Cela fera toujours plaisir à certains. Le prochain patron du FMI
FMI
Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
sera une patronne. Et elle a un bien joli nom : Ms Mulyani Indrawati, d’Indonésie. Bien joué, pourra-t-on dire a posteriori des amuseurs qui ont cherché à entretenir dans les médias un pseudo-suspense avec cette illusoire candidature : une personne de couleur cuivrée, d’un lointain patelin asiatique sous-développé, il ne faut tout de même pas rêver. Mais bien joué quand même puisque le patron sera bien, en effet, un femme, Christine Lagarde, ministre de l’Économie dans l’équipe Sarkozy. Même un faiseur d’opinion aussi influent que Martin Wolf avoue [Financial Times, 25/5/11] ne pas croire à la fiction de l’élection libre qu’il appelle pourtant de ses vœux. Ce sera Lagarde, dit-il, en notant au passage que – las ! – les connaissances de la dame sont, en économie, plutôt médiocres. Mais le FMI, ce n’est pas un pays, une voix, c’est 35,6% pour l’Europe et 16,8% pour les Etats-Unis ; à deux, ils ont une majorité confortable d’autant plus bétonnée que le « deal », le petit « Yalta » de répartition des sphères d’influence, c’est : on vous (Europe) laisse le FMI si vous nous (Etats-Unis) laissez la Banque mondiale
Banque mondiale
Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
. Cela marche comme cela depuis le début. Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Au Sud, cependant, l’occasion a paru belle pour fantasmer un peu, d’ici à la date de l’intronisation, le 30 juin prochain. Pourquoi pas une candidate ou un candidat provenant des régions où réside l’immense majorité de l’humanité, s’interroge Irfan ul Haque [Financial Times, 20/5/11], conseiller au South Centre ? Un pays du Tiers-monde, donc, pour appeler chatte, un chat. Arithmétiquement, c’est peine perdue. La Chine n’a que 3,8% des voix au FMI, l’Inde 2,4%, etc. Ç’aurait pu être l’occasion, aussi, d’entonner la ritournelle sur l’obsolescence du Grand Machin et d’en réclamer la suppression pure et simple : après tout, honni de la plupart des pays du Sud, le FMI fonctionne désormais principalement pour socialiser les pertes des banques européennes, une opération qui immobilise 79,5% de ses lignes de crédit. Traduction : Lagarde, forcément Lagarde. Terminons sur une autre occasion manquée : faute de pouvoir ravir le trône, pourquoi ne pas réclamer, au Sud, le siège. New York avec ses chambres d’hôtel à 3.000 dollars la nuit est un endroit dangereux, on le sait. Alors pourquoi pas Bandoung ? Ou Lusaka ? Ou Alger ? Ou La Havane. Ou encore, à supposer indispensable le label européen, Belgrade, seule ville du Vieux Monde à pouvoir s’enorgueillir d’une filiation internationaliste Nord-Sud, Sud-Nord.