En 2015, l’Organisation internationale du Travail (OIT) lançait son initiative sur « l’avenir du travail », rapidement rejointe par d’autres organisations internationales. Ce faisant, ces institutions ont contribué à produire et à diffuser un discours mondial sur l’avenir du travail dont nous avons voulu interroger la représentativité du point de vue de la réalité du travail dans les pays du « Sud global ». Cet article reprend les résultats de différentes recherches menées entre 2017 et 2022 à la fois sur la forme et sur le fond de ce débat mondial, en en analysant les principaux acteurs mobilisés, les dispositifs mis en place, ainsi que de nombreuses productions écrites, dans le but, entre autres, de les confronter à leur prétention à l’universalité. Ce faisant, nous avons montré qu’il s’agissait surtout, pour les principales institutions impliquées, de prôner l’adoption de « réformes » censées permettre aux différentes régions et pays du monde de s’adapter aux conséquences de bouleversements technologiques présentés comme naturels et inéluctables. Déjà problématique en soi, nous avons montré en quoi cette perspective étroitement techno-déterministe s’était révélée encore plus en décalage avec la réalité des travailleuses et travailleurs du Sud global pour lesquels ni la révolution numérique, ni l’avenir du salariat et de ses institutions ne se posent selon les mêmes termes.
À partir de la seconde moitié des années 2010, « l’avenir du travail » (the Future of Work) s’est imposé comme un sujet central dans le petit monde de la gouvernance économique internationale. L’Organisation internationale du travail (OIT), en particulier, en a fait l’un des axes de réflexion majeurs des célébrations de son centenaire, organisées en 2019. Elle fut toutefois rapidement rejointe par d’autres institutions, moins connues pour leur sollicitude envers le monde du travail, à l’image de l’OCDE, de la Banque mondiale, du Forum économique mondial ou encore du G20.
Ce faisant, ces institutions ont contribué à produire et à diffuser un discours qui se voulait mondial sur l’avenir du travail, mais dont nous avons voulu interroger la représentativité du point de vue de la réalité du travail dans les pays du « Sud global » (cf. encadré). Ces derniers abritent en effet environ trois-quarts des travailleurs et travailleuses de la planète, dont le rapport au travail est historiquement – et toujours actuellement – largement différent de celui qui prévaut dans les pays du Nord.
Comment cette réalité s’est-elle traduite (ou pas) dans les débats internationaux sur l’avenir du travail, et qu’est-ce que cela nous dit sur la nature et les objectifs de ces débats ? Voici les questions qui ont animé un travail de recherche mené entre 2018 et 2022 et dont nous proposons ici une synthèse des principaux résultats.
Pour ce faire, dans une première partie, nous montrons à l’aide d’un corpus de rapports officiels, l’importance prise par les discours institutionnels internationaux sur le futur du travail, d’abord au sein de l’OIT, puis dans la plupart des autres grandes organisations internationales à vocation socioéconomique. Nous préciserons ensuite notre problématique – à savoir la mise en critique de l’universalité revendiquée du discours international sur l’avenir du travail du point de vue des pays du « Sud global » – ainsi que l’état de littérature, avant de présenter les différentes méthodes de recherche mobilisées. Nous terminerons enfin par une présentation des principaux résultats qui en ont découlé, que ce soit du point de vue des conditions de production du discours mondial sur l’avenir du travail, mais aussi de son contenu même.
Plus qu’une réalité strictement géographique, le « Sud » désigne ainsi une réalité avant tout politique et économique. Pour Dados et Connell (2012 : 13), par exemple, « il renvoie à toute une histoire de colonialisme, de néo-impérialisme, et de changements économiques et sociaux différenciés à travers lesquels d’importantes inégalités de niveaux de vie, d’espérance de vie et d’accès aux ressources sont maintenues ».
Plusieurs critiques sont toutefois régulièrement formulées à l’encontre de cette notion : elle ignorerait le rattrapage opéré par de nombreux pays en développement par rapport aux pays du « Nord » ; elle refuserait de voir que le projet politique du Sud défendu notamment à la Conférence de Bandung ou dans des instances comme le « mouvement des non-alignés » ou le G-77 a fait long feu ; ou encore elle minimiserait les conséquences de la mondialisation, qui ont largement rendu caduc ce type de découpage géographique et stato-centré avec notamment la multiplication des problématiques et des relations trans- et/ou supranationales.
