L’information est courte mais, dans brièveté, évocatrice. Le débrayage des 1.500 travailleurs russes de l’usine Ford à Vsevolozhsk (région de Leningrad) a démarré dans la nuit du lundi au mardi (19-20 novembre 2007), à minuit pile. C’est une heure où peu songent à entamer un bras de fer. Nuit noire, le fracas des chaînes fait place à un front, à un bloc de silence, bras croisés. Ils veulent une augmentation salariale, 30% environ, et une réduction du travail de nuit, qu’ils veulent voir ramené de 7,5 à 6,5 heures. C’est la troisième grève en un an. Il y a eu celle, d’avertissement, le 7 novembre, après trois mois de négociations patron-syndicats, et puis celle de février 2007, au terme de laquelle ils avaient obtenu des augmentations allant de 14 à 20%. Là, ils remettent cela. Nous disons "ils" mais, dans l’usine silencieuse, il y a sans doute aussi des ouvrières. Les chaînes de Vsevolozhsk "crachent" 300 Ford Focus par 24 heures. La direction a annoncé, un peu comme Sarkozy en France, qu’elle ne négociera pas tant que durera la grève. Le comité de grève n’a fixé à celle-ci aucun terme, elle ferait perdre à Ford entre 4 et 6 millions de dollars par jour de production perdu. (L’information est aussi brève que peu diffusée : elle a échappé aux radars tant des Echos que du Financial Times et du Soir, par exemple.)
Source : Wall Street Journal du 21 novembre 2007 (complété par une dépêche de la veille, mise en en ligne par l’Agence Itar-Tass).
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