Le sentiment d’injustice fait place à la colère en Allemagne. En effet, quelques jours après avoir annoncé son départ pour la Roumanie et ses salaires au rabais, Nokia a publié des résultats records pour 2007, un bénéfice net Bénéfice net Profit déclaré d’une société après avoir payé les intérêts sur les charges financières, comptabilisé les amortissements et réglé l’impôt des sociétés sur les bénéfices.
(en anglais : net income)
de 7,2 milliards en hausse de 67% par rapport à l’exercice précèdent et une action Action Part de capital d’une entreprise. Le revenu en est le dividende. Pour les sociétés cotées en Bourse, l’action a également un cours qui dépend de l’offre et de la demande de cette action à ce moment-là et qui peut être différent de la valeur nominale au moment où l’action a été émise.
(en anglais : share ou equity)
majorée de 23% pour chaque actionnaire Actionnaire Détenteur d’une action ou d’une part de capital au minimum. En fait, c’est un titre de propriété. L’actionnaire qui possède une majorité ou une quantité suffisante de parts de capital est en fait le véritable propriétaire de l’entreprise qui les émet.
(en anglais : shareholder)
. Dans les colonnes du Financial Times du 11 février 2007, le député du parti Die Link Herbert Schui s’insurgeait d’une part contre la décision de Nokia et d’autre part contre le manque de clarté de la politique industrielle européenne. Tout d’abord, si le travailleur allemand est plus cher que son homologue roumain, il rapportait tout de même par année quelque 90.000 euros au groupe finlandais et le bénéfice opérationnel de l’usine de Bochum s’élevait à 134 millions d’euros par an. Pour une entreprise qui vend 1,5 million de GSM par jour et qui contrôle 40% du marché Marché Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
, ce n’est peut-être pas assez.
Ensuite, plus globalement, c’est la politique industrielle de l’Union européenne Union Européenne Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
(UE UE Ou Union Européenne : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
) que vise l’homme politique allemand. En effet, si l’aide public direct, sans autre but que de conserver une entreprise sur un territoire national, est considérée comme une atteinte à la concurrence, les aides structurelles de l’Union aux régions, elles, sont légales mais impliquent aussi une mise en concurrence des territoires au sein de l’Union. Certains pourraient y percevoir un discours aux accents nationalistes. Cependant, dans le chef d’Herbert Schui, il s’agit plutôt de mettre en lumière l’incohérence de la politique européenne dont profitent les multinationales comme Nokia. Voilà ce que cette incohérence donne dans les faits. En 1998 et 1999, le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et le gouvernement fédéral ont investit près de 70 millions d’euros dans le site de Bochum, en échange Nokia s’engageait à atteindre l’objectif de 3.459 emplois à Bochum. Revu à la baisse par la suite (2.860 emplois), l’objectif n’aurait finalement jamais été atteint par le groupe finlandais. Ce dernier estime au contraire être allé au-delà de ces exigences en augmentant graduellement le nombre de ses salariés. Incohérence ensuite ? Car après avoir bénéficié de l’aide financière du Land allemand, Nokia a profité de celle de l’UE à hauteur de 30.000 euros dans le cadre de son installation en Roumanie, aide structurelle à la Roumanie oblige. Cette incohérence entre les politiques des Etats membres et celles de l’Europe a donc conduit au financement public d’une délocalisation Délocalisation Transfert de production vers un autre pays. Certains distinguent la délocalisation au sens strict qui consiste à déplacer des usines ailleurs pour approvisionner l’ancien marché de consommation situé dans la contrée d’origine et la délocalisation au sens large qui généralise ce déplacement à tout transfert de production.
(en anglais : offshoring).
qui n’a in fine aucune répercussion en terme de création d’emploi sur le territoire européen. Par contre, pour la firme finlandaise, c’est un apport de 100 millions d’euros sur 10 ans.

La réponse de la multinationale Multinationale Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
finlandaise ne s’est pas fait attendre. Dans le Financial Times du 13 février 2007, Nokia s’inscrivait en faux contre les propos du député allemand en expliquant que conformément à l’approche en termes de prix de transfert Prix de transfert Établissement de prix entre filiales d’un même groupe, pouvant être sous-évalués ou surévalués en fonction de l’endroit où se situe l’unité : paradis fiscal ou région appliquant une fiscalité sévère.
(en anglais : transfer prices).
(transfer pricing en anglais dans le texte) reconnue par l’UE, ses sites de production sont avant tout des centres de coût et non de profit. Une question alors : pourquoi produire ailleurs qu’en Finlande ?

Sources : Le Financial Times du 11 et du 13 février 2008 et Les Echos du 8 et du 12 février 2008.