Action syndicale instructive que celle des travailleurs de Kronenbourg, à Obernai (Bas-Rhin, France). Elle intervient en effet à un moment où un mouvement syndical international se dessine pour faire du "travail décent" son cheval de bataille. Par communiqué de presse daté du 8 juin 2007, ainsi, l’Organisation internationale du Travail a salué l’engagement du G8 à soutenir son programme "travail décent" comme un élément central d’une mondialisation qui intègre le progrès social. Le travail décent, c’est notamment une durée de travail humaine, c’est le contraire des journées interminables exigées des "petites mains" exploitées dans le Tiers-monde. Mais, donc, pas seulement là-bas. Car, en France, la droite a fait campagne, et gagné les élections, sur le thème du "travailler plus pour gagner plus". Chez Kronenbourg, c’est un message qui passe assez mal. On a fait grève contre. Propriété du groupe Scottish & Newcastle, Kronenbourg a fermé, en 2006, son usine de Champigneulles, à charge pour ceux d’Obernai de maintenir le niveau de production. Comment ? Par des heures supplémentaires. De volontaires, auparavant, elles sont devenues obligatoires, imposées par la direction. Là, les travailleurs ont croisé les bras. Le journal financier Les Echos, pourtant peu suspect de sympathie pour les conflits sociaux, s’est fait le porte-parole de leurs doléances, car ce sont des travailleurs qui, les traits tirés, épuisés, racontent "les semaines de six jours qui s’enchaînent", qui racontent "le stress" et "les risques pour la sécurité avec la fatigue", qui racontent "le mal de dos", "la casse qui progresse" et le désir de "pouvoir passer nos samedis en famille, pas au travail". Ce sont des travailleurs qui, en clair, ne veulent pas "travailler plus, mais travailler mieux". La direction a cédé, provisoirement. Elle a accepté un retour au volontariat – pour une période test de trois mois. Trois mois de travail décent, c’est déjà cela de pris...
Source : Les Echos, 11 juin 2007
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