Le Premier ministre indien Manmohan Singh a annoncé, le 6 mars 2007, le lancement d’une étude sur les impacts économiques et sociaux potentiels d’une entrée en force sur le marché indien (jusqu’ici protégé) des géants de la grande distribution, tels Carrefour, Wal-Mart et Tesco. Impact, sans doute, puisque les achats en supermarchés ne représentent actuellement que 2 à 3 % du commerce de détail indien, un secteur que les analystes évaluent, en salivant, à quelque 300 milliards de dollars. A prendre, à saisir. A cet effet, Wal-Mart s’est déjà allié au groupe indien Bharti (numéro un de la téléphonie mobile) par un arrangement de grande distribution où, pour contourner la législation, Bharti contrôle à 100% les points de vente tout en partageant fifty-fifty avec Wal-Mart le segment grossiste. Les opposants, qui défendent les intérêts des travailleurs et des petits commerçants du secteur, n’apprécient pas. La loi est contournée. Des millions de gens vont perdre leurs moyens de subsistance. Et, pour ne rien arranger, la réalisation de la fameuse étude a été confiée à un "think tank
Think tank
Littéralement « boîte à idée » ; organisme regroupant généralement des chefs d’entreprise, des responsables politiques, des professeurs d’université ou chercheurs, des journalistes pour discuter de problématiques importantes pour un pays, une région, la planète et pour ainsi influer sur les grandes orientations politiques.
(en anglais : think tank)
", l’Indian Council of Research in International Economic Relations, dont les prises de position en faveur des investissements étrangers dans le secteur du commerce de détail sont bien connues... C’est le pot de terre contre le pot de fer. Le numéro un indien de la grande distribution Reliance Industries projette d’investir 5,6 milliards de dollars dans une chaîne nationale de supermarchés et, à l’heure actuelle, ouvre des nouveaux points de vente au rythme de un par jour. "Devant cette puissance de feu, les petits commerçants jouent perdants. Ils vont tout simplement être évincés", dit Dharmendra Kumar, de India FDI Watch.
Source : Financial Times, 7 mars 2007.
Sur les mêmes thèmes
Autres articles de Erik Rydberg
Que faire ! - 25/01/2017
Que faire ? L’interrogation n’est pas neuve. Elle obéit au moment historique qui est le sien. Aujourd’hui, en fil rouge, une énième proclamation de la "mort annoncée" du Système (capitaliste) avec, depuis Seattle, 1999, mettons, voire Porto Alegre, 2001, une salutaire repolitisation des esprits. Elle trouve son expression la plus radicale, et binaire, dans l’opposition entre l’élite du 1% et la masse des 99%. La contestation est cependant plus que jamais désunie et fragmentée, c’est presque sa marque (...)
Lire la suite »
Cela se présente plutôt mal - 30/05/2016
Dans son tour d’horizon des fondamentaux de l’économie occidentale, titré "Quatre raisons pour craindre que les bons temps touchent à leur fin", John Authers colore les perspectives pour le secteur des pensions d’assez sombres couleurs. Un jeune battant dans la trentaine qui commence à cotiser à un fonds de pension, dit-il, peut s’attendre à travailler sept années de plus pour obtenir la pension attendue. Un exemple parmi d’autres. Et conclut : "Le risque que beaucoup n’arriveront pas, devenus vieux, à (...)
Lire la suite »
La réduction du temps de travail : essai d’abécédaire - 18/05/2016
Retour de flamme (petit point d’actu). On ne mettra pas sur le compte du hasard que des projets de loi en France socialiste et en Belgique libérale (lois dites El Khomri et Peeters, respectivement, du nom de leur agent ministériel), se soient fait jour quasi de concert. Elles sont parfaitement en phase avec la ligne politique patronale "compétitive" de l’Union européenne, dont la préoccupation majeure, pour ne pas dire obsessionnelle, est de "réformer le marché du travail". Faire travailler plus (...)
Lire la suite »
Volkswagen, un crash en ralenti - 26/04/2016
La publication des résultats 2015 de Volkswagen n’a pas manqué de faire du bruit. Perte nette sèche de 1,6 milliards d’euros, soit quelque 64 milliards de nos anciens francs belges – et son premier déficit depuis 1993, sa plus grosse perte en 79 années d’existence. C’est comme on dit "suite et pas fin" de la saga du logiciel truqueur (installé sur 11 millions de véhicules, pour mémoire), dont les tracas judiciaires ont obligé le constructeur allemand à provisionner 16,2 milliards d’euros pour débours et (...)
Lire la suite »