Le 5 novembre 2008, le directeur financier d’ArcelorMittal annonce que le groupe va réduire sa production dans le monde de 30% en cette fin d’année, contre 15% initialement prévu. En Europe de l’Ouest, ce sont 13 hauts fourneaux du groupe qui vont être arrêtés. En Belgique, le haut fourneau 6 de Seraing, relancé en mars 2007 grâce au concours financier des pouvoirs publics, va à nouveau être mis à l’arrêt au moins jusqu’en février 2009. Des mesures comparables touchent les autres pays européens. En Allemagne, les sites de Brême, d’Eko et de Stahl vont connaître le même sort. En France, ce sont les filiales de Marseille (Fos-sur-Mer) et de Florange en Moselle qui tourneront dorénavant au ralenti. Pour l’instant, pas de licenciement collectif à l’horizon, mais du chômage "économique", des réductions du temps de travail et des contrats déterminés prolongés. Dans un premier temps, seul l’emploi chez les sous-traitants sera directement touché. L’objectif du sidérurgiste est donc de répondre à un retournement du marché Marché Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
de l’acier dû à la crise financière et à l’effondrement du marché automobile. Ainsi, en quatre mois, le cours de l’acier a perdu 72% et la valeur des participations personnelles de Lakshmi Mittal est passée, depuis juin, de 66 milliards de dollars à 16 milliards de dollars…Néanmoins, les derniers résultats obtenus par Arcelor Mittal invitent à relativiser ces données. Sur le troisième trimestre 2008, le groupe a ainsi dégagé un bénéfice net, en hausse de 29%, de 3,8 milliards de dollars, et il prévoit, pour le quatrième trimestre, un résultat d’exploitation de près de 3 milliards de dollars. La clé sous le paillasson, ce n’est pas encore pour tout de suite. Dans une industrie où les coûts fixes (la matière première Matière première Matière extraite de la nature ou produite par elle-même, utilisée dans la production de produits finis ou comme source d’énergie. Il s’agit des produits agricoles, des minerais ou des combustibles.
(en anglais : raw material)
essentiellement) représentent aujourd’hui près de 80% des coûts de production, le meilleur moyen de rendre la confiance aux places boursières est de produire moins. Les travailleurs des usines de l’Europe de l’Ouest peuvent cependant nourrir quelques inquiétudes pour leur avenir. En effet, dans une multinationale Multinationale Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
où la concurrence entre les filiales règne en maître, l’avenir des unités de production de l’Ouest face à celles des pays à bas salaires dépend beaucoup de la qualité de leur produit et de leur productivité Productivité Rapport entre la quantité produite et les ressources utilisées pour ce faire. En général, on calcule a priori une productivité du travail, qui est le rapport entre soit de la quantité produite, soit de la valeur ajoutée réelle (hors inflation) et le nombre de personnes nécessaires pour cette production (ou le nombre d’heures de travail prestées). Par ailleurs, on calcule aussi une productivité du capital ou une productivité globale des facteurs (travail et capital ensemble, sans que cela soit spécifique à l’un ou à l’autre). Mais c’est très confus pour savoir ce que cela veut dire concrètement. Pour les marxistes, par contre, on distingue la productivité du travail, qui est hausse de la production à travers des moyens techniques (machines plus performantes, meilleure organisation du travail, etc.), et l’intensification du travail, qui exige une dépense de force humaine supplémentaire (accélération des rythmes de travail, suppression des temps morts, etc.).
(en anglais : productivity)
. Or, à Fos-sur-Mer, par exemple, pour atteindre son seuil de rentabilité, l’usine doit produire 380.000 tonnes de bobines de tôle par mois. Avec les nouvelles directives du groupe, la production d’octobre a seulement atteint 252.000 tonnes et tombera à 119.000 tonnes en décembre 2008. Au vu de la conjoncture Conjoncture Période de temps économique relativement courte (quelques mois). La conjoncture s’oppose à la structure qui dure plusieurs années. Le conjoncturel est volatil, le structurel fondamental.
(en anglais : current trend)
, la crise de l’acier risque de perdurer. Alors, quand viendra le temps de couper dans les coûts variables, les salaires en partie, nul doute que les filiales déficitaires en feront les frais même si elles ont réduit leur production dans l’intérêt global du groupe. Ainsi va l’économie des entreprises multinationales…

Source:L’Echo du 24 octobre 2008, le Financial Times du 31 octobre 2008, Le Monde et le Figaro, articles mis en ligne le 30 octobre 2008. Le site des Métallos liégeois, http://www.6com.be/4/actu_article.cfm?artID=73916&theme=Industries