Les salariés de la grande distribution n’ont qu’à bien se tenir. Albert Heijn, l’enseigne néerlandaise du groupe Ahold, vient en effet de mettre en place un nouveau type de magasin à Amsterdam.
La nouveauté pour ce supermarché : plus aucune caissière n’y travaille. Bien que le système du self-scanning soit déjà en place dans de nombreux magasins, la possibilité de payer en espèces et d’avoir affaire à un(e) travailleur(euse) en chair et en os demeure jusqu’à présent.
Dans ce supermarché-test, le client est contraint de scanner lui-même ses produits à l’aide d’une « scannette » ou de son téléphone cellulaire (smartphone de rigueur) pour ensuite régler la facture à l’une des trois caisses dédiées ou à une caisse « scan & go ».
La possibilité de payer en espèces n’est dès lors plus de mise ; une tendance – la disparition de la monnaie
Monnaie
À l’origine une marchandise qui servait d’équivalent universel à l’échange des autres marchandises. Progressivement la monnaie est devenue une représentation de cette marchandise d’origine (or, argent, métaux précieux...) et peut même ne plus y être directement liée comme aujourd’hui. La monnaie se compose des billets de banques et des pièces, appelés monnaie fiduciaire, et de comptes bancaires, intitulés monnaie scripturale. Aux États-Unis et en Europe, les billets et les pièces ne représentent plus que 10% de la monnaie en circulation. Donc 90% de la monnaie est créée par des banques privées à travers les opérations de crédit.
(en anglais : currency)
papier - qui ne touche pas seulement la grande distribution [1]. Les clients du supermarché seront désormais priés de régler par carte bancaire, ou d’aller faire leurs courses ailleurs. Les groupes bancaires apprécieront certainement, il ne sera désormais plus possible de dépenser un centime sans que son banquier ne soit informé. Lequel banquier pourra ensuite faire commerce de ces données (revente à des annonceurs publicitaires) comme une grande banque, certainement pas la seule à avoir eu cette bonne idée, s’apprêtait à le faire il y a peu [2].
Outre les bénéficies prévisibles pour le distributeur en termes de coûts salariaux, la possibilité d’optimiser l’espace – et de disposer de nouveaux étals de marchandises à la place des anciennes caisses - est aussi mise en avant par Ahold.
Du côté de l’emploi, le groupe se veut pourtant rassurant : « il y a dans ce magasin autant de travailleurs qu’ailleurs », ceux-ci seront « parsemé[s] dans le magasin plutôt que derrière la caisse » nous explique la presse spécialisée [3]. Rien n’est cependant précisé sur la durée moyenne du travail dans ce magasin. Rappelons à ce propos qu’Ahold pratique aux Pays-Bas les contrats « zéro-heure » qui ne fixent pas de durée de travail minimum. Le salarié n’est en effet appelé que lorsque l’entreprise en ressent le besoin.
Albert Heijn, dont la maison mère Ahold vient d’absorber le distributeur belge Delhaize (la fusion
Fusion
Opération consistant à mettre ensemble deux firmes de sorte qu’elles n’en forment plus qu’une.
(en anglais : merger)
sera effective en 2016) dispose également de 32 magasins en Belgique et compte faire passer ce total à 50 l’année prochaine.
Si les salariés belges ont déjà des craintes quant à la mise en place d’un nouveau plan de restructuration une fois la fusion effective (risque de suppression d’emplois là où il y a des doublons, notamment dans les sièges des deux entités et au niveau des services de logistique), la mise en œuvre de telles pratiques ne sera probablement pas de nature à rassurer les travailleurs de Delhaize, et plus généralement du secteur de la grande distribution.
Source : Distrifood (http://www.distrifood.nl/formules/nieuws/2015/10/albert-heijn-opent-caissiereloze-supermarkt-10192914), repris par Gondola.be (http://www.gondola.be/fr/news/retail/albert-heijn-teste-le-supermarche-sans-caissiere)