Cela ne fait naturellement pas plaisir. Chez les publicitaires, on veut dire. En septembre 2007, la ville de Sao Paulo, au Brésil, a pris un règlement interdisant les panneaux publicitaires. Clear Channel, le numéro un mondial de cette forme de pollution visuelle a attaqué la décision en justice. Ce serait anticonstitutionnel, prétend la société. "Aux Etats-Unis, détruire du business serait sans conteste illégal" a-t-elle cru bon de préciser. L’ennui, c’est que ce n’est pas aux Etats-Unis et que cela commence à faire tendance. La ville de Bergen, en Norvège, les a interdits aussi. A Moscou, on veut réduire, la taille et le nombre. Idem encore dans quatre Etats américains : interdiction dans le Vermont, le Maine, Hawaï et en Alaska. "Ce n’est peut-être que le début," commente le rival, et pollueur visuel mondial numéro deux, JCDecaux. Qui, cependant, aurait déjà trouvé la parade : venir activement en aide aux municipalités pour combattre la publicité sauvage, laquelle, précise JCDecaux, "détourne l’attention des panneaux autorisés". Tant de candeur émeut. Là-dessus, un argument sans doute plus convaincant : plus il y a de publicités dans l’espace urbain, souligne JCDecaux, moins les autorités locales seront enclines à se priver de cette source de revenus... Dans la hiérarchie des normes, la loi de l’argent occupe en effet une place qui surplombe toutes les autres. (Voir encore, sur le sujet, le site antipub américain http://www.commercialalert.org/ en anglais et, en Belgique, la campagne "Notre cerveau n’est pas à vendre" des Equipes populaires http://www.e-p.be/index2.php ).

Source : The Economist, 13 octobre 2007.