Carte d'identité

Secteur Chimie
Naissance 29/10/1906
Siège central Bruxelles
Chiffre d'affaires 24,1 milliards d’euros
Bénéfice net 627 millions d’euros
Production 110 usines (et bureaux)
Effectifs 11.050 personnes
Site web http://www.umicore.com/
Président Mathias Miedreich
Actionnaires principaux (juin 2022): Groupe Bruxelles Lambert (16%), Baillie Gifford & Co. (9, 96%), Norges Bank (5, 15%), APG Asset Management (3, 78%)
Marques Umicore
Comité d'entreprise européen oui

Ratios 2021

 
Marge opérationnelle % 3,65
Taux de profit % 20, 14
Taux de solvabilité % 56, 9
Taux de dividende % 28, 8
Part salariale % 41, 19
Taux de productivité (€) 187.385
Fonds roulement net (€) 2, 4 milliards d'euros

Observatoire des Comptes

Bilan

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Actionnariat du groupe 2022

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du groupe en Wallonie


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Historique

Primée en 2013 comme l’entreprise la plus durable du monde, la multinationale belge Umicore a célébré la fin (provisoire ?) d’une transformation initiée il y a un quart de siècle. Le prix lui a été octroyé par Corporate Knights, "the magazine for clean capitalism". Avant, l’image d’Umicore (créée en 2001) n’était pas très propre. Cela était en partie dû aux antécédents de son prédécesseur - l’Union Minière du Haut Katanga (UMHK), qui durant le vingtième siècle a exploité les richesses du Congo, colonial et indépendant – mais aussi à ses confrères du secteur des métaux non-ferreux, qui polluaient radicalement les alentours de leurs usines. L’Union Minière, cette vieille créature du non-ferreux et du colonialisme, a donc résolument tourné le dos au passé.

Raf Custers*

L’Union Minière du Haut Katanga naît en 1906 de la volonté du roi belge Léopold-2 de contrecarrer les convoitises du capital britannique et américain en Afrique centrale. L’entreprise est une arme dans la colonisation du Congo. Cela n’exclut pas la participation de la Tanganyika Concessions Ltd (liée au colonisateur britannique Cecil Rhodes) dans l’UMHK.

Les mines au Congo approvisionnent les usines en Belgique. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, elles contribueront à l’effort de guerre des Alliés. L’UMHK fournira l’uranium utilisé dans les bombes atomiques qui anéantiront les villes japonaises d’Hiroshima (140.000 morts) et Nagasaki (70.000 morts) en 1945. Lorsque le Congo accède à son indépendance en 1960, l’Union Minière sabote le nouveau gouvernement de Patrice Lumumba en soutenant activement la sécession du Katanga, la riche province minière dans le sud-est du pays. Ses mines katangaises lui sont arrachées en 1968. Elles entrent dans le conglomérat étatique du Congo qui deviendra la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines) en 1973. Les Belges doivent à nouveau affronter des concurrents anglo-saxons au Congo (comme Maurice Tempelsman). Ils s’en tirent habilement au moment de la nationalisation et signent un accord qui leur laisse la commercialisation des minerais produits au Katanga. C’est un premier moment clé pour l’Union Minière du Haut Katanga. Elle est obligée de diversifier les sources d’approvisionnement pour ses usines en Belgique. Elle change de nom et devient Union Minière tout court. Mais l’UM reste une entreprise minière.

L’année décisive pour le renouveau d’Union Minière est 1988-89. Début 1988 le ‘raider’ italien Carlo De Benedetti annonce son intention d’acquérir la majorité de la Société Générale de Belgique (SGB). L’UM appartient à ce holding. Une partie de la bourgeoisie belge applaudit l’attaque sur la SGB. Hugo Schiltz par exemple, leader des nationalistes flamands de la Volksunie, déclare le 21 janvier : « De Benedetti représente une perspective internationale et dynamique » tandis que « la Société Générale s’appuie sur l’establishment francophone ». [1] L’offre publique d’achat de De Benedetti échoue, et à l’assemblée générale de la Société Générale d’avril 1988 c’est le groupe français Suez qui possède 52 % des actions de la SGB.

Une ‘intégration accélérée’ du secteur non-ferreux commence. [2] La Belgique excelle depuis longtemps dans ce secteur. Du coup, quatre fleurons de l’industrie belge, chacun avec sa longue généalogie d’acquisitions et de restructurations, fusionnent. Il s’agit de la Vieille Montagne (VM), jadis le numéro un mondial du zinc, la Métallurgie Hoboken Overpelt (MHO), Méchim et l’Union Minière, absorbées peu avant par une filiale de la SGB, les Ateliers de Construction Electriques de Charleroi (ACEC).

Les nouveaux patrons estiment qu’ils ont trop de non-ferreux dans leur portefeuille et la grande fusion sera suivie par des restructurations. ACEC-UM est divisé en ‘centres de profit autonomes’, qui devront tous prouver leur rentabilité. Jean-Pierre Rodier, le nouveau grand patron arrivé en 1991, révise complètement la stratégie pour économiser 4 milliards de francs belges en 4 ans. Rodier veut assurer une rentabilité de 14 % sur fonds propres aux actionnaires. 1300 emplois seront sacrifiés. Karel Vinck, administrateur délégué à partir de l’automne 1994, est encore plus ambitieux. Pour atteindre un rendement de 12 % sur fonds propres en 1998, il compte supprimer à nouveau 1900 emplois.

