L’autre économie
Ce numéro reproduit quelques textes représentatifs de nos travaux en 2007.
Pour partie, c’est une manière de leur donner un second souffle. Ce sont des analyses d’éducation populaire sur des thèmes d’actualité qui ont fait l’objet de discussions et de débats, certes, mais ils sont restés pour ainsi dire inédits, ils n’ont connu qu’une diffusion limitée.
Ils ont connu une première diffusion oralement, d’abord, lors de forums réunissant des citoyens critiques. Cela reste en "petit comité", circonscrit dans le temps et dans l’espace. Et puis il y a eu un deuxième tour, sous forme électronique sur le site du Gresea.

Là, naturellement, ils n’ont qu’une existence crépusculaire, celle des écrans individuels qui donnent parfois l’illusion d’un "village global", une phosphorescence, une communauté du chacun pour soi. C’est comme ces rues vides qui s’illuminent en soirée de fenêtres d’où n’échappe aucun signe de vie sinon, silencieuse, l’irréelle lumière bleutée de téléviseurs.

Sur papier, c’est mieux. On peut relire, on peut annoter, on peut faire lecture à voix haute, critiquer entre amis et collègues. Là, donc, c’est sur papier.

Reproduire ces textes répond, cependant, à une deuxième visée.

C’est l’occasion de marquer un temps d’arrêt. Utiliser l’occasion pour resituer le Gresea, ses positions. Sa position, pour faire court, c’est l’autre économie.

C’est l’idée, le projet, depuis sa création, qu’une autre économie est possible.

Que l’économie, telle qu’on la connaît, anti-ouvrière, anti-émancipatoire et antidémocratique, est une économie historiquement déterminée. Elle est survenue à un moment donné et qu’elle disparaîtra à un autre moment donné, comme tout le reste.

En ce sens, cette position s’inscrit dans la grande tradition de gauche qui va des premiers pionniers qui ont "renversé Hegel", l’ont mis à l’endroit, jusqu’à ceux qui, aujourd’hui, malgré l’omniprésent étouffoir de la pensée unique mis en place par les appareils idéologiques, continuent à résister pour "retordre le bâton" dans le bon sens, celui de la lucidité, ce sont des gens comme Slajov Zizek, Samir Amin, Alain Badiou ou David Harvey, mais aussi tous les "anonymes" du progrès social, délégués et militants syndicaux qui, jour après jour, aux côtés de citoyens critiques, produisent une nécessaire contre-information, une indispensable contre-analyse.

L’autre économie parce que, à gauche et à l’inverse de toutes les séductions idéalistes, c’est l’économie qui détermine en dernière instance.

L’autre économie, pour le Gresea, cela a été la création collection du même nom créée l’an dernier aux Editions Couleur Livres avec – "Capital contre travail" – un premier titre sur l’offensive mondiale sur les salaires et, cette année, "L’histoire inédite de l’économie belge, de 1945 à nos jours", un ouvrage collectif produit sous la direction de Reginald Savage qui prend le contre-pied des poncifs et propagandes dominantes nées dans le sillage du "compromis social", qu’on sait aujourd’hui menacé de toute part, "flexicurité" oblige...

L’autre économie, pour le Gresea, c’est aussi l’Observatoire des entreprises lancé en 2005, un répertoire en ligne critique – www.gresea.be – des pratiques affairistes du monde des affaires, une contre-pédagogie autour du quotidien des travailleurs, parce que l’économie, ce doit être l’affaire de tous, pas un "no man’s land" réservé aux seuls experts élitistes.

Et l’autre économie, ce sont les textes d’éducation populaire reproduits ici. Trois thèmes sont abordés, mis en discussion. Primo, la question salariale et le travail "décent" (lire : correct). Secundo, l’échange nord-sud gagnant-perdant autour des agrocarburants. Tertio, "l’économie du bonheur" et – nouvelle coqueluche du charabia chic – ses rêves d’un happy end déclinés autour d’une décroissance anti-consumériste.

Donnons à cette autre économie, pour conclure, un fil conducteur. Elle ne comporte pas de recettes, pas de solutions miracles, pas de slogans faits pour plaire. L’heure n’est pas aux alternatives clés sur porte mais à la critique et à la déconstruction des mirages que plus de nonante années de guerre froide ont implantés dans nos crânes. Cela ne se balaie pas d’un revers de la main. Cela suppose un travail patient sur les concepts des blocs sociaux dominants. Tirer des lignes de démarcation, prendre des positions théoriques et avancer d’autres concepts, ceux d’une autre économie. Il faut commencer par là.

Sommaire

  • Edito
  • Thème 1 -Travail et salaire décents
  • Introduction
  • Le secteur du nettoyage : ouvrières dans la jungle de la déréglementation sociale/Bruno Bauraind
  • Sous-traitance et Inspection du travail:les chaînons manquants .../Bruno Bauraind
  • Harmoniser le salaire minimum, c’est le généraliser ?/Erik Rydberg
  • Enjeu
  • Thème 2 - Energie et agrocarburants
  • Introduction
  • Agrocarburants et développement : c’est la bulle .../Bruno Bauraind
  • Enjeu
  • Thème 3 - La controverse de la décroissance
  • Introduction
  • Décroissance : apocalypse now ? Petit détour par les faits/Xavier Dupret
  • Croissance et bonheur, ça marche ensemble ?/Erik Rydberg
  • Enjeux
  • A lire

 

Pour consulter la revue en ligne : https://issuu.com/gresea/docs/ge53_reduit

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