Les sujets mis en évidence par le titre de cet exposé peuvent paraître très simples, d’une clarté toute cristalline. En revanche, il semblerait hasardeux de formuler une réponse à ces problèmes. Raison de plus pour faire le point.
La restructuration du travail
Commençons tout d’abord par le thème de la "précarité", un concept flou, bien dans l’air du temps. Il renvoie, d’évidence, à une situation déplaisante dans laquelle on se trouve privé de toute une gamme de sécurités : pas de sécurité d’emploi, pas de sécurité concernant la citoyenneté, absence de normes de vie décente, absence de sécurité sociale, la liste est longue. C’est tendance, c’est un phénomène rampant, c’est un monde – celui que nous connaissions – en train de voler en éclats. Pour faire usage de la vulgate communautaire européenne, ce qui vole en éclats, ce sont les structures mêmes de la "cohésion sociale".
Naturellement, la "précarité" et tout ce qui s’y rapporte ne constituent que les symptômes et les effets visibles d’un phénomène sous-jacent qu’il nous faut définir. On sera bien inspiré, alors, en préférant, plutôt les termes de "dérégulation
Dérégulation
Action gouvernementale consistant à supprimer des législations réglementaires, permettant aux pouvoirs publics d’exercer un contrôle, une surveillance des activités d’un secteur, d’un segment, voire de toute une économie.
(en anglais : deregulation).
du travail" ou encore sa "restructuration".
Nous pouvons considérer cela de manière très simple. Ce que nous avons devant nos yeux est facile à observer. Cela se trouve dans les journaux. Il nous suffit de les lire et de nous en imprégner. Illustration par quatre exemples.
Le premier, et le dernier chronologiquement, est un article paru récemment dans le Wall Street Journal [1]. Il rend compte de la situation particulièrement sombre de l’Allemagne. L’économie de ce pays– la plus puissante d’Europe et la troisième au monde – semble à l’arrêt pour l’instant. La croissance
Croissance
Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production.
(en anglais : growth)
est des plus faibles : 0,4 % au cours du premier trimestre, ce qui équivaut à la moitié de la croissance en Espagne. Les exportations et les profits des entreprises explosent, mais il y a une ombre au tableau : les dépenses de consommation sont au point mort
Point mort
Situation de production et d’utilisation des capacités productives où la firme ne fait aucun bénéfice, ni aucune perte. Cela permet d’évaluer le seuil à partir duquel cette entreprise ou unité est rentable.
(en anglais : breakeven point).
. La population ne dépense plus. En cause : un revenu disponible insuffisant et la crainte des licenciements. Fâcheux. Car la consommation compte pour 60 % du PIB
PIB
Produit intérieur brut : richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
allemand. D’un point de vue macroéconomique, on ne peut pas débrancher la consommation et continuer sans elle. Mais c’est précisément ce que les entreprises allemandes font. Elles ont diminué les salaires et licencié des travailleurs. A qui vendront-elles leurs produits à l’avenir ? Pour le dire crûment, en réalité, à personne.
Le deuxième exemple donnera une image plus parlante du triste sort des travailleurs outre-Rhin. L’article, paru dans le Financial Times [2], est éloquemment titré (traduction libre) : "Le travail en Allemagne, ce n’est plus pour la vie, cela permet tout juste de survivre".. Un titre on ne peut plus parlant. Cela signifie en gros qu’il existe à l’heure actuelle deux marchés du travail en Allemagne. Le premier, le "normal" – très "rigide" selon les économistes libéraux – est constitué de contrats de travail à temps plein et à durée indéterminée. L’autre, comme le journal l’indique, est le résultat de "taux très élevés de non emploi, accentuant la compétition ainsi que les réformes qui au cours des cinq dernières années ont contribué à créer un second marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
du travail, beaucoup moins coûteux tout en étant beaucoup plus flexible".
Les chiffres, ici, valent d’être regardés avec attention : sur les 38,2 millions de personnes travaillant en Allemagne, environ un tiers, 12,3 millions, sont exemptés de contributions à la sécurité sociale à cause de leurs niveaux de salaires très bas : nous avons affaire ici à la seconde forme de main d’œuvre, beaucoup moins chère et "beaucoup plus flexible". Le moins qu’on puisse dire est que ces gens ne sont pas bien payés. Le ministère allemand de l’Emploi a ainsi estimé qu’environ 300.000 travailleurs engagés à temps partiel gagnent si peu qu’ils entrent en fait dans les normes pour percevoir un complément d’allocation de chômage.
