En juillet 2007, Patrick Cescau, le PDG de la multinationale anglo-hollandaise Unilever, annonçait la suppression de quelque 20.000 emplois, dont la moitié environ en Europe. Les 493 travailleurs de l’usine de crème glacée Miko à Saint-Dizier savaient donc, plus ou moins, à quoi s’attendre. Premier acte de Prakash Patel, leur nouveau directeur, le 14 novembre 2007 ? Leur dire que trois des huit lignes de production seront délocalisées, d’ici juillet 2008, vers l’Italie, la Grande-Bretagne, la Hongrie et l’Allemagne. Avec perte sèche de 254 emplois. Non que l’usine ne soit pas rentable, c’est juste qu’elle ne l’est pas assez. Les responsables politiques locaux, avec à leur tête le député-maire UMP François Cornut-Gentille, ne seront pas loin de dénoncer un "licenciement boursier" (l’action Unilever grimpera de 3,37% à l’annonce) et, réunissant la Commission régionale de contrôle et d’évaluation des aides publiques aux entreprises, ont proposé d’annuler l’aide de 191.000 euros allouée à Miko pour la construction d’un entrepôt frigorifique. Pour mémoire, Miko, fondée en 1930 par la famille Ortiz, depuis rachetée par Unilever (27,7% du marché des crèmes glacées en France), fabrique les glaces bien connues de la marque Carte d’Or : il n’est pas dit que le citoyen-consommateur-responsable, s’il lui venait l’idée de les bouder, aurait une quelconque influence sur la valeur de l’action en Bourse. On a le poids qu’on a selon la posture qu’on adopte.

Source : Les Echos du 15 novembre 2007 et L’Humanité du 17 novembre 2007.
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