Dans son tour d’horizon des fondamentaux de l’économie occidentale, titré "Quatre raisons pour craindre que les bons temps touchent à leur fin", John Authers colore les perspectives pour le secteur des pensions d’assez sombres couleurs. Un jeune battant dans la trentaine qui commence à cotiser à un fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
de pension, dit-il, peut s’attendre à travailler sept années de plus pour obtenir la pension attendue. Un exemple parmi d’autres. Et conclut : "Le risque que beaucoup n’arriveront pas, devenus vieux, à avoir de quoi vivre est réel et ce risque ne fait que croître." C’est dans le Financial Times du 30 avril 2016. Dans les mêmes pages, le 16 mai suivant, son collègue John Plender revenait sur la question. C’était titré : "L’incertitude obscurcit l’avenir des fonds de pensions". Il cite le cas de Tata Steel qui, en Grande-Bretagne, affiche 15 milliards de livres d’actifs pour un déficit de 485 milliards, dû à la charge de pensions de l’entreprise sidérurgique. Le problème pour ces fonds de pension privés, ce sont les taux d’intérêts
Intérêts
Revenus d’une obligation ou d’un crédit. Ils peuvent être fixes ou variables, mais toujours déterminés à l’avance.
(en anglais : interest)
quasi nuls, voire négatifs, venant plomber leur santé spéculative. C’est quasi pire en Allemagne, aux Pays-Bas et en France, informe le Financial Times du même jour. Si les taux demeurent au plancher, dit un spécialiste, "la probabilité est grande des pensions seront revus à la baisse" en Allemagne, ajoutant : ces taux "empoisonnent lentement" le système. En France, le patron du plus grand fonds de pension public, estime qu’avec de taux pareils, les fonds privés seront bientôt "au bord de l’implosion". Et au Pays-Bas, l’ABP, le plus grand fonds privé (un pensionné sur six dans son portefeuille
Portefeuille
Ensemble de titres détenus par un investisseur, normalement comme placement.
(en anglais : portfolio).
) donnait comme une "possibilité distincte" que les paiements seront réduits en 2017. Autant savoir. La privatisation des pensions, ça se présente plutôt mal. Dans le même temps, racontait le Financial Times du 10 mai, l’ampleur des masses d’argent payées en dividendes ne laisse pas d’inquiéter. Selon les données mondiales du MSCI World Index, la part des profits destinée à arroser les actionnaires est passé, ces deux dernières années, de 43 à 51%. Cela ne va pas mal pour tout le monde. Ce genre de situation, "inusuelle" précise le FT, "tend à ne survenir que dans les périodes d’atonie économique globale". Il n’y a pas de quoi rire.
Sur les mêmes thèmes
Fonds financiers
23/03/2020 - Jeu de maux, jeu de vilains - Henri Houben
20/03/2020 - Crise, Récession, Dépression - Des clés pour comprendre - Henri Houben
13/09/2018 - Le nouveau capital financier - Henri Houben
04/04/2016 - Philips éteint la lumière (pas lucratif) - Erik Rydberg
09/09/2015 - Argentine-Fonds vautours : 1-0 - Raf Custers
03/06/2015 - Congo : les patrons miniers de plus en plus agressifs - Raf Custers,
Romain Gelin
23/02/2015 - Dette grecque : un jeu de dupes ! - Violaine Wathelet
13/09/2013 - Les vautours et l’Argentine - Xavier Dupret
08/03/2013 - La Hongrie fait tout de travers - Erik Rydberg
28/11/2012 - Flux illicites : une opacité chiffrée… - Raf Custers
Vers les autres articles du même thème...
Salaire
31/07/2023 - Approches féministes sur le travail
31/07/2023 - Mondialisation et travail : approches intersectionnelles
31/07/2023 - Le travail du care
20/06/2023 - Travail, prix et profit - Natalia Hirtz
20/06/2023 - Inflation, travail, profit - Natalia Hirtz,
Romain Gelin
31/10/2022 - Histoire de l’insertion socio-professionnelle en Belgique francophone - Cédric Leterme
03/10/2022 - Salariat - Nouvelle revue de sciences sociales - Anne Dufresne
11/04/2022 - [Débat] Propositions et utopies pour un autre modèle de sécurité sociale - Cédric Leterme
18/10/2021 - Travail, emploi et insertion dans l’après-covid
19/08/2021 - Un travailleur associatif, ça « produit » quoi ? - Cédric Leterme
Vers les autres articles du même thème...
Autres articles de Erik Rydberg
Que faire ! - 25/01/2017
Que faire ? L’interrogation n’est pas neuve. Elle obéit au moment historique qui est le sien. Aujourd’hui, en fil rouge, une énième proclamation de la "mort annoncée" du Système (capitaliste) avec, depuis Seattle, 1999, mettons, voire Porto Alegre, 2001, une salutaire repolitisation des esprits. Elle trouve son expression la plus radicale, et binaire, dans l’opposition entre l’élite du 1% et la masse des 99%. La contestation est cependant plus que jamais désunie et fragmentée, c’est presque sa marque (...)
Lire la suite »
La réduction du temps de travail : essai d’abécédaire - 18/05/2016
Retour de flamme (petit point d’actu). On ne mettra pas sur le compte du hasard que des projets de loi en France socialiste et en Belgique libérale (lois dites El Khomri et Peeters, respectivement, du nom de leur agent ministériel), se soient fait jour quasi de concert. Elles sont parfaitement en phase avec la ligne politique patronale "compétitive" de l’Union européenne, dont la préoccupation majeure, pour ne pas dire obsessionnelle, est de "réformer le marché du travail". Faire travailler plus (...)
Lire la suite »
Volkswagen, un crash en ralenti - 26/04/2016
La publication des résultats 2015 de Volkswagen n’a pas manqué de faire du bruit. Perte nette sèche de 1,6 milliards d’euros, soit quelque 64 milliards de nos anciens francs belges – et son premier déficit depuis 1993, sa plus grosse perte en 79 années d’existence. C’est comme on dit "suite et pas fin" de la saga du logiciel truqueur (installé sur 11 millions de véhicules, pour mémoire), dont les tracas judiciaires ont obligé le constructeur allemand à provisionner 16,2 milliards d’euros pour débours et (...)
Lire la suite »
Le Panama, c’est pas le Pérou - 11/04/2016
Quoi de neuf, chef ? Business as usual : la divulgation de plus de 11 millions de documents financiers témoignant d’un nombre équivalant d’opérations d’évasion fiscale via le Panama a embarrassé plus d’un membre de la "jetset" régnante, dont les premiers ministres britannique, islandais, ukrainien, argentin, etc. Sans compter les grandes banques, UBS, HSBC, Société générale, Deutsche Bank, Dexia, il y en a 365 en tout (http://www.gresea.be/spip.php?artic...). "Big Brother" a manifestement quelque peine à colmater les fuites…
Lire la suite »
|