D’après un syndicaliste cité par le Financial Times, "ce que ces chiffres montrent, c’est l’incapacité des syndicats à imposer des normes salariales à l’heure actuelle." C’est un défi pour l’avenir. Les syndicats doivent impérativement se réorganiser et retrouver une certaine pugnacité afin de pouvoir imposer non seulement des salaires mais aussi et surtout des conditions de vie décentes acceptables pour tous ceux qui ont été exclus du "premier circuit" du travail. Conclusion provisoire alors que la consommation et donc l’ensemble de l’économie sont au point mort, quand on a près d’un tiers de travailleurs pauvres, pour ainsi dire condamnés au chômage, il s’ensuit que c’est l’Allemagne tout entière qui, dans un processus interne, s’appauvrit et se trouve, par conséquent, presque condamnée au chômage.
Le troisième article nous vient encore du Wall Street Journal [3]. Il nous relate le même type de faits en les restituant dans une perspective plus large. Il donne un aperçu du redressement des profits en Allemagne. Des rapports d’entreprises indiquent des "résultats astronomiques" alors que les salaires payés sont désastreux, puisque 800.000 travailleurs du premier circuit ont perdu leur emploi depuis 2003 et qu’en moins de trois ans, plus de 1.000.000 de travailleurs payant leur cotisation à la sécurité sociale ont été exclus. Cela mène, selon le Wall Street Journal, l’Allemagne à ressembler de plus en plus à une sorte de "bazar économique" désindustrialisé, soit une gigantesque interface commerciale qui conçoit, emballe et vend des produits en grande partie réalisés en dehors du pays. Mais destinés à qui ? À une classe ouvrière qui grossit les rangs des chômeurs et des travailleurs sous-payés ayant peu ou pas de pouvoir d’achat ?
Le dernier article provient encore du Wall Street Journal [4]. Il fait état du "changement sismique" intervenu sur le marché européen du travail, c’est-à-dire du déclin rapide des emplois traditionnels à plein temps causé par la montée en puissance des emplois temporaires et à temps partiel qui sont devenus de nos jours "de loin les gisements les plus importants des nouveaux emplois en Europe". La main d’œuvre à temps partiel représente maintenant un cinquième des forces globales de travail en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Irlande, en Espagne et en Norvège. Aux Pays-Bas, où le gouvernement a appuyé une politique de travail à temps partiel, la part occupée par les emplois à temps partiel est passée de 28 à 36 % de la main d’œuvre observée en une décennie. Soyons un brin provocateurs : est-ce une bonne ou d’une mauvaise nouvelle ? Cela dépend, bien sûr. Les entreprises considèrent ce processus comme un moyen de contourner les rigidités inhérentes au marché du travail européen. Il n’est pas possible d’engager et de licencier à souhait ? Pas de problèmes, il existe toujours la solution d’embaucher de la main d’œuvre à temps partiel ou utilisée à des tâches de remplacement. C’est un système très... très souple. Les travailleurs qui sont soumis à cette "flexibilité" n’ont évidemment pas grand-chose à y gagner. Aussi, cela dépend de quel côté de la barrière vous vous trouvez. Comme en témoigne l’évolution des salaires en France.
Figure 1 Evolution des salaires en France
Tentons de synthétiser
Si nous voulons comprendre et contrer la restructuration de la main d’œuvre, il nous faut voir que la "restructuration du travail"
- 1. convient parfaitement à la pression mondiale qui tend à tirer vers le bas à la fois le niveau des salaires comme les conditions de travail,
- 2. constitue l’un des aspects des attaques livrées contre la classe ouvrière,
- 3. n’est qu’un des nombreux moyens utilisés pour comprimer les salaires et extraire plus de valeur ajoutée
Valeur ajoutée
Différence entre le chiffre d’affaires d’une entreprise et les coûts des biens et des services qui ont été nécessaires pour réaliser ce chiffre d’affaires (et qui forment le chiffre d’affaires d’une autre firme) ; la somme des valeurs ajoutées de toutes les sociétés, administrations et organisations constitue le produit intérieur brut.
(en anglais : added value) en provenance des travailleurs, - 4. a pour effet collatéral de désorganiser le travail et d’affaiblir les syndicats,
- 5. est un élément constitutif d’une concurrence mondiale dressant les travailleurs les uns contre les autres, les peuples contre les peuples, les communautés contres les communautés, les nations contre les nations et – naturellement- last but not least, les oligopoles contre toutes les initiatives économiques, que celles-ci soient de petites "start up", des services publics, des entreprises artisanales voire même des sociétés nationales d’une certaine importance.