Pourtant, Polet rappelait, en 2016, que le rattrapage du Sud était nettement moins significatif si l’on rapportait les indicateurs généralement mobilisés à la taille des économies considérées ou encore si l’on tenait compte de la « concentration « disproportionnée et écrasante » du dynamisme du Sud » sur la seule économie chinoise (CETRI, 2016).
Il soulignait également que « Si elle n’a plus la vigueur qu’elle avait aux grandes heures du dialogue Nord-Sud, lorsque plusieurs victoires politiques importantes furent collectivement arrachées aux pays riches, "la notion de Sud, ou du moins l’identité commune aux pays que l’on place sous ce chapeau, est souvent reprise à leur compte par les individus, les groupes et les pays concernés" (Gervais-Lambony et Landy, 2007) ». Enfin, Polet insistait également sur le fait qu’« en dépit du référentiel global et de la rhétorique sur les intérêts communs, la définition de ces enjeux [globaux], leur conceptualisation et leur hiérarchisation sont indissociables des trajectoires historiques des États et sociétés, ainsi que de leur mode d’insertion dans l’économie mondiale ».
Dans ce contexte, s’il n’est évidemment pas question de « remplacer une vision tendancieuse ("le Nord-Sud n’est plus") par une autre ("le Nord-Sud surdétermine tout") », il nous paraît néanmoins toujours pertinent et utile de mobiliser une catégorie d’analyse qui reste objectivement fondée (malgré des limites bien réelles) mais aussi subjectivement mobilisée par nombre des premiers concernés.
L’avenir du travail : deux origines pour un débat mondial
L’initiative du centenaire de l’OIT
C’est en 2013, à l’OIT, que l’on trouve la première mention officielle d’une initiative sur « l’avenir du travail » (the Future of Work) au sein d’une organisation internationale. À l’époque, l’OIT vient d’élire un nouveau Directeur général, le Britannique Guy Ryder, premier syndicaliste à occuper ce poste [2], lequel hérite d’une organisation en proie à une crise existentielle qui dure depuis de nombreuses années [3] et dont une des missions consistera à en préparer les célébrations du centenaire, prévues pour 2019.
Dans ce contexte, dans son premier rapport annuel publié à l’occasion de la Conférence internationale du travail (CIT, l’assemblée générale de l’OIT) de 2013, Guy Ryder annonce le lancement de sept « initiatives du centenaire », dont une initiative centrale sur « l’avenir du travail » [4]. En 2015, celle-ci est précisée autour d’un processus en trois étapes [5] :
D’abord, entre 2016 et 2017, chaque État membre est invité à organiser des « dialogues nationaux tripartites » autour de quatre « conversations » liées à l’avenir du travail : « travail et société » ; « des emplois décents pour tous » ; « l’organisation du travail et de la production » ; et « la gouvernance du travail ». Selon l’OIT, une centaine de pays se sont finalement prêtés au jeu selon des modalités diverses. En septembre 2017, un premier rapport de synthèse reprenant les résultats de ces dialogues a été publié [6] ;
Ensuite, début 2018, l’OIT institue une « Commission mondiale sur l’avenir du travail » composée de 28 membres issus du monde politique, universitaire, patronal, syndical et de la société civile [7]. Celle-ci se voit confier la tâche de « produire un rapport indépendant sur les mesures à prendre en vue d’un avenir du travail qui garantisse des emplois décents et durables pour tous », en s’appuyant sur la synthèse des dialogues nationaux et des autres sources qu’elle jugera nécessaire de mobiliser [8]. Le rapport sera publié en janvier 2019 sous le titre « Travailler pour bâtir un avenir meilleur » [9] ;
Enfin, après avoir débattu des conclusions et des recommandations du rapport durant les premiers mois de 2019, l’OIT va proposer l’adoption d’une « Déclaration du centenaire sur l’avenir du travail » qui en reprend les principaux éléments. Celle-ci sera effectivement adoptée lors de la 100e CIT organisée en juin 2019, à Genève [10].
Dans le chef de l’OIT, le débat sur « l’avenir du travail » répondait donc avant tout à un agenda institutionnel propre (Leterme, 2019b), qui devait faire des célébrations du centenaire, l’occasion d’examiner à la fois « les forces qui transforment les réalités du monde du travail ainsi que l’action novatrice que l’Organisation doit mener pour renouveler sa capacité de servir la justice sociale », selon les mots de Guy Ryder [11].
