Les ONG belges de solidarité internationale s’apprêtent à mener campagne sur le thème du "travail décent". Une première assemblée de réflexion, tenue le 19 mai 2006 à la Confédération mondiale du travail et à laquelle Mateo Alaluf avait été associé, a mis en évidence la nécessité de savoir, d’abord, de quoi on parle.
Le "travail décent" est un concept – un slogan de ralliement – porté par l’Organisation internationale du travail Organisation internationale du Travail Ou OIT : Institution internationale, créée par le Traité de Versailles en 1919 et associée à l’ONU depuis 1946, dans le but de promouvoir l’amélioration des conditions de travail dans le monde. Les États qui la composent y sont représentés par des délégués gouvernementaux, mais également - et sur un pied d’égalité - par des représentants des travailleurs et des employeurs. Elle regroupe actuellement 183 États membres et fonctionne à partir d’un secrétariat appelé Bureau international du travail (BIT). Elle a établi des règles minimales de travail décent comprenant : élimination du travail forcé, suppression du labeur des enfants (en dessous de 12 ans), liberté des pratiques syndicales, non-discrimination à l’embauche et dans le travail… Mais elle dispose de peu de moyens pour faire respecter ce qu’elle décide.
(En anglais : International Labour Organization, ILO)
, l’institution phare au plan mondial en matière du droit du travail, à composition paritaire, il réunit patrons et syndicats, l’eau et le feu. C’est un concept qui a un contexte. En vrac : la nouvelle division internationale du travail Division Internationale du Travail ou DIT : Répartition globale de la production mondiale entre les différents pays en fonction de leurs avantages comparatifs. Ainsi, jusque dans les années 70, le Tiers-monde fournissait essentiellement des matières premières qui étaient transformées dans les anciennes métropoles coloniales. Par la suite, une partie des nations en développement se sont industrialisées à leur tour dans des biens manufacturés de consommation courante. Les pays avancés se sont tournés vers les produits et les services de plus haute technologie.
(En anglais : division of labor)
avec ses délocalisations, la mise en concurrence mondiale des travailleurs, la quête de masses corvéables dans le Tiers-monde, la pression à la baisse sur les salaires, un système économique insoutenable, jamais axé sur les besoins, toujours à la recherche de nouveaux marchés, tout marchandiser. C’est une réalité que chacune et chacun vit quotidiennement dans sa chair. Volkswagen Forest est venu le rappeler avec une extrême brutalité. Au Forum social mondial, janvier 2007, à Nairobi, les syndicats internationaux ont entre autres épinglés, parmi les défis prioritaires, la zone de non droit que représente le travail "informel" (80% de l’emploi dans le monde, 20% en Belgique), c’est-à-dire le travail non contractualisé, auquel il conviendrait d’ajouter – c’est tendance – le travail mal contractualisé : les intérimaires, les temps partiels, les contrats à durée déterminée.. C’est, en d’autres termes, pour bien situer les choses, la guerre civile séculaire entre Capital Capital Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
et Travail.
Encore faut-il, là encore, s’entendre. Capital Capital et Travail, comme rappelle Bertell Ollman, doivent être conçus "comme des aspects l’un de l’autre", comme des "expressions de la même relation, mais vues de ses différents pôles". Le Capital ne saurait en effet vivre sans le Travail, qui est sa créature (sous la forme du travail salarié), et inversement, pas de salariat sans capital : couple maudit, historiquement déterminé, transitoire, qu’il faudra un jour dépasser, reléguer au musée des curiosités humaines.

[Bertell Ollman, La dialectique mise en œuvre, 1993, traduction : éd. Syllepse, 2005.]

Groupe "Travail Décent"

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