Cette conférence est la première d’un cycle de deux conférences sur l’évasion fiscale.

En replaçant l’expansion de la finance offshore internationale dans l’histoire des places financières, du système monétaire, des relations extérieures et des tensions politiques internes, cette conférence a pour objectif de permettre une lecture matérialiste des évènements survenus depuis l’éclatement de la crise des subprimes (2007-2009). Alors que les autres États européens mettaient en place une fiscalité contraignante pour financer leur reconstruction, des pays restés neutres durant la première guerre mondiale (les Pays-Bas, la Suède et en premier lieu la Suisse) ont maintenu un régime accommodant aux capitaux étrangers. Nous aborderons rapidement les éléments politiques et économiques majeurs du début du XXe siècle, pour nous centrer sur la période post-seconde guerre mondiale.

Le cœur du propos sera de montrer comment l’économie mondiale est passée d’une situation de contrôle des mouvements internationaux de capitaux , de quasi-monopole du paradis fiscal Paradis fiscal Territoire qui bénéfice d’un avantage fiscal (ou plusieurs) par rapport aux tarifications habituellement en vigueur à l’étranger. Le gain peut être un impôt très faible, voire inexistant, sur les hauts revenus, sur les frais d’enregistrement ou administratifs, sur le patrimoine.
(en anglais : tax havens)
suisse et d’une taxation croissante des hautes fortunes et des entreprises à une généralisation des pratiques de transfer pricing, de compétition fiscale internationale et d’une extension mondiale de pratiques offshore. Tout au long du XXe siècle, au fil des négociations internationales et des évolutions de tensions politiques, les dirigeants suisses et britanniques ont d’autant mieux défendu leurs positions respectives que l’attractivité de ces pays pour les capitaux étrangers avait une incidence majeure sur l’économie et la politique de leurs voisins et qu’ils devenaient un maillon de la globalisation financière. L’expansion des marchés des eurodollars, l’effondrement du système de Bretton Woods Bretton Woods Ville du New Hampshire près de la côte Est des États-Unis. En juillet 1944, s’est tenue, au Mount Washington Hotel, une conférence internationale pour bâtir un système financier solide pour l’après-guerre. La délégation américaine était menée par Harry Dexter White, la britannique par l’économiste John Maynard Keynes. Ce sommet a reconfiguré le système monétaire international jusqu’en 1971. Selon les accords, toutes les devises étaient échangeables en dollars à taux fixe. Seul le dollar était convertible en or au taux fixe de 35 dollars l’once. Et un organisme est créé pour aider les pays qui ont des problèmes avec leur balance des paiements : le Fonds monétaire international (FMI).
(en anglais : Bretton Woods system)
, les crises pétrolières, l’abolition généralisée des contrôles de capitaux internationaux, les crises financières sont autant de bouleversements qui ont façonné l’architecture de la finance offshore actuelle.

* Conférencier : Benjamin Peeters (doctorant en économie à l’Université Saint-Louis - Bruxelles sur les questions de politique monétaire et membre de Rethinking Economics Belgium)