Il est d’ailleurs frappant d’observer que « l’avenir du travail » a désormais perdu de son intérêt en tant qu’objet de débat au sein de l’OIT. Celle-ci continue évidemment de s’intéresser au travail et à son avenir, mais plus à « l’avenir du travail » en tant que tel. Cet intitulé renvoie en effet désormais à un processus qui s’est clôturé en 2019 avec l’adoption de la Déclaration du centenaire, et dont il s’agit tout au plus de travailler à la mise en œuvre. Le portail du site consacré à « l’avenir du travail » se contente ainsi de retracer les différentes étapes et publications de l’initiative entre 2013 et 2019 [12].
Un débat rapidement rejoint par d’autres
En parallèle, d’autres Organisations et acteurs internationaux vont également se saisir de cette thématique de « l’avenir du travail » pour développer leurs propres publications et initiatives. Parmi les plus importantes, on peut citer :
Le Forum économique mondial, qui se dote en 2017 d’un « projet sur l’avenir du travail » dans le cadre de sa « System initiative on shaping the future of education, gender, and work ». Le projet devait s’étaler sur deux ans (2017-2019), la première année étant consacrée à l’analyse et la seconde à la formulation de recommandations. Il a notamment débouché sur la publication de trois rapports [13] ;
L’OCDE, qui en 2017 lance sa propre initiative sur « l’avenir du travail » avec comme objectif de produire un rapport en 2019 rassemblant à la fois des données sur la situation et des recommandations pour y faire face [14] ;
La Banque mondiale, qui en 2017 décide de consacrer l’édition 2019 de son influent « Rapport sur le développement dans le monde » à la thématique de l’avenir du travail [15] ;
Le G20, dont les ministres de l’emploi ont adopté en 2017 une déclaration affirmant, entre autres, la nécessité de préparer « l’avenir du travail ». En 2018, la présidence argentine en a ensuite fait une de ses trois priorités, suscitant l’organisation de rencontres ministérielles et de « task force » destinées à nourrir le débat au sein du G20 et au-delà [16].
Plus largement, on assiste alors à une réelle explosion de publications, de conférences et autres séminaires consacrés à « l’avenir du travail », qui devient d’ailleurs, en 2017, l’un des termes les plus recherchés sur Google [17].
La raison s’explique en partie par l’effet d’entraînement de l’initiative de l’OIT [18] et une forme de mimétisme bien connu dans l’analyse du fonctionnement – y compris discursif – des organisations internationales (Rist, 2002). Mais elle trouve également sa source dans des évolutions technologiques de plus en plus commentées à l’époque, y compris – et surtout – du point de vue de leurs conséquences sur le travail (Frey & Osborne, 2013 ; Jacquet & Leclercq, 2016).
Le tournant des années 2010 est en effet le théâtre d’avancées spectaculaires en matière d’analyse de données (les fameuses Big Data) et d’intelligence artificielle qui ressuscitent un débat déjà ancien sur l’automatisation du travail (Casilli, 2019). En parallèle, c’est également l’époque qui voit émerger et se multiplier les plateformes de travail à la demande dont Uber constituera la figure de proue, avec à la clé un débat croissant sur « l’ubérisation du travail » (Jacquet & Leclercq, 2016).
C’est donc surtout dans ce contexte que se multiplient les initiatives et les discussions autour de « l’avenir du travail » en-dehors de l’OIT. Pour ces institutions, le débat sur « l’avenir du travail » offrait en effet l’occasion de participer à une réflexion prospective (et prescriptive) sur les conséquences des innovations technologiques sur le travail en général et sur l’emploi et les institutions salariales en particulier. Or, cet objectif n’a rien perdu de son actualité, au contraire même puisque sous bien des aspects la pandémie s’est accompagnée d’une accélération sans précédent des processus de numérisation à travers le monde (Leterme, 2021).
C’est ainsi que pour le Forum économique mondial, par exemple, la réflexion s’est poursuivie après 2019, notamment via la publication en octobre 2020 d’un troisième rapport sur le Future of Jobs dont l’objectif était « de faire la lumière sur les perturbations liées à la pandémie en 2020, en les replaçant dans le contexte d’une histoire plus longue des cycles économiques et des perspectives attendues en matière d’adoption des technologies, d’emplois et de compétences dans les cinq années à venir » (c’est nous qui traduisons) [19]. De son côté, l’OCDE maintient également son intérêt pour « l’avenir du travail » à travers un portail où elle propose notamment des sondages, des outils et des publications en lien avec différentes thématiques comme l’intelligence artificielle ou l’automatisation [20]. Et du côté de la Banque mondiale, une des économistes jugeait bon d’expliquer, en juillet 2020, « Pourquoi l’agenda politique sur l’avenir du travail reste pertinent » [21].
