Publié en italien en 1981, L’Arcane de la reproduction est enfin traduit en français. Cette contribution, indispensable à la compréhension de la théorie sur la productivité du travail de reproduction, est le fruit de débats auxquels Fortunati participe depuis les années 1970 au sein du collectif Lotta Femminista et de la Campagne internationale pour un salaire au travail ménager [1].
En faisant « fonctionner Marx à la lumière de la lutte féministe » (p. 41), cet ouvrage systématise les débats autour de l’extorsion de la plus-value du travail reproductif tout en fournissant un corpus théorique solide au mouvement féministe opéraïste qui, comme le rappelle Fortunati, appliquait une analyse « marxienne du travail productif à un travail qui, au regard des catégories marxiennes, ne « pouvait » être considéré comme tel » (p. 44). En traduisant l’analyse empirique de ces luttes féministes en théorie politique sur la valeur du travail de reproduction, L’Arcane de la reproduction a contribué à l’élaboration d’une nouvelle critique de la valeur.
Fortunati s’appuie et approfondit la thèse développée par Mariarosa Dalla Costa (sociologue, fondatrice de Lotta Femminista) qui, dans son essai Les femmes et la subversion sociale, publié en 1972, soutient que le travail de reproduction est une forme spécifique de production capitaliste consistant à produire et à reproduire la marchandise force de travail. L’Arcane de la reproduction est mû par le projet de systématiser cette thèse tout en analysant les « rapports réels » que le capital entretient « en secret » avec le travail de reproduction.