Le "mobilier urbain" est, depuis longtemps déjà, un business. L’Etat, désargenté, a confié au privé le "coloriage" commercial de l’espace public. On connaît l’exemple des "abribus". Ils ont été cédés à la multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
française JCDecaux. En échange d’une autorisation d’y placer des publicités, le groupe prend possession de l’arrêt, y érige une construction légère en verre et métal avec un semblant de banc, pas chère, censée protéger les voyageurs de la pluie et du vent. Partenariat public-privé. Mais il y a un problème. Le droit accordé à JCDecaux de barioler l’espace public d’un évangile commercial se heurte à la liberté d’expression des éléments incontrôlables de la Cité. Qui taguent, qui contre-bariolent les précieuses affichettes publicitaires. Dans le langage de JCDecaux, c’est du "vandalisme" : ils n’ont pas payé pour avoir le droit de s’exprimer, donc, ils n’y ont pas droit. JCDecaux a trouvé une parade. Il a développé un prototype de système de "vidéosurveillance", robuste et "intelligente", du flicage "high tech", relié à un PC central, pour alerte et intervention. Il sera intégré dans les 1.800 nouveaux abribus de Milan (Italie). Si cela marche, le système sera sans doute installé partout. Partout, merci de sourire : vous êtes filmés.
Source : l’Usine Nouvelle, 1er mars 2007.
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