Chaque fois que le premier constructeur mondial change ses méthodes de production, les commentaires prévoient la fin du toyotisme
Toyotisme
Système de production fondé après la Seconde Guerre mondiale dans les usines automobiles de Toyota, sous l’impulsion de l’ingénieur Taiichi Ohno. Il consiste essentiellement en plusieurs éléments : 1. autonomation, c’est-à-dire la capacité des machines à s’arrêter automatiquement dès qu’elles rencontrent un problème ; 2. qualité du premier coup ; 3. just-in-time ; 4. teamwork ; 5. management participatif ; 6. sous-traitance.
(en anglais : toyotism)
et l’avènement d’une nouvelle ère. Il en va de même avec l’initiative récente dans l’usine d’Ohira, à 300 km au nord de Tokyo (centre historique de Toyota) où les changements portent essentiellement sur l’aménagement de l’usine. Pour gagner de la place, Toyota a dessiné une usine compacte et flexible. Le nombre de robots est limité. Les ateliers sont disposés au plus près les uns des autres. Dans le département de peinture, on a inauguré une technique permettant de poser trois couches sans attendre le séchage entre elles. Au montage, les châssis ne se déplacent plus les uns derrière les autres, mais côte à côte : gain de place considérable. En tout, les ingénieurs du constructeur nippon estiment avoir raccourci de 35% la ligne de montage et ainsi réduit de 35% l’utilisation d’énergie et de 40% les dépenses d’investissement
Investissement
Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
. "C’est la première usine low cost du secteur", résume un expert. L’usine se situe en pleine campagne, emploie 900 salariés et produit actuellement 120.000 véhicules modèle Yaris, en attendant de voir si l’expérience est concluante pour accroître les capacités. C’est le premier investissement notoire de Toyota dans l’archipel depuis 18 ans. Mais ce n’est pas la première fois qu’un constructeur annonce l’usine du futur. Dans le passé, Fiat faisait visiter les magnifiques robots de son usine de Cassino. General Motors avait créé en 1985 une nouvelle entité, Saturn, pour rivaliser avec ses concurrents japonais, fondée sur une nouvelle conception de la technologie. Et Daewoo avait lancé un projet de la plus grande usine du monde et la plus performante. Tous ces projets ont été des fiascos. Aujourd’hui, on va voir Cassino pour apprendre ce qu’il ne faut pas faire en matière d’investissement. Saturn a disparu dans la faillite récente de GM et Daewoo a été reprise par le même GM et sauvé de la sorte de la faillite.
Source : Les Echos, 22 février 2011.