Les temps sont durs même pour l’industrie des cosmétiques. Et le "lipstick index" connaît des ratés. Lipstick index ? C’est une vieille théorie managériale voulant qu’en temps de récession
Récession
Crise économique, c’est-à-dire baisse du produit intérieur brut durant plusieurs mois au moins.
(en anglais : recession ou crisis)
et de paupérisation, les ventes de rouge à lèvres – lipstick en anglais – caracolent : quand les femmes n’ont que des patates et des pâtes à manger, elles compenseraient en se donnant l’illusion d’être belles. Mais, là, non. Le résultat de L’Oréal au quatrième trimestre 2008 est désastreux, les marchés de la beauté s’effondrent aux États-Unis et stagnent en Europe, les gens se détournent des produits de luxe, etc. Le bénéfice net 2008 de L’Oréal a beau avoir aligné 2 milliards d’euros, c’est... une chute de 27% comparé à 2007. Donc, on réagit. Comment ? En comprimant les coûts, en restructurant, en se recentrant sur certains marchés. Les embauches ont été gelées et deux usines ont été fermées, à Monaco (198 travailleurs à la rue) et au Pays de Galles (260), tandis que, aux États-Unis, on en vire 500. Maintenant, il faut relativiser. Les actionnaires, eux, n’auront pas à se plaindre. Les dividendes ne seront pas sacrifiés. Cette manne (41% des bénéfices, soit quelque 820 millions d’euros) ira consoler les deux principaux actionnaires des déboires – passagers, forcément passagers, se dit-on sans doute en ces salons – de L’Oréal : Liliane Bettencourt (32% du capital
Capital
Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
) et Nestlé (30%). Dans la presse, où on prédit que les profits de L’Oréal resteront déprimés pendant de longues années, on suggère que cet argent aurait sans doute "été mieux utilisé à l’intérieur du groupe". Des rabat-joie, les journalistes.
Source : Le Monde du 19 février 2009.