« L’avenir du travail » comme discours institutionnel international
Durant toutes ces années, on voit donc apparaître et se diffuser un discours mondial sur l’avenir du travail au sein de la plupart des organisations internationales à vocation socioéconomique. Ce discours relève d’une sous-catégorie particulière de « discours institutionnel » (Krieg-Planque, 2012) : le discours d’institutions internationales (Gobin & Deroubaix, 2010), c’est-à-dire ces « êtres sans corps chargés de dire ce qu’il en est de ce qui est » (Boltanski, 2008), mais à l’échelle de la planète. Des institutions qui affrontent dès lors une « contradiction herméneutique » [22] particulièrement redoutable puisqu’elles prétendent parler (au nom) de l’humanité entière, mais depuis des positionnements et à travers des profils souvent étroitement situés (Rist, 2002).
Face à un discours comme celui sur l’avenir du travail, on peut donc se demander si et dans quelle mesure celui-ci est réellement représentatif du travail (et de celles et ceux qui l’exercent) dans le monde entier, ainsi qu’interroger les conséquences que cela peut avoir à la fois sur son contenu et sur ses effets sociopolitiques. En ce qui nous concerne, nous avons voulu poser ces questions plus spécifiquement du point de vue de la réalité du travail dans les pays du « Sud » (ou du « Sud Global », cf. encadré ci-dessus).
Non pas pour suggérer qu’il existerait « une » réalité du travail au Sud radicalement différente de celle qui prévaut au Nord, ne serait-ce que parce que ces notions de Sud et de Nord sont elles-mêmes plus mouvantes qu’il n’y parait (CETRI, 2016). Mais simplement parce qu’il existe malgré tout selon nous (et d’autres), une distinction historiquement fondée – et toujours pertinente à l’heure actuelle (cf. graphiques ci-dessous) – entre pays du Sud et pays du Nord qui passe notamment par un rapport historique et politique spécifique au travail en général et à l’emploi salarié en particulier (Scully, 2016 ; van der Linden, 2012). La notion de « sociétés salariales » (Castel, 1995), par exemple, entendues comme des sociétés où l’emploi salarié est non seulement quantitativement dominant, mais aussi qualitativement au centre des institutions et représentations dominantes du travail, ne s’applique que pour une aire géographique restreinte et durant une période historique relativement courte.
Graphique 1. Part de l’emploi informel dans l’emploi total au niveau mondial (agriculture comprise) (Source : OIT, 2019)
Graphique 2 : Part des dépenses publiques consacrées à la protection sociale et à la santé en % du PIB (Source : OIT, 2021)
Or, selon nous, il était plus que probable que cette réalité ne soit que peu ou pas du tout prise en compte dans les débats mondiaux sur l’avenir du travail, compte tenu des lieux et des acteurs impliqués. C’est pourquoi nous avons entrepris un travail de déconstruction de ce débat à la fois sur la forme et sur le fond, d’une part pour déterminer si et en quoi il était réellement représentatif (ou non) d’une réalité universelle du travail, et d’autre part, pour analyser ce qu’une réponse négative à ces questions pouvait nous apprendre des objectifs et motivations « réels » derrière ces discussions.
Pour ce faire, nous avons mené un travail de recherche qui s’est étalé essentiellement entre 2017 et 2019, avec néanmoins des retours réguliers sur notre objet par la suite, en particulier pour tenter de faire sens de son évolution dans la foulée de la pandémie de covid-19 (Leterme, 2020). Il s’agissait pour nous, tout d’abord, d’interroger les conditions de production de ce discours (mondial) sur l’avenir du travail : qui en parle et comment ? À travers quels dispositifs et quelle place ceux-ci laissent-ils (ou non) aux travailleurs et travailleuses issus des pays du Sud global ? Ensuite, nous avons voulu questionner les conséquences de ces conditions de production particulières sur le contenu et les effets mêmes du discours, et plus largement ce que tout ceci révèle de sa nature et objectifs véritables.
Durant cette période, nous avons ainsi mobilisé (ensemble ou séparément) les méthodes de recherche suivantes :
Analyse socio-historique de la composition et du fonctionnement des principales institutions internationales parties prenantes au débat (OIT, OCDE, G20, WEF, Banque mondiale) ;
Analyse des dispositifs mis en place par ces dernières pour produire un discours sur l’avenir du travail ;
Analyse des productions écrites de ces institutions concernant l’avenir du travail, soit directement (à travers l’usage de la lexicométrie, par exemple) soit indirectement, à travers la mobilisation de sources secondaires ;
Interviews d’une trentaine de personnalités, dont une large majorité issue de pays du Sud global, plus ou moins directement impliquées dans le débat sur l’avenir du travail, soit au sein, soit en-dehors des institutions analysées.
