C’est au courant de l’été 2007 que la société nucléaire française Areva (ex-département d’Alstom) a renouvelé ses contrats d’exploitation de l’uranium avec le Niger, avec effet rétroactif au 1er janvier. Areva pourra ainsi, en 2007, extraire et rapatrier quelque 3.000 tonnes du précieux minerai, au prix de 40.000 francs CFA le kilo (environ 60 euros). Ce prix, souligne Guy Labertit, conseiller pour l’Afrique de la Fondation Jean-Jaurès dans une réflexion publiée dans le journal Le Monde, appelle deux remarques. Vu sous un angle, 40.000 francs CFA peut sembler un bon prix, car nettement supérieur à celui des contrats précédents (27.300 francs CFA) – mais on là, surtout, un effet de la politique d’ouverture du Niger à d’autres "investisseurs" (australiens, canadiens, chinois et sud-africains), donc un effet de concurrence. Vu sous un autre angle, celui de l’économie pure et dure, c’est, par contre, un très mauvais prix. Sur les marchés internationaux, en effet, le kilo d’uranium se négocie non pas à 60, mais à 180 euros. Dit autrement, la France soutire cette richesse (dont la demande mondiale – 80.000 tonnes l’an actuellement – ne cesse de croître) pour un tiers de son prix au Niger, le pays le plus pauvre du monde dans le classement des Nations unies. Ces mêmes Nations unies, ajoute Labertit, prônent des Objectifs de développement millénaristes tout en restant de marbre devant l’escroquerie du marché des matières premières imposé par les nations les plus puissantes à celles qui sont les plus pauvres. Cela méritait d’être dit.
Source : article reproduit dans le Guardian Weekly du 24 août 2007
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