C’est peut-être une bonne nouvelle pour ArcelorMittal. L’Association chinoise du fer et de l’acier (Cisa) a refusé de revenir le 31 mai 2009 sur son exigence de voir, sur les marchés, baisser d’environ 45% le prix d’achat du précieux minerai, dont la Chine est le premier consommateur mondial. Pour mémoire, son prix a grimpé de 500% au cours des six dernières années. ArcelorMittal et son empire (304.000 travailleurs, dont 120.000 en Europe) n’en demeure pas moins ébranlé. Laksmi Mittal, jusqu’il y a peu troisième fortune au monde (il a claqué 55 millions d’euros pour marier sa fille à Versailles en 2004) et qui contrôle encore 40% du conglomérat
Conglomérat
Société constituée en groupe vaste possédant des départements et des divisions dans plusieurs secteurs d’activités différents.
(en anglais : conglomerate)
, table sur 9.000 départs volontaires et, en attendant des temps meilleurs, grâce à une augmentation de capital
Capital
Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
de 2,3 milliards d’euros, la mise à l’arrêt "provisoire" de 16 de ses 25 hauts fourneaux, dont celui de Liège. Cela explique les chahuts. Lors de la présentation au Grand Duché des comptes annuels (résultat net 2008 : 6,4 milliards d’euros), des métallos ont convergé pour ternir la fête. Une semaine plus tard, à Namur, ils étaient 5.000, à l’appel des Métallurgistes Wallonie-Bruxelles (FGTB) pour protester contre la convention sectorielle 2009-2010, qui prévoit des salaires inférieurs à la norme minimale interprofessionnelle. Des frémissements annonciateurs d’autres grabuges. Car Mittal prévoit de redémarrer les hauts fourneaux en commençant par ceux qu’ils jugent les plus compétitifs. Ceux de Liège "coûtent" environ 100 euros supplémentaires à la tonne d’acier produite : à bon entendeur. (Liège figure, aux côtés d’Ostrava, de Brême, de Cleveland et de Weirton, parmi les cinq jugés les moins rentables, à l’opposé du tiercé gagnant constitué de Termitau, Vitoria, Kryvyi Rih, Vanderbijl Park, Burns Harbour et... Gand). Plus compétitifs pour faire quoi ? Entre autres, pour tirer Mittal d’affaire, le sortir de son surendettement. Car le prix payé (à crédit) pour racheter Arcelor en 2006, 27 milliards d’euros, explique largement la dette de 18,8 milliards qui, aujourd’hui, hypothèque la viabilité du groupe – il ne pesait, en mars 2009, plus "que" 14,7 milliards d’euros à la Bourse
Bourse
Lieu institutionnel (originellement un café) où se réalisent des échanges de biens, de titres ou d’actifs standardisés. La Bourse de commerce traite les marchandises. La Bourse des valeurs s’occupe des titres d’entreprises (actions, obligations...).
(en anglais : Commodity Market pour la Bourse commerciale, Stock Exchange pour la Bourse des valeurs)
: s’il lui fallait rembourser, il lui manquerait 4,1 milliards, 28% de sa valeur actuelle... On a toujours intérêt, étant travailleur dans une multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
, d’en connaître l’endettement. Cela explique beaucoup de choses...
Source : La Libre Belgique du 12 février 2009, Le Figaro du 18 mars 2009, Le Canard Enchaîné du 15 avril 2009,
International Herald Tribune du 13 mai 2009, De Tijd du 20 mai 2009, Financial Times du 1er juin 2009 et archives Gresea.