Là, c’est presque un conte de fées. L’économie parallèle conçue par le banquier Goldman Sachs (un des intermédiaires privilégiés de la dette publique Dette publique État d’endettement de l’ensemble des pouvoirs publics (Etat, régions, provinces, sécurité sociale si elle dépend de l’Etat...).
(en anglais : public debt ou government debt)
belge) a en effet de quoi faire les délices des amateurs de romans policiers. Goldman, pour mémoire, c’est 32.400 salariés et un portefeuille Portefeuille Ensemble de titres détenus par un investisseur, normalement comme placement.
(en anglais : portfolio).
de 940 milliards de dollars (2013), par ailleurs connu pour avoir bidouillé la comptabilité nationale de la Grèce afin de permettre à celle-ci de rejoindre la zone euro. Mais, donc, voici : en 2007, un fonds Fonds (de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
spéculatif ad hoc baptisé Whitehall mis en place par Goldman met la main sur une chaîne hôtelière états-unienne pour 2,2 milliards de dollars (pas cash : avec un solide effet "levier") et, hop, change le nom de la société en W2007 Grace Acquisition, Grace pour les intimes. Là-dessus : se débarrasser des actionnaires récalcitrants. Grace va pour cela verser dans la clandestinité, c’est-à-dire abandonner son statut de société cotée à la Bourse Bourse Lieu institutionnel (originellement un café) où se réalisent des échanges de biens, de titres ou d’actifs standardisés. La Bourse de commerce traite les marchandises. La Bourse des valeurs s’occupe des titres d’entreprises (actions, obligations...).
(en anglais : Commodity Market pour la Bourse commerciale, Stock Exchange pour la Bourse des valeurs)
de New York et, partant, se défaire de l’obligation de rendre publics ses comptes. Mieux, Grace ne verse plus de dividendes. Et rend particulièrement difficiles (et onéreuses : 10 cents la page) les demandes individuelles des actionnaires pour obtenir copie des comptes. L’action Action Part de capital d’une entreprise. Le revenu en est le dividende. Pour les sociétés cotées en Bourse, l’action a également un cours qui dépend de l’offre et de la demande de cette action à ce moment-là et qui peut être différent de la valeur nominale au moment où l’action a été émise.
(en anglais : share ou equity)
, par voie de conséquence, dégringole (qui en voudrait ?!). Elle valait 25 dollars peu auparavant, elle va chuter à 5 cents. Vertigineux. Mais cela fait partie du plan car une autre entité opaque de Goldman va, en 2012 et 2013, commencer à racheter ces actions calamiteuses (58% du total en bout de course), qui vont "rebondir", on s’en serait douté : elles valent depuis, 2014, 12 dollars. C’est ce qu’on appelle une opération juteuse, menée de main de maître. Pas fini. En 2009, Goldman (sa division Hypothèques) laisse tomber une dette due à Goldman (son fonds spéculatif Whitehall) en échange d’une option Option Contrat où un acquéreur possède le droit d’acheter (option dite « call ») ou de vendre (option dite « put ») un produit sous-jacent (titre, monnaie, matières premières, indice...) à un prix fixe à une date donnée, moyennant l’octroi une commission au vendeur. C’est un produit dérivé.
(en anglais : option).
d’achat au bénéfice de Goldman (option portant sur 80% des hôtels de Grace) que Goldman va ensuite revendre à Whitehall, donc à elle-même. Cela donne un peu le tournis, tous ces Goldman qui font du business entre eux ? Retenons : ce petit carrousel lui a permis d’acquérir lesdits hôtels à très bas prix, il n’avait pas d’autre but. L’affaire se serait terminée là si un petit vent de rébellion n’avait pas surgi parmi les actionnaires plumés, dont un professeur d’économie, James Angel (université de Georgetown, Washington), qui attaquent en justice tous azimuts. Était-ce bien "légal", tout cela ? Cela, c’est une autre histoire.

Source : International New York Times, 21 mars 2014. Article complet (anglais) : http://dealbook.nytimes.com/2014/03/19/questions-over-goldman-deal-as-investors-sit-in-the-dark/
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