Oppenheimer vend De Beers à l’Anglo-American. Montant de la transaction : 5,1 milliards de dollars. Le "profil" économique de l’Afrique s’en voit quelque peu amaigri. Mais le diamant, pas plus que l’argent, n’a d’odeur.
La décision de la famille sud-africaine Oppenheimer de vendre au géant minier britannique Anglo-American les 40% qui lui restaient dans De Beers (35% de la production mondiale de diamants bruts) marque le terminus d’une dynastie – et comme une boucle bouclée. Car ce sont les Oppenheimer qui ont en 1917 fondé l’Anglo-American et De Beers, acquis de Cecil Rhodes en 1926, opère par là comme un retour au bercail. Seul maître à bord après avoir déboursé 5,1 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros), avec désormais entre 75 et 85% du capital de De Beers, l’Anglo-American lorgnerait vers le potentiel des marchés dits émergents, la Chine et l’Inde. Pour l’Afrique du Sud, locomotive économique du continent noir, la perte de ce joyau ne s’applique pas qu’au figuré, on s’en apercevra sous peu dans la comptabilité mondiale du colonialisme économique (stocks d’investissements directs à l’étranger) : De Beers, ce sera désormais "Ici, Londres". D’aucuns, à commencer par la Bourse qui est restée impassible devant l’opération, la juge cependant incertaine et, là, on reste en Afrique. D’abord au Botswana, où est situé l’essentiel des mines de De Beers et qui dispose d’un droit de préemption sur 15% du capital de De Beers, et plus encore au Zimbabwe, concurrent formidable, siège d’un quart des réserves mondiales en diamants : l’Union européenne et les États-Unis viennent de lever tout obstacle à l’exportation d’une cargaison de diamants d’une valeur de 2 milliards de dollars (1,45 milliard d’euros). L’argent n’a pas d’odeur, le diamant non plus.
Sources : Financial Times et De Tijd du 5 novembre 2011.
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