Le 6 mai 2011, le tribunal de grande instance de Paris a délivré une assignation pour contrefaçon à Google, tant la maison mère que la filiale française. En cause, le piratage de quelque 9.797 livres provenant des fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
Gallimard, Albin Michel et Flammarion en vue de les reproduire illégalement en ligne sur le site commercial Google Livres. Les trois éditeurs réclament 9,8 millions d’euros en dédommagement et peuvent, pour cela, s’appuyer sur un précédent récent. Voici peu, en effet, le groupe La Martinière s’est vu octroyer par le même tribunal la somme de 300.000 euros pour violation du droit d’auteur par Google, qui avait reproduit 300 ouvrages de cet éditeur. Dans ce domaine, fort de sa puissance, Google mène une politique du fait accompli : un vol systématique au vu et au su de tous. Avec des arguments qui laissent pantois : la multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
américaine dit reproduire uniquement des livres qui ne sont plus commercialement disponibles. Google chercherait actuellement, à l’instar de la stratégie poursuivie aux Etats-Unis, de conclure un accord cadre avec l’ensemble des éditeurs français, via le Syndicat National de l’Edition. Pour y arriver, il suffit sans doute d’y mettre le prix (les trois éditeurs, on l’aura remarqué, n’ont pas demandé l’interdiction des éditions "googelisées" mais d’être tout simplement dédommagées). L’argent a cette vertu particulière qu’elle peut tout acheter, même le droit d’auteur, qui se verrait dès lors privatisé.
Source : Les Echos du 12 mai 2011.
Sur les mêmes thèmes
Autres articles de Erik Rydberg
Que faire ! - 25/01/2017
Que faire ? L’interrogation n’est pas neuve. Elle obéit au moment historique qui est le sien. Aujourd’hui, en fil rouge, une énième proclamation de la "mort annoncée" du Système (capitaliste) avec, depuis Seattle, 1999, mettons, voire Porto Alegre, 2001, une salutaire repolitisation des esprits. Elle trouve son expression la plus radicale, et binaire, dans l’opposition entre l’élite du 1% et la masse des 99%. La contestation est cependant plus que jamais désunie et fragmentée, c’est presque sa marque (...)
Lire la suite »
Cela se présente plutôt mal - 30/05/2016
Dans son tour d’horizon des fondamentaux de l’économie occidentale, titré "Quatre raisons pour craindre que les bons temps touchent à leur fin", John Authers colore les perspectives pour le secteur des pensions d’assez sombres couleurs. Un jeune battant dans la trentaine qui commence à cotiser à un fonds de pension, dit-il, peut s’attendre à travailler sept années de plus pour obtenir la pension attendue. Un exemple parmi d’autres. Et conclut : "Le risque que beaucoup n’arriveront pas, devenus vieux, à (...)
Lire la suite »
La réduction du temps de travail : essai d’abécédaire - 18/05/2016
Retour de flamme (petit point d’actu). On ne mettra pas sur le compte du hasard que des projets de loi en France socialiste et en Belgique libérale (lois dites El Khomri et Peeters, respectivement, du nom de leur agent ministériel), se soient fait jour quasi de concert. Elles sont parfaitement en phase avec la ligne politique patronale "compétitive" de l’Union européenne, dont la préoccupation majeure, pour ne pas dire obsessionnelle, est de "réformer le marché du travail". Faire travailler plus (...)
Lire la suite »
Volkswagen, un crash en ralenti - 26/04/2016
La publication des résultats 2015 de Volkswagen n’a pas manqué de faire du bruit. Perte nette sèche de 1,6 milliards d’euros, soit quelque 64 milliards de nos anciens francs belges – et son premier déficit depuis 1993, sa plus grosse perte en 79 années d’existence. C’est comme on dit "suite et pas fin" de la saga du logiciel truqueur (installé sur 11 millions de véhicules, pour mémoire), dont les tracas judiciaires ont obligé le constructeur allemand à provisionner 16,2 milliards d’euros pour débours et (...)
Lire la suite »