et employant plus de 18.000 personnes, le groupe ne publie en effet aucun compte public ni ne propose d’organigramme pour ses activités.

InBev qui ambitionne de conquérir le continent noir en fusionnant avec SAB Miller devra donc faire avec Pierre Castel, au moins en Afrique francophone. Ce dernier déclarait à Jeune Afrique « ABI ABI Accord Bilatéral d’Investissement : Convention passée entre deux gouvernements pour définir les droits et obligations des deux États à l’égard des investissements étrangers, en général dans un sens facilitant l’implantation étrangère et le libre commerce.
(En anglais : bilateral investment treaty)
ne nous a pas encore contactés. Mais il est probable qu’ils veuillent garder le même deal. Cela ne changera donc rien pour nous
 » [25]. Castel qui détient des participations croisées dans SAB Miller a très certainement donné son feu vert à la fusion avec ABInbev (qui a fait l’objet de 4 propositions avant d’aboutir). Bloomberg donnait également son opinion sur cette question en septembre 2015 [26]. Pour le journal financier, il s’agissait moins de proposer de grosses sommes d’argent à Castel que de le maintenir dans les décisions du groupe le concernant.

 Une concurrence en trompe l’œil

Mais Castel n’est pas nécessairement un concurrent pour les brasseurs internationaux, plutôt un acteur avec qui il faut compter selon les spécificités des marchés nationaux. Castel dispose en effet, outre la participation croisée au capital Capital de SAB Miller, de partenariats : avec ABInbev dans l’Océan Indien et plusieurs pays africains, avec Heineken dans les Brasseries du Cameroun (filiale du groupe Castel, mais dans laquelle Heineken détient une participation) qui produisent, embouteillent et distribuent des produits de la marque néerlandaise, mais aussi avec Carlsberg et Diageo en Côte d’Ivoire (Solibra) sur le même modèle.

Comme le rappelait un article de 2010 [27], « très souvent les quatre groupes internationaux [SAB Miller, Castel, Heineken, Diageo] se retrouvent coactionnaires de brasseries, associées à différentes phases de production de la bière et des boissons non alcoolisées et les opérations de ventes et d’achats de nouvelles sociétés se traitent en accord avec les « concurrents ». »

Derrière l’apparente concurrence sur le marché de la bière africain, les positions sont en fait assez figées dans de nombreux pays et quelques enseignes, malgré les multiples marques vendues sur les étals, dominent ce marché oligopolistique. AB Inbev par son rapprochement avec SAB Miller vient ainsi prendre sa part d’un gâteau dont la taille est vouée à croître dans les années à venir.

 Boom des fusions-acquisitions en Afrique

Le continent africain a connu un essor des fusions-acquisition ces dernières années. Comme nous l’avons évoqué, les perspectives de croissance future sont l’une des principales motivations à ces opérations, de même que l’accès aux réseaux de distribution, l’acquisition de propriété intellectuelle Propriété intellectuelle Ensemble des droits exclusifs accordés sur les créations intellectuelles liées à un auteur, dont un acteur économique (souvent une entreprise) se fait le représentant.
(en anglais : intellectual property)
ou l’accès aux ressources naturelles. L’attrait croissant pour le continent de la part de sociétés de capital-investissement comme Carlyle [28], KKR ou Blackstone participe également à cette ruée.

Depuis le début du millénaire, le montant des investissements réalisés par fusions-acquisitions [29] en Afrique a triplé. Les entreprises et fonds d’investissement Fonds d'investissement Société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
basés en France et en Grande-Bretagne réunis, représentent à eux seuls le tiers de ces opérations sur la période 2003-2013, suivi par la Chine [30]. Les USA et l’Inde figurent aussi parmi les investisseurs d’importance sur le continent. Notons également l’implantation croissante de sociétés ou fonds Fonds (de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
d’investissement venus du golfe arabique (Arabie, Qatar, Dubaï, etc.).

