Les entreprises européennes sont assises sur un matelas de près d’un trillion d’euros rapporte le Financial Times du 15 septembre 2014. Un trillion, c’est mille milliards. Et ça ne fait que grimper : en 2007, elles en étaient à quelque 700 milliards. C’est de l’argent inutilisé, largement concentré dans l’industrie manufacturière, là où par excellence il y a production, donc besoin d’investissement Investissement Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
. Tel n’est pas le cas. Ces entreprises préfèrent thésauriser. Cité par le journal, un analyste se hasarde à dire ceci : "Garder du « cash » plutôt que de l’investir marque un changement radical depuis la crise financière, et ce comportement semble s’enraciner pour de bon." Pas de chance pour les jeunes. Sous le titre "De plus en plus de jeunes restent à la maison sans perspectives d’avenir", le Tijd du 10 septembre rapporte que, sur la base de chiffres produits par l’OCDE OCDE Organisation de Coopération et de Développement Économiques : Association créée en 1960 pour continuer l’œuvre de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) chargée de suivre l’évolution du plan Marshall à partir de 1948, en élargissant le nombre de ses membres. A l’origine, l’OECE comprenait les pays européens de l’Ouest, les États-Unis et le Canada. On a voulu étendre ce groupe au Japon, à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, l’OCDE compte 34 membres, considérés comme les pays les plus riches de la planète. Elle fonctionne comme un think tank d’obédience libérale, réalisant des études et analyses bien documentées en vue de promouvoir les idées du libre marché et de la libre concurrence.
(En anglais : Organisation for Economic Co-operation and Development, OECD)
, le nombre de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni à l’étude ni au travail est passé en Belgique de 12 à 15% entre 2008 et 2012 (et c’est 20% à Bruxelles). Ce n’est heureux ni pour eux ni pour personne, signe d’un gâchis généralisé et d’un dégoût pour une société qui le permet. Dans un petit livre publié en 2003 qu’un bel hasard a fait tomber entre nos mains, "Les casseurs de l’État social" (La Découverte), Michel Husson écrit ceci : "Pour la première fois dans l’histoire du capitalisme Capitalisme Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)
contemporain, la situation et les perspectives d’évolution des jeunes sont aujourd’hui dégradées par rapport aux générations antérieures. C’est sans doute l’indicateur le plus net de cette véritable régression que les politiques économiques et sociales du néolibéralisme Néolibéralisme Doctrine économique consistant à remettre au goût du jour les théories libérales « pures ». Elle consiste surtout à réduire le rôle de l’État dans l’économie, à diminuer la fiscalité surtout pour les plus riches, à ouvrir les secteurs à la « libre concurrence », à laisser le marché s’autoréguler, donc à déréglementer, à baisser les dépenses sociales. Elle a été impulsée par Friedrich von Hayek et Milton Friedman. Mais elle a pris de l’ampleur au moment des gouvernements de Thatcher en Grande-Bretagne et de Reagan aux États-Unis.
(en anglais : neoliberalism)
mettent en œuvre." C’était en 2003. En 2014, cela n’a fait qu’empirer. L’affaire a tout l’air d’une gueule d’atmosphère systémique…