Cas d’école que la descente aux enfers, dumping aidant, de l’industrie textile zambienne. Autrefois, la Zambie disposait d’une industrie textile importante. Dans les années 90, une politique d’ouverture tous azimuts pour se mettre en conformité avec le FMI FMI Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
et la Banque mondiale Banque mondiale Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
, aura cependant des conséquences catastrophiques. En effet, depuis, le commerce de vêtements de seconde main (issus des "rebus" américains et européens) a pris une ampleur considérable et, le prix de vente de ces vêtements d’occasion étant inférieur au prix de vente des vêtements fabriqués en Zambie, il a entraîné la quasi disparition de l’industrie textile du pays. En 8 ans, 30.000 emplois sur 34.000 ont été perdus. La Zambie, comme d’autres États africains, a une histoire post-coloniale originale : indépendant en 64, le pays mène d’abord une politique "étatiste" : il nationalise certains secteurs comme les mines et instaure la gratuité pour les soins de santé et l’enseignement primaire. Lors de l’effondrement des cours du cuivre en 73, cependant, le Fonds Monétaire International (FMI) accepte d’accorder un prêt au gouvernement zambien dirigé par Kaunda. Le cours du cuivre ne se rétablira pas. Le pays contractera une dette très importante et, en 91, se verra obligé d’adopter les réformes libérales prônées par le FMI et la Banque mondiale. En 2000, plus de 300 entreprises nationales sont vendues à des investisseurs privés. Le résultat ? 325.000 emplois sur 800.000 disparaissent. Aujourd’hui, huit Zambiens sur dix survivent avec moins d’un dollar par jour.

Source : "Zambie : le dépotoir", par Jon Peter, paru dans le Washington Post en avril 2002 et traduit en français par le CADTM (texte intégral : http://users.skynet.be/cadtm/pages/francais/zambieledepotoirjonpeter.htm)