Nous avons assisté à un boom des fusions-acquisitions dans le monde avec de nombreuses fusions géantes en 2015 (Pfizer-Allergan [31], ABInbev-SABMiller [32], Dell-EMC [33]…), une tendance qui pourrait perdurer en 2016. Les entreprises multinationales disposent de trésoreries excédentaires et les taux d’intérêt Taux d’intérêt Rapport de la rémunération d’un capital emprunté. Il consiste dans le ratio entre les intérêts et les fonds prêtés.
(en anglais : interest rate)
sont bas (jusqu’à l’annonce attendue de la remontée des taux d’intérêts Intérêts Revenus d’une obligation ou d’un crédit. Ils peuvent être fixes ou variables, mais toujours déterminés à l’avance.
(en anglais : interest)
américains), ce qui rend les emprunts plus avantageux. La chute du cours des matières premières (hydrocarbures et minerais) a entrainé la dépréciation de la monnaie Monnaie À l’origine une marchandise qui servait d’équivalent universel à l’échange des autres marchandises. Progressivement la monnaie est devenue une représentation de cette marchandise d’origine (or, argent, métaux précieux...) et peut même ne plus y être directement liée comme aujourd’hui. La monnaie se compose des billets de banques et des pièces, appelés monnaie fiduciaire, et de comptes bancaires, intitulés monnaie scripturale. Aux États-Unis et en Europe, les billets et les pièces ne représentent plus que 10% de la monnaie en circulation. Donc 90% de la monnaie est créée par des banques privées à travers les opérations de crédit.
(en anglais : currency)
de plusieurs pays producteurs, rendant les opérations d’absorption moins coûteuses pour des investisseurs étrangers. De plus, l’inflation Inflation Terme devenu synonyme d’une augmentation globale de prix des biens et des services de consommation. Elle est poussée par une création monétaire qui dépasse ce que la production réelle est capable d’absorber.
(en anglais : inflation)
reste faible et les entreprises optent plutôt pour une croissance externe et l’extension géographique grâce à l’absorption de concurrents.

En Afrique, parmi les secteurs qui voient de nombreuses prises de participation extérieures figurent ceux de la santé [34], des télécommunications et TIC, des industries extractives [35] (mines et hydrocarbures) ou encore de la banque assurance. L’Afrique du Sud et le Nigéria, les deux plus importantes économies du continent, sont celles qui reçoivent le plus grand flux Flux Notion économique qui consiste à comptabiliser tout ce qui entre et ce qui sort durant une période donnée (un an par exemple) pour une catégorie économique. Pour une personne, c’est par exemple ses revenus moins ses dépenses et éventuellement ce qu’il a vendu comme avoir et ce qu’il a acquis. Le flux s’oppose au stock.
(en anglais : flow)
d’investissements.

Ces opérations de fusions et acquisition concernent à la fois des opérations internes à l’Afrique et des opérations ayant l’Afrique pour cible. En 2014, les premières représentaient 29 milliards de dollars (dont la plus large part provient d’Afrique du Sud), contre 40,7 milliards pour les secondes. Bien que le total des fusions-acquisitions (en valeur) soit en hausse, la taille moyenne des opérations semble diminuer. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les investissements se font de plus en plus vers des pays africains au marché plus étroit, c’est-à-dire autres que le Nigéria ou l’Afrique du Sud.

La fusion AB-INBev SAB Miller est l’une des plus importantes jamais réalisée, tous secteurs confondus. L’érosion des parts de marché des brasseurs dans les principales zones consommatrices (Europe et Amérique du Nord) incite les brasseurs à se pencher sur des régions à plus forte croissance. Le rapprochement entre les deux premiers brasseurs au monde n’est donc pas étranger à cette stratégie. INBev met le pied sur l’un des continents les plus prometteurs pour le marché de la bière et devra composer avec des acteurs déjà implantés, comme le français Castel en Afrique francophone. Outre l’aspect stratégique que revêt ce rapprochement pour toucher une classe moyenne en forte expansion, il faudra également garder un œil à différents niveaux des filières d’approvisionnement (production d’orge, malteries, céréales locales, effectifs dans les brasseries…) et sur les capacités en eau et en électricité sur un continent où l’essentiel de la population n’y a pour l’instant que très partiellement accès. La réaction des autres acteurs importants du secteur sera également à suivre.

Notes

[1“SAB Miller employees voice concerns for jobs after takeover” – esm.com, 13 nov. 2015

[2Voir l’historique d’ABInbev pour plus de détails sur les différentes restructurations : http://bit.ly/1NK2YTb

[3Molson Coors qui détient le reste de la marque en sera désormais l’unique propriétaire en récupérant toutes les actions de l’entreprise.

[4« Le rachat de SAB Miller risque de forcer la vente de Grolsh », retaildetail.be, 16 novembre 2015.

[5Pourquoi SAB Miller intéresse autant AB Inbev. Les Echos, 16 septembre 2015.

[6« Brasseries : avec SABMiller, AB Inbev s’offre l’Afrique sur un plateau d’argent ». Jeune Afrique.com, 11 novembre 2015, http://bit.ly/1lzY6p7

[7“World Map Beer 2015”, Rabobank industry note #489, May 2015

[8CFAO pour « Compagnie française d’Afrique occidentale » est un groupe industriel et de distribution, implanté depuis la fin du XIXe siècle en Afrique et dans les territoires d’outre-mer français. L’entreprise est une filiale de Toyota depuis 2012. Elle était auparavant la propriété de PPR (Groupe Pinault- Printemps-La Redoute).