Dans la section qui suit, nous proposons dès lors une synthèse des principaux résultats obtenus dans le cadre de ces différentes recherches, enrichie de certaines observations réalisées courant 2022 au sujet de l’état actuel du débat mondial sur l’avenir du travail.
Principaux résultats
Des travailleuses et travailleurs peu ou pas représentés
Le premier constat que nous avons pu tirer de nos recherches, c’est la sous-représentation des travailleurs en général – et des travailleurs du Sud en particulier – dans les débats sur l’avenir du travail. C’est évidemment le cas dans des instances comme l’OCDE, le Forum économique de Davos ou même la Banque mondiale où ni les pays du Sud, ni les travailleuses et travailleurs ne bénéficient d’une représentation un tant soit peu significative (Leterme, 2019a). L’adhésion à l’OCDE, par exemple, est réservée aux États (une trentaine seulement à l’heure actuelle) ayant atteint un certain niveau de développement et/ou qui sont alliés des États-Unis. De son côté, le Forum de Davos fonctionne d’abord comme un lobby patronal, son financement étant assuré par les cotisations de 1000 entreprises parmi les plus importantes de la planète. Quant à la Banque mondiale, s’il s’agit d’un acteur majeur de l’aide au développement, sa structure et son fonctionnement restent étroitement dominés par les États-Unis, qui y disposent notamment d’un droit de veto ou encore du privilège de nommer le président.
Mais même au sein de l’OIT, une instance onusienne tripartite où chaque État membre est représenté à la fois par des délégués gouvernementaux et par des délégués issus des organisations de travailleurs et d’employeurs, cette représentativité est limitée (Leterme, 2016). En effet, le principe même du tripartisme place les travailleurs dans une position de faiblesse par rapport au bloc des employeurs et des États – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle au moment de la création de l’OIT, en 1919, les représentants des travailleurs ont essayé – en vain – d’obtenir le même nombre de votes que celui des délégués gouvernementaux et des employeurs réunis (Leterme, 2016) – , tandis que les pays du Nord gardent une position privilégiée au sein de l’Organisation par rapport aux pays du Sud. En témoignent, notamment, les dix sièges au Conseil d’administration qui reviennent automatiquement aux « États dont la puissance industrielle est la plus considérable » (Constitution de l’OIT, 1919).
Enfin, et surtout, les organisations de travailleurs présentes à l’OIT ne représentent qu’une faible minorité de la main-d’œuvre mondiale, et c’est encore pire en ce qui concerne les pays du Sud. D’abord, parce que la grande majorité des travailleuses et travailleurs de ces pays est occupée dans des secteurs et/ou sous des statuts historiquement peu ou pas syndiqués comme le secteur informel ou l’agriculture (OIT, 2022). Ensuite, parce que leurs droits syndicaux fondamentaux sont encore trop souvent bafoués, à commencer par leur droit de se constituer en syndicats. Comme le soulignait par exemple un représentant de la section régionale de la Confédération syndicale internationale (CSI) pour l’Asie-Pacifique, sur les dix-sept dialogues nationaux sur l’avenir du travail organisés dans la région à l’appel de l’OIT, seuls sept l’ont été sur une base tripartite, un résultat révélateur de la situation des libertés syndicales dans la région… [23] Et enfin, parce que même quand ils existent, les syndicats représentatifs des travailleuses et travailleurs du Sud ont souvent du mal à se frayer un chemin vers l’OIT, faute d’en maîtriser les codes ou simplement de disposer des moyens et des relais nécessaires (Soussi, 2012).
Résultat, selon un représentant syndical africain en 2018 : « on peut regretter une tendance à faire [du débat sur l’avenir du travail] une discussion entre partenaires sociaux internes à l’OIT, avec un décalage possible vis-à-vis des priorités des travailleurs de la base et des mouvements sociaux locaux. On essaye d’y pallier à travers des consultations et d’autres tentatives de dialogue, mais c’est compliqué » [24].
