"Puisqu’il est là, ce qui importe désormais est d’arriver à le maîtriser." Cueilli au vol, le jugement est d’Olga Zrihren, sénatrice PS, lors du colloque organisé à son invitation ce vendredi 18 septembre 2015 sur la question de l’apprentissage du lire et de l’écrire. À une époque, donc, où : terminé, tout passe des petits écrans, tablettes, dumbphones, etc. On comprend dès lors mieux la position de Ms Zrihen : le fait est là, faisons avec, pour un mieux. Pourquoi non ? Idem dans les associations spécialisées dans l’aphabétisation, dont on entendra Fabien Masson (Lire et écrire) dire que l’écolage reste fidèle à une initiation par l’écriture sur papier, tout en faisant sienne, cependant et néanmoins, la priorité d’une réduction de la "fracture numérique" préconisée par l’Union européenne Union Européenne Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
(les subsides du Fonds Fonds (de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
social européen n’y sont pas pour rien). Tonalité proche chez son collègue Frédéric Maes (Collectif Alpha), mais nettement plus critique. Lorsqu’il alphabétise, il pose la question : "Donnez-moi les bonnes raisons pour utiliser le numérique. Ensuite, donnez-moi en les mauvaises raisons." Au second volet de la question, son petit public est un peu perdu. Quoi ! Y en aurait de mauvaises ? De l’utilité de faire gamberger son auditoire… Un académique CNRS en neurosciences de Marseille, Jean-Luc Velay, viendra parler des performances du cerveau selon qu’il traite des mots tracés à la main ou par l’entremise d’un clavier. Il accordera la supériorité aux premiers (ce qu’une étude PISA vient de confirmer, cfr. L’Écho du 15/9/15 [1]) mais il aura cette phrase : "Est-il légitime d’enseigner l’écriture manuscrite aux écoliers ?" Légitime ? On croit rêver. Sans pour autant s’étonner : il est assez significatif que, sur la question, la dimension économique en soit tout à fait absente, soit le fait que, derrière la fracture dite numérique, il y a lutte à mort, économique, entre deux industries, celle du numérique (le complexe Gafam, Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et, en vis-à-vis, celle du livre [2]. La première peut s’offrir des colloques, l’autre pas. La première à l’oreille des pouvoirs publics, l’autre pas. La première peut s’offrir des "idiots utiles" en tous genres vantant la camelote, l’autre pas. Ce n’est en réalité pas beaucoup plus compliqué que cela.

Notes

[1Notons, reproduit dans L’Écho, ce passage du rapport Pisa : "Les pays qui ont consentis d’importants investissements dans les TIC dans le domaine de l’éducation n’ont enregistré aucune amélioration notable des résultats de leurs élèves en compréhension à l’écrit, en maths et en science."

[2Sur la question, voir http://www.gresea.be/spip.php?article1288