Les implications pour les syndicats sont à la fois multiples et complexes. Les organisations représentatives des intérêts du monde du travail doivent en effet trouver de nouveaux moyens pour organiser la solidarité internationale et identifier de nouvelles méthodes leur permettant d’atteindre les jeunes et les exclus, les travailleurs à temps partiel, les intérimaires, le personnel sous-payé, les travailleurs saisonniers ainsi que les femmes travaillant dans des ateliers où elles sont exploitées, tout cela afin d’expliquer à ces différents publics qu’ils constituent les victimes d’un même système d’exploitation et qu’il y a donc nécessité qu’ils s’unissent afin de poursuivre le combat.
Mobilité du travail
A ce stade de l’analyse, notre propos visera essentiellement à mettre en relation la restructuration du travail avec la question des flux
Flux
Notion économique qui consiste à comptabiliser tout ce qui entre et ce qui sort durant une période donnée (un an par exemple) pour une catégorie économique. Pour une personne, c’est par exemple ses revenus moins ses dépenses et éventuellement ce qu’il a vendu comme avoir et ce qu’il a acquis. Le flux s’oppose au stock.
(en anglais : flow)
migratoires (terme auquel nous préférons pour notre part celui de mobilité du travail). Vaste sujet, s’il en est. Il existe des observatoires internationaux ainsi que des armées de chercheurs de par le monde qui ont étudié la "problématique". Comment procéder pour faire à la fois court et simple ? Suggestions d’un profane...
Premier élément de réflexion à ne pas négliger, c’est que ce que l’on entend par émigration couvre en réalité un phénomène plutôt marginal. Sur le plan mondial, le nombre de migrants en 2003 a été estimé à 175 millions d’individus, ce qui représente moins de 3 % de la population mondiale. La plupart ont quitté leur foyer, non pas par choix mais bien plutôt poussés par la guerre, la répression ou la misère. S’ils avaient réellement eu le choix, ils seraient probablement demeurés chez eux.
Jusqu’il y a peu, la norme, pour le dire simplement, voulait que l’humanité soit composée de groupes plutôt sédentaires. Il n’y a pas de cela très longtemps, c’était un postulat courant et accepté. On devrait garder ceci à l’esprit car il y a eu en la matière un changement de cap, un engouement idéologique suggérant que nous devrions tous être libres de parcourir la terre entière en tant que "citoyens du monde", et libres de nous installer comme bon nous semble, et en droit de l’exiger partout, sans nous soucier des frontières entre états. Ceci reflète en grande partie, bien sûr, les désirs éthérés de la "jet set", composée de "fils à papa" pourvus en capitaux de toutes sortes et qui, pour cette raison, peuvent se permettre de voyager. Comme toute idéologie qui se respecte, ce point de vue reflète des tendances économiques plus profondes.
Dans l’ensemble, les théories économiques ayant trait aux flux migratoires reposent sur deux principes. Un principe général et un principe subsidiaire.
Le principe général relatif aux migrations stipule que l’économie libérale s’accommode très bien d’une totale liberté de mouvements des capitaux, des biens et des services, le tout associé, nota bene, à une absence totale de mouvements pour les travailleurs.
En d’autres termes, cette règle permet de produire et de commercialiser des biens dans le monde entier en tirant avantage des pays à bas salaires "immobilisés" et "non flexibles", constituant à l’heure actuelle une source importante de profits.
En 1999, les salaires moyens par heure de travail étaient de 0,25 dollar pour la Chine et pour l’Inde et de 2,09 pour la Pologne. Ils étaient de 19,34 pour la France et de 31,88 pour l’Allemagne [5]. Si l’on désire jouer au jeu du travailleur indien ou polonais, opposé à son homologue français ou allemand, et c’est évidemment de cette manière que les économies libérales procèdent, il n’est nullement désirable que les travailleurs migrent. Ceux-ci sont profitables là où ils résident : ils représentent des "actifs immobilisés", semblables à des biens immobiliers, des pièces inamovibles dans un jeu dont le but ultime consiste in fine de tirer les salaires vers le bas, et ceci partout dans le monde.
De temps à autre, cependant, et pour des raisons spécifiques, l’exportation marginale de forces de travail – à savoir la flexibilité de la main d’œuvre, peut servir le même objectif. Cela, c’est le principe subsidiaire.
Que les choses soient claires sur ce point. Au 18e siècle, on a connu l’exportation massive de travailleurs africains à destination des Etats-Unis d’Amérique, ce qui a concerné environ 60 millions de personnes. On difficilement qualifier ces esclaves de "migrants".. Puis il y a eu l’importation d’une main d’œuvre peu coûteuse issue d’Italie et d’Afrique du Nord, à destination des mines belges, de l’industrie allemande et des projets de construction européens. Il s’agissait cette fois encore de "migrants" du même type, un bétail sous-payé venant booster la croissance des entreprises. Ils partagent une caractéristique avec leurs frères "non migrants" dans la mesure où ils contribuent également à pousser les salaires à la baisse. Aux Etats-Unis, on a estimé que les travailleurs « illégaux » mexicains avaient fait baisser les salaires de la main d’œuvre locale de 8 % [6].
