Malgré l’hostilité de la compagnie aérienne irlandaise low cost Ryanair envers toute forme de représentation des travailleurs et de négociation collective, elle n’a pas échappé à la conflictualité sociale. En 2018, l’organisation collective des salariés a abouti à des grèves offensives de dimension européenne. Par la suite, les problèmes rencontrés par le Boeing 737 Max et la pandémie de Covid-19 freinent ce mouvement et contribuent à le relocaliser sur des enjeux nationaux. Ce conflit n’en reste pas moins riche d’enseignements quant aux conditions de possibilité de l’européanisation de la grève et aux modalités d’un syndicalisme européen de terrain, mais aussi aux difficultés de sa structuration sur le temps long.

La direction de la compagnie irlandaise Ryanair, championne européenne du low cost aérien, s’illustre, depuis qu’elle a mis ce modèle en place dans le milieu des années 1990, par son refus du dialogue social dans ses formes institutionnalisées (Vandewattyne, 2016). Tout en continuant à réprimer l’action syndicale, elle a rapidement développé une politique de contournement (Dugué, 2005) ou de substitution (Laroche, Bernier, 2016) des syndicats en instaurant des conseils représentatifs des employés (CRE). Elle mise ainsi sur la participation directe du personnel en lieu et place des dispositifs institués de représentation de celui-ci (Bauraind, Vandewattyne, 2023).


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