Technodéterminisme et avenir du salariat
Tout ceci a donc abouti à un débat à l’OIT qui, selon l’aveu même de Guy Ryder en 2018, a eu toutes les peines du monde « à faire sens aussi bien dans la Silicon Valley que dans la vallée du Nil » [25]. Les contributions et autres documents de recherche issus ou portant sur le Sud furent notamment marginales par rapport aux productions portant sur la réalité des pays du Nord. Un constat d’autant plus marquant que l’OIT fut, de loin, celle qui a fourni le plus d’efforts pour tenter d’embrasser cette universalité, à la fois du point de vue de la représentativité des acteurs et des thématiques abordées (voir ci-dessus). Néanmoins, toujours selon Francis Kim-Upgi, « du point de vue des pays en développement, le débat [à l’OIT] reste trop centré sur la technologie au lieu de prendre comme point de départ la réalité du monde du travail » [26].
Au-delà de l’OIT, dans une revue de la littérature consacrée à « l’avenir du travail » au sens large, deux chercheurs du BIT ont démontré que seuls 13,6% des travaux portaient uniquement sur les pays du Sud, contre 48% sur les seuls pays développés et 38,4% sur les deux (Balliester & Elsheikhi, 2018). En outre, du point de vue des thématiques, celles-ci couvrent « un large éventail de sujets, mais dont la plupart se concentrent sur les innovations technologiques et l’inégalité, avec de plus rares études qui s’intéressent aux impacts des changements démographiques et environnementaux » (c’est nous qui traduisons).
Outre nos propres entretiens (Leterme, 2019a), nous avons également pu corroborer et préciser ces résultats à travers une analyse lexicométrique [27] réalisée sur un corpus d’une dizaine de rapports institutionnels consacrés à l’avenir du travail (Leterme, 2019c) [28]. Celle-ci révélait en effet un lexique largement dominé par un registre techno-déterministe [29], ainsi qu’un intérêt beaucoup plus marqué pour l’avenir de l’emploi plutôt que pour l’avenir du travail [30].
Il apparaissait donc que la préoccupation première de la plupart des acteurs qui structuraient ce débat mondial sur « l’avenir du travail » consistait en réalité à prédire (pour mieux prescrire) les évolutions de la société salariale sous le coup d’évolutions technologiques présentées comme universelles et inéluctables, dans un mouvement qui n’était pas sans rappeler les discours sur la « mondialisation » des années 1980-90 (Fairclough, 2006).
Or, d’une part, les évolutions technologiques ne sont jamais ni universelles ni inéluctables (Wyatt, 2008 ; Howcroft & Taylor, 2022). Elles répondent toujours à des stratégies d’acteurs situés, ce qui signifie que leur diffusion s’effectue selon des rythmes et des modalités qui peuvent fortement varier d’un endroit et d’un contexte à l’autre. Il n’est qu’à voir, par exemple, la façon dont internet s’est diffusé en Afrique essentiellement par le biais des téléphones portables, pour des raisons de coûts et d’infrastructure, ce qui a contribué à faire du continent l’un des précurseurs inattendus des « solutions » liées à l’internet mobile, notamment dans le domaine de la (micro)finance (Ouma et al., 2020).
D’autre part, il devrait aussi être évident que l’impact des technologies sur l’emploi salarié (et ses institutions) n’est une préoccupation centrale que pour les (rares) régions où celui-ci est effectivement au centre de l’organisation du travail, et encore depuis un laps de temps relativement court d’un point de vue historique (Scully, 2016). Ailleurs, comme le confirmaient également nos entretiens, « l’avenir du travail » est souvent d’autant plus difficile à penser (a fortiori dans ces termes) que son « présent » est déjà loin d’être acquis, et les « priorités » dans ce domaine renvoient plutôt à des thématiques telles que le modèle de développement, les inégalités Nord-Sud, la migration ou encore la satisfaction des besoins fondamentaux (Leterme, 2019a).
« L’avenir du travail » dans le « monde d’après »
Moins d’un an après que les principales initiatives sur « l’avenir du travail » aient culminé au niveau international – à commencer par celle de l’OIT – la pandémie de covid-19 éclatait… sans avoir été prévue dans le moindre des scénarios discutés. Ses conséquences sur le travail et sur les travailleuses et travailleurs à travers le monde furent pourtant colossales, avec des effets qui se feront probablement sentir encore longtemps (Leterme, 2020 ; Thomas, 2020 ; OIT, 2022). Parmi celles-ci, on peut citer le fossé qui s’est creusé encore davantage entre les travailleuses et travailleurs des secteurs formels et informels, en particulier au moment de faire face aux conséquences des confinements ; la désorganisation des « chaînes de valeur mondiales » et la mise en lumière de leur fragilité et dépendance, notamment vis-à-vis de la Chine ; ou encore l’importance vitale pour la vie en société de toute une série de métiers et de tâches largement invisibilisés en temps « normal », ainsi que le débat plus large qui en a résulté autour des notions de travail et de travailleurs « essentiels ».
