La filiale belge de BNP Paribas vient d’annoncer la suppression de 2.430 emplois sur la période 2016-2018. Ceux-ci seront en partie compensés par des embauches dans des fonctions spécifiques [1]. La perte nette d’emploi se chiffrera à 1.050 postes [2] , soit 7% des effectifs. La direction justifie ce plan de restructuration - évoquant un « plan d’investissement » - de la manière suivante : « C’est une grande différence par rapport à l’exercice précédent, où nous nous focalisions sur les coûts. Ici, nous investissons dans l’expertise, la digitalisation, d’autres façons de travailler et des sources de revenus alternatives. Mais aussi sur l’efficacité ».
Les services centraux seront le plus touchés. La direction affirme que ce plan n’a rien « d’agressif ». Le message semble pourtant limpide : les départements considérés comme trop coûteux seront externalisés, c’est-à-dire confiés à une entreprise extérieure qui réalisera le même travail… à moindre coût. René Van Marcke du Setca [3] affirme à ce propos : « Le message est brutal pour les services centraux de la banque. C’est la première fois que la direction affirme ouvertement et franchement que les départements trop couteux valseront ».
La convention collective [4] qui garantissait l’emploi jusqu’en 2016 et contenait une clause de non-externalisation n’a pas été renouvelée [5]. Cette restructuration intervient après de nombreuses suppressions de postes dans le secteur depuis plusieurs années. BNP Fortis s’était déjà séparé de 1.800 de ses salariés et de 150 de ses agences [6] entre 2013 et 2015 (via des départs à la retraite, départs naturels et anticipés). En 2013, les effectifs de la banque s’élevaient à 16.900 personnes. Au total, entre 2013 et 2018, ce sont près de 20% des effectifs qui auront été supprimés.
Fortis est depuis 2009 une filiale de BNP Paribas. L’État belge qui était actionnaire à hauteur de 25% dans BNP Paribas Fortis a revendu ses parts en 2013 à la maison mère BNP Paribas, qui en détient désormais 100%. Il s’agissait à l’époque pour le gouvernement de se séparer de certains actifs afin de faire passer le niveau de la dette sous la barre des 100% du PIB. La vente avait rapporté 900 millions d’euros. Aujourd’hui, la Belgique est toujours actionnaire dans BNP Paribas à hauteur de 10,3%, ce qui en fait le principal actionnaire.[!sommaire]