Au moment où Vinck cède sa place à la direction du groupe à Thomas Leysen en 2000, l’Union Minière distribue ses premiers dividendes aux actionnaires depuis 10 ans. « L’Union Minière n’est plus la société qu’elle était », déclare Karel Vinck, « mais elle n’est pas encore la société qu’elle doit être ». [3]

L’année suivante l’UM devient Umicore. Ceci est plus qu’un simple changement de nom. La nouvelle société refuse dorénavant toute responsabilité pour ce qu’elle (et ses prédécesseurs) ont causé dans le passé et notamment la pollution catastrophique, qui a contaminé de nombreux terrains en Campine belge et au Katanga.

Umicore prend comme slogan publicitaire : "Materials for a better life". Elle se concentre dès lors sur la fabrication de matériaux spéciaux et la production de métaux précieux via le raffinage et le recyclage. Umicore acquiert donc en 2003 le Precious Metals Group, l’ancien pôle métal précieux de Dégussa (une entreprise allemande opérant dans la chimie). En 2005, Umicore se sépare de sa filière cuivre, qui est placée dans la nouvelle entreprise Cumerio (fusionnée en 2008 avec NordDeutsche Affinerie et devenue Aurubis). En 2007, c’est au tour de la filière du zinc de se séparer d’Umicore, par la fusion avec l’Australienne Zinifex. Cette nouvelle combinaison sera nommée Nyrstar.

À l’arrivée de Thomas Leysen à la tête du groupe, les propriétaires ‘historiques’ de l’Union Minière/Umicore sont en train de se retirer. La Société Générale/Suez s’est graduellement désengagée à partir de 1995 (elle possède encore 50,2 % du capital à ce moment) et cède sa place à des investisseurs éparpillés. Leysen (fils d’André Leysen) a fait carrière au sein de l’Union Minière, il fait partie du groupe depuis 1988. En 2008, il devient président du conseil d’administration et Marc Grynberg lui succède comme CEO (Chief Executive Officer).

Depuis 1990, Umicore s’est éloigné de la production de matières premières de base et a cessé d’être une entreprise minière. Le groupe explore de nouveaux marchés, avec en premier lieu la Chine (14 sites, plus 2 à Taiwan), un déploiement qui a commencé dans les années ‘90.

En chiffres, Umicore se présente ainsi en 2014 [4] :

{{}}

CA (Million€)

%

Sites prod.

%

Sites RD

%

Emploi

%

Europe 6881 69 33 43 12 60 7726 55
Afrique 154 2 3 4 1298 9
AmérNord 949 10 11 14 3 15 864 6
AmérLat 383 4 5 7 1 5 1139 8
Asie 1450 15 24 32 4 20 3030 22
Total 9819,3 100 76 100 20 100 14057 100

Aujourd’hui, le groupe opère quatre divisions : les catalyseurs (composants réduisant la pollution des automobiles), les matériaux énergétiques (dérivés de cobalt, de germanium et de nickel, utilisés dans des batteries rechargeables et des panneaux photovoltaïques), les matériaux haut de gamme (dérivés entre autres de zinc et de platinium, utilisés dans des produits de construction et la fibre optique) et enfin le recyclage (pour obtenir des métaux précieux).

Chiffre d’affaires 2013 par division [5] :

{{}} Chiffre d’affaires (Million€) %
Catalyse 2020,2 19
Matériaux énergétiques 825,7 7
Matériaux de performance 1388,4 13
Recyclage 6663,3 61
10.897.648 100

On peut observer que les deux tiers du chiffre d’affaires sont réalisés par la division « recyclage ». Lorsqu’Umicore inaugure une nouvelle installation de recyclage de batteries à Hoboken en septembre 2011, son CEO Mark Grynberg affirme qu’à ce moment, seuls 3 % des batteries sont recyclés, laissant entrevoir des perspectives de rentabilité prometteuses pour cette activité. Grâce à cette orientation, Umicore sera désignée comme l’entreprise la plus durable au classement des Global Sustainable 100 en 2013. [6]

*Chercheur Gresea

Custers, Raf, "Umicore", Gresea, mai 2015, texte disponible à l’adresse : http://www.mirador-multinationales.be/secteurs/chimie/article/umicore


[1Financieel Economische Tijd, 21 janvier 1988 – cité dans Pour comprendre ce qui arrive à notre Société Générale, GRESEA Actualités, 1 mars 1988.

[2Brion, René, Moreau, Jean-Louis, De la mine à Mars. La génèse d’Umicore, Tielt, 2006, p.409.

[3Brion, Moreau, O.c., p.428.

[4Rapport annuel 2013, Présentation d’Umicore (2 septembre 2014) et calculs propres.

[5Sans tenir compte du ‘Corporate et non alloué’ et des ‘Eliminations. Source : Rapport annuel 2013 et propres calculs.

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