Le néerlandais Wavin, ancienne filiale de Shell, était le premier producteur européen de canalisations en plastique. S’il était, c’est qu’il n’est plus. Dans le caddie du consommateur responsable, cela ne se remarquera guère. Ce n’est pas le genre de marchandise qui fait les joies du shopping. Wavin, donc, a été avalé par plus gros que lui, en tout cas mieux fourni en "cash". L’amusant dans la chose est ce qui a servi de digestif. Car ce qui a convaincu Wavin de se laisser manger ne sont pas les perspectives industrielles qu’ouvrait cet acte de gloutonnerie cannibale mais l’offre faite en monnaie sonnante et trébuchantes aux actionnaires. Chacune de leur action rachetée à 8,5 euros puis, surenchère aidant, à 10,5 euros, cela ne se refuse pas, cela représente en tout 531 millions d’euros, cela fait quelques bons repas en ville, une virée en yacht plus quelques breloques lardées de diamants. L’amusant, encore, est que l’acquéreur de Wavin est une transnationale émergente, Mexichem, mexicaine comme son nom l’indique, qui devient par là "leader" sur le marché européen ; idem, dans un même registre, avec la reprise (gloutonne) en février 2012 du fabricant allemand de matériel BTP Putzmeister. Là, c’est un Chinois, Sany, qui a avalé, encore un "émergent". C’est tendance. L’amusant, enfin, est que cette info figure dans le journal Les Échos à côté d’une autre, titrée "Tant d’argent, pour quoi faire ?". Elle rapporte que les grosses transnationales américaines disposent d’environ 2.100 milliards de dollars en liquidités, et les européennes de 672 (milliards toujours, en dollars). C’est sans doute significatif de quelque chose, reste à savoir de quoi...
Source : Les Échos du 9 février 2012.[!sommaire]