Dans l’Europe élargie, ce thème constitue un sujet particulièrement sensible. Il y a peu, la Commission européenne a demandé à ses états membres de lever toutes les restrictions concernant la flexibilité de la main d’œuvre. Résultats mitigés. La Commission a argué que cela doperait la croissance. Etrangement, à la fois la Confédération européenne des syndicats et le lobby
Lobby
Groupement créé dans le but de pouvoir influencer des décisions prises habituellement par les pouvoirs publics au profit d’intérêts particuliers et généralement privés. La plupart des lobbies sont mis en place à l’initiative des grandes firmes et des secteurs industriels.
(en anglais : lobby)
représentant les intérêts des entreprises sont parvenus à la même conclusion.
Petit bémol. Comme le Financial Times l’a récemment souligné, citant à cet égard la Banque d’Angleterre, l’afflux de main d’œuvre immigrée "a contribué à limiter les hausses de salaires" et le chômage de longue durée des jeunes "s’est accru de 60 %", ce qui laisse entendre que "les jeunes Britanniques sont perdants dans la compétition qui les oppose aux jeunes travailleurs immigrés" [7]. Ce que l’on doit garder à l’esprit, ici, c’est que le petit discours idéologique vantant les mérites de la citoyenneté mondiale, du "village global" et d’un marché global mondialisé privé de frontières nationales, constituent tous des exigences des milieux d’affaire ayant pour but d’asseoir les privilèges du "happy few" et d’assurer au marché un approvisionnement en travailleurs à importer ou à exporter et de préférence taillables et corvéables à merci.
Au vu de tous ces éléments on comprendra que les migrations impliquent de facto la recherche tous azimuts pour les migrants de conditions de vie décentes mais aussi un degré de compétition plus grand parmi les travailleurs, ce dernier élément posant problème dans le travail de syndicalisation. Il importe d’en discuter avec un esprit critique et ouvert.
Resynthétisons. Si nous désirons comprendre et dans le même temps nous opposer à la mobilité/dépréciation du travail, nous devons impérativement voir que :
- la mobilité du travail s’inscrit dans les procès de restructuration du travail sur le plan mondial en vue d’une concurrence accrue entre les travailleurs,
- les syndicats ont besoin en premier lieu d’imposer les droits fondamentaux au travail décent au plan national,
- et, si ce n’est pas possible, d’imposer le droit à une égalité des salaires et des statuts des travailleurs nationaux et migrants tel que prescrit par la convention 143 de l’organisation internationale du travail
Organisation internationale du Travail
Ou OIT : Institution internationale, créée par le Traité de Versailles en 1919 et associée à l’ONU depuis 1946, dans le but de promouvoir l’amélioration des conditions de travail dans le monde. Les États qui la composent y sont représentés par des délégués gouvernementaux, mais également - et sur un pied d’égalité - par des représentants des travailleurs et des employeurs. Elle regroupe actuellement 183 États membres et fonctionne à partir d’un secrétariat appelé Bureau international du travail (BIT). Elle a établi des règles minimales de travail décent comprenant : élimination du travail forcé, suppression du labeur des enfants (en dessous de 12 ans), liberté des pratiques syndicales, non-discrimination à l’embauche et dans le travail… Mais elle dispose de peu de moyens pour faire respecter ce qu’elle décide.
(En anglais : International Labour Organization, ILO) (OIT OIT Organisation internationale du Travail : Institution internationale, créée par le Traité de Versailles en 1919 et associée à l’ONU depuis 1946, dans le but de promouvoir l’amélioration des conditions de travail dans le monde. Les États qui la composent y sont représentés par des délégués gouvernementaux, mais également - et sur un pied d’égalité - par des représentants des travailleurs et des employeurs. Elle regroupe actuellement 183 États membres et fonctionne à partir d’un secrétariat appelé Bureau international du travail (BIT). Elle a établi des règles minimales de travail décent comprenant : élimination du travail forcé, suppression du labeur des enfants (en dessous de 12 ans), liberté des pratiques syndicales, non-discrimination à l’embauche et dans le travail… Mais elle dispose de peu de moyens pour faire respecter ce qu’elle décide.
(En anglais : International Labour Organization, ILO) ).
(Texte prononcé le 27 mai 2006 en Slovénie lors d’un séminaire regroupant une trentaine de syndicalistes belges, slovènes, turcs, bulgares, roumains et croates.)
Pour citer cet article :
Erik Rydberg, "Mobilité et restructuration du travail", Gresea, mai 2006. Texte disponible à l’adresse :
http://www.gresea.be/spip.php?article1671