Depuis 1993, 30.000 paysans équatoriens, rassemblés sous la bannière de la "Coalition de défense de l’Amazonie", poursuivent en justice la majore américaine du pétrole, Chevron. Selon cette coalition, Texaco, filiale de Chevron depuis 2001, aurait en dépit de tous les standards environnementaux de l’époque pollué les forêts et les cours d’eau du Nord de l’Equateur. Pour les experts indépendants nommé en 2008 par le tribunal équatorien, Texaco serait à l’origine d’un des plus grands désastres écologiques et sanitaires connus à ce jour. La firme américaine rejette pour sa part la responsabilité sur l’entreprise publique Petroecuador, coupable de ne pas avoir assaini les quelque 900 puits vieillissants, laissés à l’abandon par Texaco lors de son départ du pays en 1992. Tant que l’écho des protestations des paysans équatoriens s’arrêtait aux frontières des Etats-Unis, la stratégie de Chevron se limitait à multiplier les tracasseries administratives et les pressions politiques afin d’empêcher la tenue du procès. Cependant, voilà que, le 3 mai 2009, un reportage mettant en cause Chevron dans la disparition de certaines communautés indigènes en Equateur est diffusé sur la chaîne de télévision américaine CBS. Des citoyens américains apprenant qu’un de leur fleuron se soustrait aux lois américaines et internationales lorsqu’il est actif dans le Sud : intolérable. Par riposte, Chevron louera un ancien journaliste de CNN, Gene Randall, pour réaliser et présenter un "contre-reportage" dépeignant le groupe pétrolier américain comme victime d’une campagne de désinformation. Le reportage de la CBS a été vu par près de 12 millions de téléspectateurs alors que la vidéo "made in Chevron" n’a reçu que 2.000 visites sur le site YouTube…Très critiqué par le New York Times, l’initiative aura au moins permis d’accentuer la publicité autour du combat mené par les paysans amazoniens. En effet, les mécontents, aujourd’hui, ne se comptent plus seulement parmi les victimes des pratiques de la multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
américaine. Ainsi, le mercredi 27 mai, lors de l’assemblée générale du groupe, CalPERS, le plus grand fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
de pension américain, qui détient près de 7,7 millions d’actions Chevron, a tenté de faire voter une résolution reconnaissant les manquements de Chevron en Equateur et mettant en cause son équipe de direction.
Source : International Herald Tribune du 12 mai 2009 et le Financial Times du 27 mai 2009.