En matière de compétitivité, c’est bien connu, on raconte n’importe quoi. On établit des tableaux comparant la "compétitivité" des nations. Ce qui ne rime à rien. Poudre aux yeux pour mettre les travailleurs sous pression : vous nous coûtez trop cher. Propagande patronale. La compétitivité des entreprises, soit leur capacité de se défendre devant la concurrence, est par contre bien réelle. Mais on n’en parle guère. Secret de "fabrication". Aucune entreprise n’aimerait rendre publique (donc faire connaître à ses concurrents) la nature et la force de sa position concurrentielle. Ce qui ne veut pas dire que les entreprises ne la calculent pas. Chaque grosse boîte dispose de tableaux savants qui évaluent au plus près le coût de production des biens et services vendus. Parfois, rarement, cela "filtre" à l’extérieur. Voir le cas d’Airbus (actuellement confronté à une restructuration, des licenciements), dont les "tableaux de productivité comparée" relatifs à ses différents sites européens ont été publiés par le magazine allemand Focus. Où il apparaît que les sites, français, allemands, espagnols et britanniques d’Airbus ont été classés sur une échelle de productivité allant de 1 à 5. Certains obtiennent un bon score, comme Broughton (Grande-Bretagne), Brême et Hambourg (Allemagne) et Saint-Nazaire (France). D’autres, c’est plutôt mauvais : Nantes (2,65 sur 5), Illescas (Espagne, 2,61 sur 5), Saint-Eloi (France, 2,53 sur 5) ou, fond du panier, Buxtehude (Allemagne, 2,4 sur 5). Sur quelle base ces scores ont-ils été obtenus ? Cela reste : "secret de fabrication". Que les syndicats, pour contrer ce hit-parade destiné à diviser les travailleurs, ont naturellement tout intérêt à percer et soumettre à contre-analyse. Y compris sur le fond : quelle économie voulons-nous ?
Source : Les Echos, 6 février 2007.