Lors d’un séminaire sur le pouvoir d’achat et la précarité [1] organisé par le Cepag à Namur, le vendredi 30 mars 2012 ; Christine Mahy (Réseau wallon de lutte contre la pauvreté) a rappelé que les non paiements de loyer connaissent un pic en septembre. Logique, c’est la rentrée scolaire et cela coûte cher. Quand les gens doivent tirer le diable par la queue, ils font comme ils peuvent. Jongleries de la misère. Le même jour, la RTBF informait de l’action syndicale contre le patron de Bekaert qui a vu son salaire augmenté de 32% pour atteindre 150.000 euros par mois (4,5 millions d’anciens francs belges). C’est près de 160 fois le revenu minimum. Bekaert, c’est naturellement un peu spécial. L’entreprise vient d’annoncer une restructuration supprimant 609 travailleurs sur 2.700 – et, pour 2011, un bénéfice net de 193 millions donnant droit à un joli dividendeDividendeRevenu de la part de capital appelé action. Il est versé généralement en fonction du bénéfice réalisé par l’entreprise.
(en anglais : dividend). Là, c’est tendance. En 2012, les sociétés cotées belges distribueront 6,2 milliards en dividendes, en hausse de 10% comparé à l’année dernière [L’Écho, 31 mars 2012]. Cela correspond à 82% des bénéfices nets (en 2011, c’était 46%). La crise, c’est tout relatif. Aux 6,2 milliards, on pourrait ajouter les 34,3 millions versés aux dix-sept PDG du Bel 20, où le patron de Bekaert (1,8 million) fait figure de gagne-petit aux côtés des 4 millions des PDG de l’UCB et de GBL [c’est encore L’Écho, 31 mars 2012]. Cela fait en tout, actionnaires et PDG, un peu plus de 6,5 milliards – à un moment où les gouvernements de la zone euro cherchent de l’argent pour boucler leur budget : en Belgique, c’est 11,3 milliards d’ici à 2015 [en Une de L’Écho, 3 avril 2012] De l’argent, il y en a. Voici peu, le journal français Les Échos titrait sur le "cash pléthorique" des entreprises : en Europe, la trésorerieTrésorerieCe qu’un acteur économique, souvent une entreprise, dispose comme actifs directement disponibles, c’est-à-dire dans ses caisses ou sous forme de comptes bancaires utilisables.
(en anglais : cash) brute des dix plus grosses sociétés avoisine les 61,6 milliards d’euros [28 mars 2012] tandis que, de son côté, le Financial Times, soulignait que les poids lourds parmi les sociétés transnationales sont assis sur une montagne de cash : quelque 3,16 billions d’euros [FT, 28 mars 2012]. Billion, c’est douze zéros, c’est compter en milliers de milliards. Et ils ne savent trop qu’en faire. On pourrait peut-être les taxer un peu et mieux répartir. Dans son bouquin "Comment osent-ils ?" [éditions Aden, 2012, p. 260], Peter Mertens donne un petit chiffre : si les richesses du monde étaient réparties démocratiquement, autant pour chaque ménage, cela ferait pour toutes les familles qui peuplent la Terre un revenu mensuel de 2.072 euros. Actuellement, on est à l’autre extrême – 0,5% de la population mondiale adulte raflant 38,5% des richesses. La crise, c’est tout relatif.
Que faire ? L’interrogation n’est pas neuve. Elle obéit au moment historique qui est le sien. Aujourd’hui, en fil rouge, une énième proclamation de la "mort annoncée" du Système (capitaliste) avec, depuis Seattle, 1999, mettons, voire Porto Alegre, 2001, une salutaire repolitisation des esprits. Elle trouve son expression la plus radicale, et binaire, dans l’opposition entre l’élite du 1% et la masse des 99%. La contestation est cependant plus que jamais désunie et fragmentée, c’est presque sa marque (...)
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