« Souveraineté numérique » : cette notion est devenue centrale dans l’agenda de l’Union européenne (UE). Sa mise en place souffre pourtant des nombreuses faiblesses de la construction fédérale – notamment son caractère supranational, néolibéral et atlantiste. Si de nombreux commentateurs évoquent un supposé « tournant géopolitique » des élites européennes – qui auraient pris conscience de la nécessité de s’autonomiser des grandes puissances – la réalité est autre. Loin d’avoir conquis un semblant d’indépendance en matière numérique, le Vieux continent demeure largement dominé par les États-Unis. Une réalité que le conflit ukrainien est venue cruellement rappeler, et que les structures de l’Union européenne contribuent à pérenniser.
Un des éléments marquants des cinq dernières années en Europe fut incontestablement la montée en puissance de la thématique de la « souveraineté numérique européenne ». Dès sa candidature au poste de présidente de la commission, Ursula von der Leyen avait fait de la stratégie numérique l’une de ses priorités [1], sur fond de défiance croissante face aux conséquences économiques, politiques et sociales de la domination écrasante des Big Tech, ainsi que du retard accumulé par l’Union européenne (UE) dans ce domaine.
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Photo : CC-BY-4.0 : © European Union 2022 – Source : EP.