Or, nous l’avons vu, si l’OIT s’est relativement désintéressée, après 2019, d’un débat sur « l’avenir du travail » essentiellement lié, dans son cas, à un agenda institutionnel interne, les autres grandes organisations internationales comme l’OCDE, la Banque mondiale, le WEF ou encore le G20 ont continué de s’y intéresser, en insistant sur le fait que loin de les remettre en cause, le covid avait surtout accéléré les tendances déjà identifiées auparavant, rendant leurs prescriptions plus pertinentes et urgentes que jamais, comme l’illustrent les quelques citations ci-dessous (c’est nous qui soulignons et qui traduisons) :
« L’avenir du travail, c’est maintenant. La numérisation et la mondialisation ont entraîné des changements radicaux dans notre façon de vivre et de travailler. La crise du coronavirus (COVID-19) a accéléré ces changements au-delà de tout ce que nous aurions pu imaginer . » [31]
« Comment ces changements dans le travail et les recommandations politiques qui en découlent se traduiront-ils pour la réalité du travail post-covid-19 ? Il est probable que la pandémie renforcera ces tendances préexistantes et rendra plus urgentes les réponses politiques correspondantes. » [32]
« La pandémie a accéléré les tendances existantes en matière de travail à distance, de commerce électronique et d’automatisation, avec jusqu’à 25 % de travailleurs de plus que prévu devant potentiellement changer de métier. » [33]
Encore une fois, ce qui frappe surtout dans la façon dont ces différentes institutions abordent « l’avenir du travail », c’est la perspective étroitement techno-déterministe qu’elles adoptent pour ce faire. Sans nier le rôle d’accélérateur qu’a pu jouer le covid en matière de digitalisation – dont l’ampleur et la pérennité restent toutefois à déterminer (Leterme, 2021) – on peut douter qu’il s’agisse-là de son unique, voire même de son principal impact sur le monde du travail, en particulier dans les pays du Sud global (Thomas, 2020 ; Leterme, 2020). Pour Francis Kim Upgi, par exemple, ce que le covid a surtout accentué « c’est le besoin d’un travail décent basé sur la protection sociale, le dialogue social et les droits fondamentaux » [34]. Et le syndicaliste de préciser que la pandémie avait d’ailleurs poussé l’OIT à reconnaître cette année le droit à la santé et à la sécurité au travail comme faisant partie des droits fondamentaux des travailleuses et travailleurs [35].
À l’inverse, rappelons qu’environ un tiers de la population mondiale n’a même pas encore accès à internet, avec des proportions qui peuvent dépasser les 75% dans les pays les plus pauvres (UIT, 2022). Les enjeux de « compétences numériques » ou encore de « reconversion professionnelle », qui sont pourtant au cœur des discours dominants sur l’avenir du travail, apparaissent donc pour le moins… déconnectés. A fortiori dans le contexte actuel où les conséquences de la crise du covid ajoutées à l’explosion des prix (notamment de l’énergie) liée à la guerre en Ukraine menacent plus que jamais non pas l’avenir, mais bien l’existence même – au présent – de milliards de travailleuses et travailleurs du Sud (et au-delà) (Oxfam, 2022).
Reste que la fonction première de ces discours n’est évidemment pas tant de décrire la réalité que de l’influencer (Fairclough, 2006 ; Rist, 2022). En l’occurrence, l’objectif ici est d’abord et avant tout d’ancrer l’idée d’une « transition numérique » aussi naturelle qu’inéluctable, à laquelle il convient d’adapter nos institutions et législation sociales (éducation, droit du travail, protection sociale, etc.) pour en tirer le maximum de bénéfices [36]. Or, ces prescriptions sont conçues comme ayant une valeur universelle dans la mesure ou « la » technologie finira de toute façon par s’imposer partout, y compris au Sud. Les rares fois où ce dernier est expressément pris en compte, c’est donc presque toujours dans une logique de « rattrapage », où l’enjeu prioritaire pour ces pays est de ne pas se laisser encore plus distancier dans la course économique mondiale (Ouma et al., 2020 ; Greene, 2021).
