En début d’année, traditionnellement, on forme des vœux. 2006 manque singulièrement encore de consistance et, donc, on se reportera au souhait exprimé par Samir Amin lors du colloque que le GRESEA organisait en mai 2005 au Parlement fédéral. Il faut prioritairement, disait-il, "infliger une défaite militaire à l’impérialisme américain." Des gens s’y emploient, mais assez peu en nos contrées. Le souhait reste donc plus que jamais d’actualité. Il invite à un devoir de mémoire et à un devoir de dénonciation. Devoir de mémoire : rappeler, comme l’a fait Robert Fisk , qu’avant de promouvoir la "démocratie" en Irak (entendre , souligne Fisk : redessiner la carte du Moyen-Orient), les États-Unis et la Grande-Bretagne l’ont tuée en 1953 en Iran : c’était l’opération "Ajax" qui renversera, par des "émeutes populaires" téléguidées, le Premier ministre démocratiquement élu, Mohammed Mossadeq, coupable d’avoir voulu nationaliser le pétrole. Le pétrole, déjà... Et devoir de vigilance et de dénonciation, primordial en ces temps de guerre idéologique poussant au "dé-politiquement correct" : l’Afghanistan, on le sait, était devenu un fardeau pour les "libérateurs" américains, qui ont donc refilé la patate à l’OTAN. Elle y joue son petit rôle de gendarme normalisateur avec le concours de quelque 30 nations unies par le désir de plaire - ou de ne pas déplaire - à Washington. On a souvent critiqué les relations équivoques entre petits soldats de l’humanitaire et forces d’occupation. Ici, c’est pire. Car l’OTAN - confusion suprême des genres - circule en Afghanistan en jeeps blanches. Faut-il ensuite s’étonner que l’Occident ne suscite partout que haine et mépris ? Le spectateur est un traître, disait Franz Fanon.