Avec un chiffre d’affaires Chiffre d’affaires Montant total des ventes d’une firme sur les opérations concernant principalement les activités centrales de celle-ci (donc hors vente immobilière et financière pour des entreprises qui n’opèrent pas traditionnellement sur ces marchés).
(en anglais : revenues ou net sales)
2006 de 17,3 milliards d’euros, une valeur boursière de 30 milliards d’euros et 104.000 employés (2.300 en Belgique), Ikea est sans doute une des multinationales les mieux connues du monde (458 millions de clients), et une des plus secrètes. Nul ne l’ignore. Ses finances "disparaissent" dans le trou noir de la Fondation Ingka, de droit néerlandais, qui chapeaute l’ensemble, d’origine suédoise. Même anonymat chez son fondateur Ingvar Kamprad, 2e fortune mondiale, exilée en Suisse, qui refuse toute interview depuis 1973. Sa décision, à 80 ans, d’en accorder une, publiée dans De Tijd, rend ses propos d’autant plus précieux. Au sujet de la non-transparence des comptes d’Ikea, pour commencer, qui permet à la société, dit Kamprad, d’être immunisée contre "la pression des investisseurs et des analystes". Contre les spéculateurs, donc, les requins de la finance. Qui s’en plaindrait ? La vie des entreprises, ce n’est jamais blanc ou noir. Parfois, naturellement, c’est noir. L’expansion internationale d’Ikea, dont la Pologne fut en 1963 le marchepied (et sous-traitant) ? Pour mémoire, elle visait, à l’origine, à contourner un boycott des fabricants de meubles suédois. C’était la mondialisation, déjà, sous son aspect brise-grève et mise en concurrence des travailleurs. En même temps, en 2006, comme souligne Kamprad, Ikea a créé 10.000 emplois en Chine, et peu avant, revitalisé la région en voie de dépeuplement de Happaranda, au nord de la Suède, en y ouvrant, contre toute rationalité économique facile, un magasin de 24.000 mètres carrés. "Nous travaillons au long terme. Nous avons tout notre temps", dit Kamprad. Ni blanc, ni noir.

Source : De Tijd, 27 janvier 2007.