L’histoire se déroule en France. Un ingénieur travaillant pour un sous-traitant du constructeur automobile Renault se rend, en dehors de son temps de travail, à la projection du film documentaire satirique « Merci Patron » [1] , réalisé par François Ruffin.

Cette comédie documentaire, dont la sortie a largement été passée sous silence par les grands médias hexagonaux, retrace le parcours d’un couple travaillant pour une enseigne de prêt-à- porter. L’usine contrôlée par le groupe LVMH - (Dior, Louis Vuitton, Moët, Les Echos notamment) propriété du milliardaire exilé en Belgique, Bernard Arnault - vient d’être délocalisée en Pologne et les deux travailleurs ont été licenciés.

Après la projection, l’ingénieur du sous-traitant décide d’informer plusieurs syndicalistes et travailleurs syndiqués du groupe automobile de la projection du film. Le lendemain, le directeur de l’entreprise sous-traitante de Renault appelle par téléphone son employé. Il venait de recevoir un mail qui lui avait été transféré par quelqu’un de chez Renault, accompagné d’un message précisant : « Voici ce qu’a fait votre salarié, merci de lui faire quitter le site au plus vite ».

Les mails des syndicalistes de Renault étaient en fait surveillés par la direction du groupe. L’ingénieur en question, qui témoigne sur une vidéo postée sur le net, a été mis à pied pour une dizaine de jours sans pouvoir revenir sur son lieu de travail ni être payé. Le même ingénieur a par la suite été convoqué pour un entretien pouvant déboucher sur un licenciement.

Cet évènement soulève évidemment plusieurs questions. D’abord celle de la surveillance des travailleurs, et plus particulièrement des délégués syndicaux et de l’espionnage de leurs boites mail, qui ne semble malheureusement pas être un cas isolé. Une affaire d’espionnage avait par exemple touché les délégués et travailleurs du groupe Ikea il y a quelques années [2] .

La seconde concerne la liberté d’expression et d’information des travailleurs. La mise à pied et le licenciement encouru par le travailleur du sous-traitant de Renault pour avoir communiqué des informations publiques et ne concernant pas directement la firme transnationale ne semblent en effet reposer sur aucune base légale.

Le témoignage de l’intéressé est visionnable ici : https://www.youtube.com/watch?v=wKTOqIXtDxM

Photo :Barbara Andrade, CC via Flickr[!sommaire]