Ce 21 janvier 2008 et pour une durée de 24 heures, les travailleurs des usines et filiales du groupe Arcelor Mittal de Liège ont arrêté le travail. Pour les ouvriers, il s’agit de dénoncer le retard pris dans la relance du Haut Fourneau 6 (HF6) de Seraing – mis au repos en 2005 - ainsi que le chantage au CO² de Laksmi Mittal. Plus globalement, c’est de nouveau la stratégie industrielle à très court terme du numéro 1 de l’acier mondial qui pose problème aux représentants des travailleurs. Pour mieux comprendre, un bref voyage dans le temps s’impose. En 2003, le groupe français Arcelor annonçait la fermeture progressive des usines du bassin liégeois. Ici, c’est plus de 10.000 emplois qui se voyaient menacés. Lors de sa prise de pouvoir en 2006, et pour s’assurer le soutien de la Région wallonne, Lashkmi Mittal revenait sur cette décision et annonçait une possible relance de la phase à chaud sur le site liégeois. Là, il s’agit de (re)créer une centaine d’emplois. Peu après, l’idée était abandonnée et les hauts fourneaux laissés en hibernation. Aujourd’hui, la pénurie d’acier au niveau mondial (1 million de tonnes manque en 2007) rend les usines wallonnes à nouveau potentiellement compétitives. Cependant, il resterait à résoudre la question des quotas de CO² à laquelle Lakshmi Mittal conditionne toute reprise des activités. En effet, pour redémarrer le Haut Fourneaux, il faut acheter des droits d’émission de gaz à effet de serre à hauteur de 80 millions d’euros si le HF6 est relancé pour 2 ans et de 340 millions d’euros pour produire jusqu’en 2012. Or, pour la direction d’ArcelorMittal, qui a enregistré un bénéfice net de 2,2 milliards d’euros au troisième trimestre 2007, c’est aux pouvoirs publics de payer la note. Résultat : après avoir déjà été reporté à deux reprises, le redémarrage du haut fourneau de Seraing n’interviendra pas avant la mi-mars, à supposer un accord entre les différentes parties. Sinon, Mittal ira produire ailleurs, sous des cieux écologiquement moins contraignants. En d’autres termes, qu’il soit question des salaires ou de l’avenir de la planète, c’est le travail que Mittal prend en otage.
Sources : le site des métallos liégeois 6com en date du 21 janvier 2008 http://www.6com.be/4/actu_une.cfm et La Libre Belgique, articles mis en ligne les 18 mai, le 6 juin et 6 décembre 2007.[!sommaire]