[9Comment Heineken veut conquérir le continent, JeuneAfrique.com du 16 juillet 2013

[10Heineken buys brewing stake from Diageo for $781 million - esm.com, 7 octobre 2015

[11Jeuneafrique.com, 28 juillet 2015, http://bit.ly/1SRL7JW

[12“Carlsberg to Cut 2,000 Jobs as Russian Beer Market Shrinks”, esm.com, 11 nov. 2015

[13« Ces quatre fortunes qui font le buzz en régions », Les échos du 28 juin 2015 http://bit.ly/1IZjj0F

[14Castel rachète les Brasseries Ivoiriennes, Jeune Afrique du 12 avril 2015 : http://bit.ly/1TEDjeH

[19Challenges du 11 juillet 2014

[20Le Nouvel Observateur, 5 novembre 2004.

[21« Comme les importations des commerçants libanais en République centrafricaine. « J’ai dit aux autorités : Si vous ne bloquez pas ça, je gèle mes investissements. » Même chose en Côte d’Ivoire, où le Français exploite l’un des principaux complexes sucriers, la Sucaf. Au printemps, il demande à être reçu par Laurent Gbagbo pour faire stopper la contrebande qui sévit aux frontières. Quelques semaines après, le gouvernement ivoirien interdit l’importation de sucre pour deux ans ! » Le Nouvel Observateur, 5 novembre 2004.

[22Castel détient une participation majoritaire dans SOMDIAA (Société d’Organisation de Management et de Développement des Industries Alimentaires et Agricoles), société très implantée dans les ex-colonies françaises, après le rachat des parts appartenant au groupe Vilgrain. Castel a intégré ses propres sucreries au groupe lors de cette opération. Ce joint-venture constitue l’un des acteurs principaux de l’industrie agroalimentaire en Afrique centrale avec une production de sucre avoisinant les 500.000 tonnes par an. Voir « Castel et Somdiaa, une fusion pure sucre », Jeune Afrique du 11 janvier 2011, http://www.jeuneafrique.com/31207/economie/castel-et-somdiaa-une-fusion-pur-sucre/

[23Depuis 2013, Castel est associé à Sofiproteol dans un holding commun nommé Copéol pour se développer dans les huiles alimentaires en Afrique de l’Ouest

[24L’entreprise n’étant pas cotée en bourse, elle n’est pas contrainte de publier de rapport annuel d’activité public.

[25Jeune Afrique.com, 11 novembre 2015, op.cit.

[26SABMiller Deal Would Require Tossing Out AB InBev’s M&A Playbook, Bloomberg, 17 septembre 2015
http://bloom.bg/1Nm9xHZ

[27« Bière artisanale et bière importée : histoire d’une industrie en Afrique », RFI.fr, 17 mars 2010, http://rfi.my/1jSnEvV

[28« L’américain Carlyle envisage cinq nouvelles acquisitions en Afrique subsaharienne en 2016 », Agence Ecofin, 2 décembre 2015, http://bit.ly/1OVwvdr

[29Les fusions et acquisitions représentent une large part de ce que l’on appelle les IDE (Investissements directs étrangers) souvent vantés pour être un des principaux facteurs de croissance et développement. En fait, ces investissements consistent dans la plupart des cas en la prise de contrôle d’une entreprise par une autre. In fine, la répartition des gains ne profite pas nécessairement aux populations locales et au « développement » des pays.

[30Grande Bretagne et France au podium des fusions-acquisitions africaines. Agence Ecofin, 10 juillet 2013. http://bit.ly/1Qiv3mK

[34Plusieurs opérations ont déjà eu lieu en 2014 et 2015 dans ce secteur. Les investisseurs sont le plus souvent des fonds d’investissement occidentaux, mais on retrouve également des entreprises indiennes ou basées en Afrique du Sud. « Le secteur de la santé devrait connaître davantage de fusions/acquisitions sur le continent africain », Agence Ecofin, 18 mars 2015. http://bit.ly/1mec5kE

[35En 2010, les ressources naturelles et l’énergie ont représenté 37% des fusions-acquisitions, 55% en 2011. Au premier semestre 2015, la part des acquisitions dans le secteur voyait sa part diminuer à 15,6% des opérations, du fait de la chute des cours des matières premières, mais demeurait le secteur le plus attractif (en valeur) avec les télécoms.