Kraft est une transnationale assez discrète. Son nom est inscrit en petites lettres sur les emballages des biscuits Lu (ex-Danone), Cadbury (ex-Cadbury), Oleo, des chocolats Milka, des chewing-gum Trident, du café Jacobs, etc. Comme Unilever, Kraft est un "producteur" par procuration : ce qu’il veut vendre, il le trouve chez d’autres producteurs, qu’il rachète clé sur porte, aussi simple que cela. Un conglomérat, si on veut, ou un pirate. Avant, il était même associé, organiquement, à Philips Morris, le cigarettier. Cela faisait mauvais genre et il s’en est séparé. Là, maintenant, il veut se séparer de lui-même. L’idée est la suivante. Kraft, c’est d’un côté la confiserie avec des ventes de 32 milliards de dollars en croissance de 7% l’an tirée par les pays émergents (42% des revenus viennent de là) et, d’un autre côté, plus poussifs, 2% de croissance annuelle, les produits d’épicerie qui apportent 16 milliards de dollars, essentiellement sur le marché nord-américain (fromages Kraft et Philadelphia). En scindant les deux, par introduction en Bourse séparée, tout ira bien mieux. C’est ce que proclame la direction et c’est ce qu’applaudissent les deux actionnaires de référence que sont les milliardaires Warren Buffet et Nelson Pelz : cela donnera, nul doute, un meilleur "return" pour les investisseurs. Nul doute ? Les observateurs de la presse financière se montrent plus sceptiques : faire à deux la même chose qu’on faisait avant seul ne leur paraît pas nécessairement le meilleur plan, surtout en l’absence, de la part de la direction, de tout pronostic sur une augmentation des ventes.
Source : Financial Times et Les Échos du 5 août 2011.
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