Conclusion
Notre article proposait un retour sur un ensemble de recherches consacrées au débat sur « l’avenir du travail » (the Future of Work) qui s’est imposé sur la scène internationale dans la deuxième moitié des années 2010 au sein des principales organisations internationales à vocation socioéconomique (OIT, OCDE, G20, WEF, Banque mondiale, etc.). Ce faisant, celles-ci ont en effet contribué à produire et à diffuser un discours mondial sur l’avenir du travail dont nous avons voulu interroger la représentativité du point de vue de la réalité (majoritaire) du travail dans les pays du Sud global.
Menées entre 2017 et aujourd’hui, ces différentes recherches ont ainsi interrogé à la fois la forme et le fond de ce débat mondial, en analysant les principaux acteurs mobilisés, les dispositifs mis en place, ainsi que de nombreuses productions écrites, dans le but, entre autres, de les confronter à leur prétention à l’universalité.
Dans le cadre de cet article, nous sommes toutefois d’abord revenus sur l’origine et sur le déploiement de ce débat au sein du petit monde de la gouvernance économique mondiale. Nous avons vu que l’une des causes majeures de son intérêt soudain pour l’avenir du travail fut le lancement, en 2015, d’une « initiative sur l’avenir du travail » par l’OIT dans le cadre des célébrations de son centenaire. Néanmoins, si pour l’OIT, cette initiative répondait avant tout à un agenda et à des objectifs institutionnels propres, d’autres institutions s’en sont également emparées pour traiter plus spécifiquement des conséquences des récentes évolutions technologiques sur le travail et sur l’emploi.
Ce faisant, il s’agissait surtout pour ces différentes institutions de prôner l’adoption de « réformes » censées permettre aux différentes régions et pays du monde de s’adapter aux conséquences de bouleversements technologiques présentés comme naturels et inéluctables. Déjà problématique en soi, nous avons montré en quoi cette perspective étroitement techno-déterministe s’était révélée encore plus en décalage avec la réalité des travailleuses et travailleurs du Sud global pour lesquels ni la révolution numérique, ni l’avenir du salariat et de ses institutions ne se posaient selon les mêmes termes (pour autant qu’ils s’y posaient tout court).
Nous avons également montré que malgré tous ses efforts pour organiser un débat sur « l’avenir du travail » qui soit plus ouvert et représentatif, en s’appuyant notamment sur son tripartisme et son universalisme onusien, l’OIT s’est finalement heurtée à des écueils similaires en termes de représentativité, à la fois des acteurs et des priorités du monde du travail dans les pays du Sud. C’est que l’institution et son fonctionnement restent encore largement articulés autour de la norme de l’emploi salarié et de ses modes de régulation, qui ne concernent pourtant qu’une minorité de la population mondiale, sans compter l’influence démesurée dont continuent d’y jouir les pays du Nord et leurs délégués, y compris syndicaux.
Dans ce contexte, l’occasion de discuter non plus uniquement de l’avenir de l’emploi salarié, mais bien de l’avenir du travail sous toutes ses formes (Dujarier, 2021), y compris celles qui restent à inventer, aurait toutefois pu émerger de la pandémie et de ses conséquences sur le travail à travers le monde. Mais nous avons vu à quel point celles-ci se sont révélées pour le moins ambiguës, en particulier en ce qui concerne… l’avenir du débat sur l’avenir du travail. En effet, d’un côté l’OIT et les nombreux acteurs (syndicaux, associatifs, académiques) qu’elle a mobilisés autour de son initiative du centenaire se sont relativement désintéressés du débat dans ces termes-là une fois l’initiative clôturée. De l’autre, à l’inverse, les acteurs qui s’en étaient emparés dans une perspective étroitement techno-déterministe continuent de le mobiliser à partir du constat (discutable) selon lequel le covid n’aurait finalement fait qu’accélérer les évolutions technologiques et leurs conséquences déjà identifiées auparavant.
Plus que jamais, il semble donc que si les travailleuses et travailleurs du monde en général, et du Sud global en particulier, veulent réellement se réapproprier leur travail et son avenir, il faudra commencer par s’éloigner d’un débat piégé sur « l’avenir du travail ».
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Cet article a paru dans la revue Les mondes du travail n°31 – Le futur du travail : critiques et enjeux (septembre 2024).
Pour citer cet article : Cédric Leterme, " Retour vers le "Future of Work" - Un débat mondial toujours plus déconnecté des réalités du Sud global", Les mondes du travail n°31, septembre 2024.
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